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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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son
impétueux amant l’introduisirent dans une chambre écartée, où Valentinien viola
sans remords les lois de l’hospitalité. A son retour, sa profonde douleur et
les reproches amers dont elle accablait son mari, qu’elle regardait comme
complice de son propre déshonneur, enflammèrent Maxime du désir d’une juste
vengeance ; et à ce désir de vengeance vinrent se joindre les espérances de
l’ambition. Maxime pouvait raisonnablement se flatter que les suffrages du
peuple et du sénat l’élèveraient sur le trône de son odieux et méprisable
rival. Valentinien, qui, jugeant d’après son cœur, ne croyait ni à l’amitié ni
à la reconnaissance, avait imprudemment reçu parmi ses gardes des domestiques
et des soldats d’Ætius. Deux d’entre eux, Barbares de naissance, se laissèrent
aisément persuadés qu’ils rempliraient un devoir honorable et sacré en ôtant la
vie à l’assassin de leur ancien maître, et leur intrépidité ne leur permit pas
de chercher longtemps une occasion favorable. Tandis que Valentinien s’amusait
dans le Champ-de-Mars, du spectacle de quelques jeux militaires, ils
s’élancèrent sur lui, l’épée à la main, immolèrent le coupable Héraclius, et
percèrent l’empereur lui-même sans rencontrer aucune opposition de la part de
sa nombreuse suite qui semblait plutôt applaudir à la mort du tyran (16 mars
455). Tel fut le sort de Valentinien III [3987] ,
le dernier empereur de la famille de Théodose. Il eut toute la faiblesse de son
cousin et de ses deux oncles, sans y joindre la douceur, la pureté, l’innocence
de caractère qui font tolérer en eux le manque de courage et d’intelligence.
Valentinien, moins excusable, avait des passions et n’avait pas de vertus ; sa
religion même était suspecte ; et quoiqu’il n’ait jamais embrassé les erreurs
de l’hérésie, il scandalisa la piété des chrétiens par son attachement pour les
pratiques sacrilèges de la magie et de la divination.
    Dès le temps de Cicéron et de Varron, les augures romains
prétendaient que les douze vautours aperçus  par Romulus annonçaient le terme
fixé par le destin pour la durée de sa ville qui serait détruite douze cents
ans après sa fondation [3988] .
Cette prophétie avait peut-être été méprisée dans des siècles de vigueur et de
prospérité ; mais alors en voyant s’approcher la fin de ce douzième siècle,
marqué par la honte et les malheurs, le peuple se livrait aux craintes les plus
funestes [3989] ; et la postérité n’a pu sans doute se défendre de quelque surprise en voyant
se vérifier par la chute de l’empire d’Occident, l’interprétation arbitraire
d’une circonstance accidentelle ou fabuleuse ; mais cette chute fut annoncée
par des présages plus clairs et plus sûrs que le vol des vautours. Le
gouvernement romain devenait tous les jours plus odieux à ses sujets accablés [3990] ; et moins
redoutable à ses ennemis. Les taxes se multipliaient avec les malheurs publics
; l’économie était plus négligée à mesure qu’elle devenait plus nécessaire ;
l’injustice des riches faisait retomber sur le peuple tout le poids d’un
fardeau inégalement partagé, et détournait à leur profit tout l’avantage des
décharges qui auraient pu quelquefois soulager sa misère. L’inquisition sévère
qui confisquait leurs biens et exposait souvent leurs personnes aux tortures,
décidait les sujets de Valentinien à préférer la tyrannie moins compliquée des
Barbares, à se réfugier dans les bois et dans les montagnes, ou à embrasser
l’état avilissant de la domesticité mercenaire. Ils rejetaient avec horreur le
nom de citoyen romain, autrefois l’objet de l’ambition générale. Les provinces
armoricaines de la Gaule, et la plus grande partie de l’Espagne, entraînées par
la confédération des Bagaudes, vivaient dans un état d’indépendance et
d’anarchie ; et les ministres impériaux employaient inutilement des troupes et
des lois de proscription à réduire des nations qu’ils avaient jetées dans la
révolte et dans le désespoir [3991] .
Quand un même moment aurait vu périr tous les Barbares, leur destruction totale
n’aurait pas suffi pour rétablir l’empire d’Occident ; et si Rome lui survécut,
elle avait vue du moins périr sa liberté, son honneur et sa vertu.

CHAPITRE XXXVI
Sac de Rome par Genseric, roi des Vandales. Ses pirateries. Succession des
dernier empereurs d’Occident, Maxime, Avitus,

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