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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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universellement comme la
terreur des Barbares et le soutien de l’empire, et l’eunuque Héraclius, son
nouveau favori, tira l’empereur d’une léthargie qui, durant la vie de
l’impératrice, pouvait se déguiser sous le nom de respect filiale [3985] . La réputation
d’Ætius, ses dignités, ses richesses, la troupe nombreuse et guerrière de
Barbares dont il était toujours suivi, ses créatures puissantes dans l’État, où
elles remplissaient tous les emplois civils, et les espérances de son fils
Gaudentius, déjà fiancé à Eudoxie, fille de l’empereur, l’élevaient au-dessus
du rang d’un sujet. Les desseins ambitieux dont on l’accusa secrètement
excitèrent la crainte et le ressentiment de Valentinien, Ætius lui-même,
encouragé par le sentiment de son mérite, de ses services, et peut-être de son
innocence, parait s’être conduit avec une imprudente hauteur. Le patrice
offensa son souverain par une déclaration hostile ; et il aggrava l’offense en
le forçant à ratifier, par un serment solennel, un traité d’alliance et de
réconciliation. Ætius témoigna hautement ses soupçons et négligea sa sûreté. Le
mépris qu’il ressentait pour son ennemi l’aveugla au point de le croire
incapable même d’un crime qui demandait de la hardiesse, et il se rendit
imprudemment au palais de Rome. Tandis qu’il pressait l’empereur, peut-être
avec trop de véhémence, de conclure le mariage de son fils, Valentinien, tirant
pour la première fois son épée, la plongea dans le sein d’un général qui avait
sauvé l’empire. Ses eunuques et ses courtisans se disputèrent l’honneur d’imiter
leur maître, et Ætius, percé de plus de cent coups, expira en sa présence. Dans
le même instant, on assassinait Boëthius préfet du prétoire ; et avant que la
nouvelle put se répandre, les principaux amis du patrice furent mandés au
palais et massacrés séparément. L’empereur, déguisant cette action atroce sous
les noms spécieux de justice et de nécessité, en instruisit ses soldats, ses
sujets et ses alliés. Les nations qu’aucune alliance n’intéressait au sort
d’Ætius, ou qui le redoutaient comme ennemi, déplorèrent généreusement
l’indigne mort d’un héros. Les Barbares qui avaient été personnellement
attachés à son service, dissimulèrent leur douleur et leur ressentiment ; et le
mépris public dont Valentinien avait été si longtemps l’objet, se convertit en
une horreur profonde et universelle. Ces sentiments pénètrent rarement à
travers les murs ces palais ; cependant l’empereur entendit avec confusion la
réponse ferme d’un Romain dont il n’avait pas dédaigné de solliciter
l’approbation : J’ignore , lui dit-il, quels ont été vos griefs ; mais
je sais que vous avez agi, comme un homme qui se sert de sa main gauche pour se
couper la main droite [3986] .
    Le luxe de Rome semble avoir attiré à cette ville de longues
et fréquentes visites de Valentinien, que l’on méprisait par cette raison plus
à Rome qu’en aucun autre endroit de ses États. Les sénateurs, dont l’autorité
et même les secours devenaient nécessaires au soutien d’un gouvernement faible,
avaient repris insensiblement l’esprit républicain ; les manières impérieuses
d’un monarque héréditaire offensaient leur vanité, et les plaisirs de
Valentinien troublaient la paix et blessaient l’honneur des familles les plus
distinguées. La naissance de l’impératrice Eudoxie était égale à celle de son
mari ; sa tendresse et ses charmes méritaient de recevoir les preuves d’amour
que l’inconstance de l’empereur offrait chaque jour à quelque nouvelle beauté.
Pétrone Maxime, riche sénateur de la famille Anicienne, qui avait été deux fois
consul, possédait une femme belle et vertueuse. Sa résistance soutenue ne
servit qu’à irriter les désirs de Valentinien, qui résolut de les satisfaire
par force ou par stratagème. Un jeu excessif était un des vices de la cour.
L’empereur, par hasard ou par quelque artifice, avait gagné une somme considérable
à Maxime, et avec peu de délicatesse il avait exigé qu’il lui remît son anneau
pour sûreté de la dette ; il l’envoya à la femme de Maxime par un messager de
confiance, lui faisant ordonner de la part de son mari de se rendre
sur-le-champ auprès de l’impératrice. N’ayant aucun soupçon de la supercherie,
elle se fit conduire dans sa litière au palais impérial. Les émissaires de

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