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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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corrupteur. Un patriote aurait hésité à se
plonger lui-même et son pays dans les calamités qui devaient être les suites
inévitables de l’extinction de la maison impériale. Maxime négligea
imprudemment ces considérations ; il satisfît son ambition et sa vengeance
; il vit expirer à ses pieds le coupable Valentinien ; et fut séduit par la
voix du peuple et du sénat qui l’appelaient à l’empire ; mais son bonheur finit
avec la cérémonie de son inauguration. Emprisonné dans son palais, selon les
énergiques expressions de Sidonius, et après y avoir vainement cherché le
sommeil, il se leva en soupirant d’avoir atteint le but de ses désirs, et
n’aspira plus qu’à descendre du poste dangereux où il s’était élevé. Accablé du
poids de son diadème, il confia ses tristes réflexions à Fulgentius, son ami et
son questeur, et rappelant les plaisirs sereins de sa vie passée : Ô
fortuné Damoclès [3994] ,
s’écriait l’empereur, ton règne commence et finit dans un même repas . 
Allusion connue, que Fulgentius publia depuis comme une leçon instructive pour
les souverains et pour leurs sujets.
    Trois mois bornèrent le règne de Maxime ; ses moments, qui
ne lui appartenaient plus, étaient troublés par les remords et la terreur, et
son trône chancelant fut continuellement ébranlé par les séditions des soldats,
du peuple et des Barbares confédérés. Le mariage de son fils Palladius avec la
fille aînée du dernier empereur, pouvait avoir pour objet d’assurer la
succession héréditaire dans sa famille ; mais la violence qu’il fit à
l’impératrice Eudoxie, ne put être l’effet que d’un mouvement aveugle de
vengeance ou de désir. La mort lui avait bien à propos enlevé sa femme ; cause
première de tant de tragiques événements ; et la veuve de Valentinien, forcée
de violer la décence de son deuil, et peut-être le sentiment de sa douleur,
passa dans les bras de l’usurpateur insolent qu’elle soupçonnait du meurtre de
son mari. Maxime justifia bientôt ses soupçons en lui avouant imprudemment son
crime, et s’attira ainsi à plaisir la haine d’une épouse qui, en se donnant à
lui malgré sa répugnance, n’avait point oublié qu’elle était du sang des
empereurs. Eudoxie n’avait point de secours à attendre de l’Orient depuis la
mort de son père et de sa tante Pulchérie. Sa mère languissait à Jérusalem dans
un ignominieux exil, et le sceptre de Constantinople était entre les mains d’un
étranger. Tournant ses regards vers Carthage, elle engagea secrètement le roi
des Vandales à profiter d’une si belle occasion pour déguiser ses desseins sous
les noms de la pitié, de l’honneur et de la justice [3995] . Quelque
intelligence que Maxime eût montrée dans des emplois subordonnés, il en manqua
pour l’administration d’un empire et quoiqu’il pût être aisément instruit des
préparatifs, qui se faisaient sur la côte d’Afrique, le faible empereur
attendit dans l’inaction l’approche de l’ennemi, sans adopter aucun plan de
défense, de négociation du de retraité. Lorsque Genséric débarqua à
l’embouchure du Tibre, les clameurs d’un peuple épouvanté tirèrent Maxime de sa
honteuse léthargie. La terreur ne lui présenta pour ressource qu’une fuite
précipitée, et il engagea les sénateurs à irriter l’exemple de leur
souverain ; mais dès qu’il parut dans la rue, il fût assailli d’une grêle
de pierres (21 juin 455). Un soldat romain ou bourguignon prétendit à l’honneur
de l’avoir frappé le premier. Son corps déchiré fut jeté dans le Tibre. Le
peuple romain se félicita d’avoir puni l’auteur des calamités publiques, et les
domestiques d’Eudoxie signalèrent leur zèle à la venger [3996] .
    Trois jours après ce tumulte, Genséric, suivi de ses
Vandales, s’avança audacieusement du port d’Ostie aux portes de la ville sans
défense, et au lieu de voir la jeunesse romaine s’y présenter pour repousser
l’ennemi oit en vit sortir processionnellement le vénérable Léon à la tête de
son clergé [3997] .
La fermeté du prélat, son éloquence et son autorité adoucirent pour la seconde
fois la férocité d’un conquérant barbare. Le roi des Vandales promit d’épargner
les citoyens désarmés, de défendre les incendies, et d’exempter les captifs de
la torture ; et quoique ces ordres n’aient été ni sévèrement étonnés ni
strictement obéis, saint Léon put regarder comme

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