Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
des suites de sa chute, dans la cinquantième
année de son âge et dans la quarante-troisième de son règne [3910] . Sa sœur
Pulchérie, que la pernicieuse influence des eunuques avait souvent contrariée
dans l’administration des affaires civiles et ecclésiastiques, fut unanimement
proclamée impératrice d’Orient, et une femme occupa pour la première fois le
trône des Romains. Aussitôt qu’elle y fit placée, Pulchérie satisfit, par un
acte de justice, son ressentiment personnel et celui du public. Sans formalité
ni procédure, on exécuta l’eunuque Chrysaphius devant les portes de la ville ;
et les richesses immenses qu’avait accumulées cet avide favori, ne servirent
qu’à hâter, et à justifier son châtiment [3911] .
Au milieu des acclamations générales du peuple et du clergé, l’impératrice ne
se dissimula pas le désavantage auquel les préjugés exposent son sexe, et
résolut de prévenir les murmures par le choix d’un collègue qui respectât
toujours la chasteté et la supériorité de son épouse. Elle donna sa main à
Marcien, sénateur âgé d’environ soixante ans, et avec le nom de son mari, il
reçut le don de la pourpre impériale. Le zèle de Marcien pour la foi orthodoxe
telle qu’elle était établie par le concile de Chalcédoine, aurait suffi pour
enflammer la reconnaissance, et obtenir les applaudissements des catholiques ;
mais la conduite de sa vie privée et celle qu’il tint ensuite sur le trône,
font présumer qu’il possédait le courage et le génie nécessaires pour ranimer
un empire presque anéanti par la faiblesse successive de ses monarques
héréditaires. Né dans la Thrace, et élevé dans la profession des armes, Marcien
avait éprouvé dans sa jeunesse les maux cuisants de l’infortune et de la
pauvreté ; et toutes ses ressources, en arrivant à Constantinople, consistaient
en deux cents pièces d’or que lui avait prêtées un ami. Il passa dix-neuf ans
au service domestique et militaire d’Aspar et de son fils Ardaburius, suivit
ces généraux puissants dans les guerres de Perse et d’Afrique, et obtint par
leur protection l’honorable rang de tribun et de sénateur. Son mérite le fit
estimer de ses patrons, et la modestie de son caractère le mit à l’abri de leur
jalousie. Il avait vu, et peut-être senti personnellement les abus d’une
administration vénale et oppressive [3912] ; et son propre exemple donna du poids et de l’énergie aux lois qu’il promulgua
pour la réforme des mœurs.

CHAPITRE XXXV
Invasion de la Gaule par Attila. Il est repoussé par Ætius et les Visigoths.
Attila envahit et évacue l’Italie. Mort d’Attila, d’Ætius et de Valentinien
III.
    L’EMPEREUR Marcien pensait qu’il fallait éviter la guerre,
lorsqu’on pouvait conserver honorablement une paix solide ; mais il pensait
aussi que la paix ne pouvait être ni solide ni honorable quand un souverain
montrait pour la guerre une aversion pusillanime. Telles étaient les maximes
qui dictèrent sa réponse au roi des Huns, lorsqu’il demanda insolemment le
paiement du tribut annuel. L’empereur signifia aux Barbares qu’ils eussent à
cesser d’insulter la majesté de l’empire par le nom de tribut ; qu’il était
disposé à récompenser avec libéralité la fidélité de ses alliés ; mais que
s’ils osaient troubler la paix de ses États, ils apprendraient que ses soldats
ne manquaient ni de fer ni de courage pour les repousser. Apollonios, son
ambassadeur, osa même dans le camp des Huns, tenir le même langage ; et en
refusant de remettre les présents avant d’avoir été admis à l’audience du
monarque, il montra un sentiment de dignité, et un mépris du danger qu’Attila
ne croyait plus devoir attendre des Romains dégénérés [3913] . Le fougueux
Barbare menaça de châtier le successeur de Théodose ; mais il balançait en
lui-même lequel des deux empires il attaquerait le premier. Tandis que les
peuples de l’Orient et de l’Occident attendaient avec inquiétude que le
formidable Attila eût fixé son choix, il fit partir ses envoyés pour les cours
de Ravenne et de Constantinople ; et ses ministres adressèrent aux deux
empereurs la même harangue insultante : Attila, mon maître et le tien
t’ordonne de faire préparer sans délai un palais pour le recevoir [3914] . Mais comme le
monarque des Huns méprisait ou affectait de mépriser les Romains de l’Orient
qui avait vaincus tant de fois, il déclara sa résolution

Weitere Kostenlose Bücher