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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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d’avoir
fait répandre plus de sang vandale sur l’échafaud que dans les batailles [3846] . Les troubles
de l’Afrique avaient favorisé l’invasion, mais ils nuisaient à l’établissement
de sa puissance. Les révoltes des Maures, des Germains, des donatistes et des
catholiques, ébranlaient ou menaçaient sans cesse l’enfance d’un gouvernement
mal assuré. Pour attaquer Carthage, il fallait retirer ses troupes des
provinces occidentales, et la côte maritime se trouvait exposée aux entreprises
des Romains, de l’Espagne, de l’Italie. Dans le cœur de la Numidie, la forte
ville de Cirta défendait encore avec succès son indépendance [3847] . Employant tour
à tour la force et la ruse, Genseric vainquit peu à peu tous les obstacles par
son courage, par sa persévérance et par sa cruauté. Il conclut un traité
solennel, dans le dessein de profiter du temps de sa durée et de l’instant où
il pourrait le rompre avec avantage. Tandis que la vigilance de ses ennemis
s’endormait par des protestations d’amitié, le roi des Vandales, s’approchant
insensiblement de Carthage, et il la surprit cinq cent quatre-vingt-cinq ans (9
octobre 439) après la destruction de cette ville et de la république par
Scipion le jeune ou le second Africain [3848] .
    Une nouvelle ville était sortie de ses ruines avec le titre
de colonie romaine ; et quoique Carthage ne possédât ni les prérogatives de
Constantinople, ni peut-être le commerce d’Alexandrie ou la splendeur
d’Antioche, elle passait cependant pour la seconde cité de l’Occident, et les
contemporains la nommaient la Rome d’Afrique [3849] . Cette riche
capitale présentait encore, quoique asservie, l’image d’une république
florissante. Carthage contenait les armes, les manufactures et les trésors de
six provinces. Une subordination régulière d’honneurs civils s’élevait depuis
les commissaires des rues et des quartiers jusqu’au tribunal du premier
magistrat, qui, avec le titre de proconsul, jouissait du rang et de la dignité
d’un consul de l’ancienne Rome. On y voyait des écoles et des gymnases ouverts
à la jeunesse africaine, et les arts libéraux, la grammaire, la rhétorique et
la philosophie y étaient publiquement enseignés en langues grecque et latine.
Les bâtiments de Carthage se faisaient admirer par leur magnificence et par
leur uniformité. Un bocage ombrageait le centre de la ville. Le nouveau port,
vaste et sûr, facilitait le commerce des citoyens, et attirait celui de
l’étranger ; et dans le sein de l’Afrique, presque sous les yeux des Barbares,
on voyait briller les jeux du cirque et la pompe des théâtres. La réputation
des Carthaginois n’était pas si avantageuse que celle de leur ville ; le
reproche de la foi punique convenait encore à la finesse et à la
duplicité de leur caractère [3850] .
L’esprit du commerce et l’habitude du luxe avaient corrompu leurs mœurs mais
les abominations contre lesquelles surtout Salvien, prédicateur de ce siècle [3851] , s’élève avec
véhémence sont leur mépris coupable pour les moines ; et la pratiqué criminelle
du péché, contre nature. Le roi des Vandalees, réprima, sévèrement les
dérèglements de ce peuple voluptueux, et l’ancienne noble et franche liberté de
Carthage (telles sont les expressions assez énergiques de Victor) fût réduite
en une servitude ignominieuse. Après avoir donné à ses troupes le loisir de
satisfaire leur avarice et leurs fureurs, Genseric organisa un mode plus
régulier d’oppression et de brigandage ; il ordonna, par un édit, que tous les
habitants, sans distinction, remissent sans fraude et sans délai aux officiers
préposés pour les recevoir, tout l’or, l’argent, les bijoux et les meubles
précieux qu’ils pouvaient posséder ; ceux qui entreprenaient de se réserver en
secret la plus faible partie de leur patrimoine, étaient irrévocablement livrés
à la torture et à la mort, comme coupables de trahison envers l’État. Genseric
fit mesurer avec soin et partager entre ses Barbares les terres de la province
proconsulaire, qui formait le district immédiat de Carthage, et conserva, comme
son domaine particulier, le territoire fertile de Bysacium, et les cantons
voisins de la Numidie et de la Gétulie [3852] .
    Il était assez naturel que Genseric haït ceux qu’il avait
offensés. La noblesse et les sénateurs de Carthage se trouvaient exposés à ses
soupçons et à son ressentiment. Tous

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