Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain
des Goths, et plein de
confiance en ses alliés païens, il refusa toutes les offres de paix que le
évêques vinrent plusieurs fois lui proposer au nom de Théodoric. Le roi des
Goths montra au contraire, dans cette circonstance dangereuse, autant de piété
que de modération et ne quitta la haire et les cendres qu’au moment de s’armer
pour le combat. Ses soldats, enflammés d’un enthousiasme à la fois religieux et
militaire, assaillirent le camp de Litorius. Le combat fut opiniâtre, et la
perte considérable des deux côtés. Après une défaite totale, dont il ne pouvait
accuser que son ignorance et sa témérité, le général romain traversa les rues
de Toulouse, non pas en conquérant comme il s’en était flatté, mais prisonnier,
à la suite de son vainqueur ; et la misère qu’il éprouva dans sa longue et très
ignominieuse captivité excita même la compassion des Barbares [3924] . Une perte si
considérable dans un pays dont les finances et le courage étaient épuisés
depuis longtemps, pouvait difficilement se réparer ; et les Goths, animés par
l’ambition et par la vengeance auraient planté leurs étendards victorieux sur
les bords du Rhône, si le retour d’Ætius n’eut pas rendu aux Romains leurs
forces et leur discipline [3925] .
Les deux armées attendaient le signal d’une action décisive ; mais les
généraux, qui se craignaient réciproquement, remirent prudemment leur épée dans
le fourreau sur le champ de bataille, et leur réconciliation fut sincère et
durable. Il parait que Théodoric, roi des Visigoths, mérite l’amour de ses
sujets, la confiance de ses alliés et l’estime universelle. Six fils, tous
valeureux, environnaient son trône. Leur éducation n’avait pas été bornée aux
exercices d’un camp barbare ; les fils de Théodoric s’instruisirent dans les
écoles de la Gaule ; l’étude de la jurisprudence romaine, leur enseigna au
moins la théorie des lois et de la justice, et la lecture de l’harmonieux
Virgile contribua sans doute à adoucir la rudesse de leurs mœurs nationales [3926] . Les deux
filles du roi des Goths épousèrent les fils aînés du roi des Suèves et de celui
des Vandales, qui régnaient en Espagne et en Afrique : mais ces alliances
illustres produisirent le crime et la discorde. La reine des Suèves pleura son
mari assassiné par son frère, et la princesse des Vandales éprouva le
traitement le plus odieux de la part du tyran inquiet, qu’elle avait adopté
pour père. Le barbare Genséric, soupçonna la femme de son fils, du dessein de
l’empoisonner. En punition de ce crime supposé on lui coupa le nez et les
oreilles ; la fille infortunée de Théodoric, ignominieusement renvoyée à
Toulouse, vint offrir à la cour de son père cet affreux spectacle. Un siècle
civilisé ne doit qu’avec peine ajouter foi à cette horrible barbarie. Tous ceux
qui virent la princesse versèrent des larmes sur son sort ; mais Théodoric,
éprouvant à la fois la douleur d’un père et l’indignation d’un monarque,
résolut de tirer vengeance de cette injure irréparable. Les ministres
impériaux, intéressés à fomenter les discordes des Barbares, auraient fourni au
roi des Goths de l’or, des armes et les vaisseaux pour porter la guerre en
Afrique ; et la cruauté de Genseric lui serait peut-être devenue fatale, si
l’artificieux Vandale n’avait pas réussi à se procurer le secours formidable
des Huns. Ses présents et ses instances enflammèrent l’ambition d’Attila, et
l’invasion de la Gaule arrêta l’entreprise d’Ætius et ce Théodoric [3927] .
Les Francs, dont la monarchie était encore renfermée dans
les environs du Bas-Rhin avaient sagement accordé à la noble famille des Mérovingiens
le droit exclusif de succéder à la couronne [3928] . On élevait ces
princes sur un bouclier, symbole du commandement militaire [3929] , et leurs longs
cheveux étaient la marque de leur naissance et de leur dignité royale. Leur
chevelure blonde, qu’ils peignaient et arrangeaient avec grand soin, flottait
en boucles sur leurs épaules. La loi ou l’usage obligeait le reste des
guerriers à se raser le derrière de la tête, à ramener leurs cheveux sur le
front, et à se contenter de deux petites moustaches [3930] . La haute taille
des Francs et leurs yeux bleus annonçaient leur origine germanique ; leurs
habits serrés laissaient voir la forme de leurs membres ; ils portaient une
épée pesante suspendue à un large
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