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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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sur ces pays éloignés. Fermant l’oreille aux sollicitations de
ses amis, il avait écouté la voix publique, et avait élevé un étranger au
commandement général des forces de la Gaule. Avitus [4003] , dont le mérite
fut si glorieusement récompensé, descendait d’une famille riche et honorable du
diocèse d’Auvergne. Il s’était distingué par son zèle dans les postes civils et
militaires, où les troubles des temps l’avaient successivement placé et son
activité infatigable mêlait l’étude de la littérature et de la jurisprudence à
l’exercice de la chasse et à celui des armes. Trente ans de sa vie avaient été
consacrés avec honneur au service public ; il avait déployé alternativement son
génie pour la guerre et pour les négociations ; et le soldat d’Ætius, après
s’être acquitte avec succès des plus importantes ambassades, fut élevé à la
dignité de préfet du prétoire de la Gaule. Soit que le mérite d’Avitus eût
excité l’envie, ou qu’il eût désiré lui-même de goûter les plaisirs, de
l’indépendance et de la tranquillité, il s’était enfin retiré dans les domaines
qu’il possédait eux environs de Clermont en Auvergne. Une source abondante qui
formait une cascade naturelle, en se précipitant du haut d’une montagne,
déchargeait ses eaux dans un lac de deux milles de longueur, et sa maison de
campagne était agréablement située sur les bords du lac. Avitus y avait
construit des bains, des portiques, les appartements d’hiver et d’été [4004] , et tout ce qui
pouvait contribuer à la commodité et aux jouissances du luxe. Environné dans sa
retraite de la perspective riante des bois et des prairies ; Avitus occupait
ses loisirs de la lecture, des plaisirs champêtres, de l’agriculture et de la
société de quelques amis [4005] ,
lorsqu’il reçut le diplôme de l’empereur, qui l’élevait au rang de maître
général de toutes les forces militaires de la Gaule. Dès qu’il eut pris le
commandement, les Barbares suspendirent leurs ravages, et quels que soient les
moyens qu’il ait employés, les concessions qu’il ait été contraint de faire, il
procura du moins aux peuples les douceurs de la paix ; mais le sort de la Gaule
dépendait des Visigoths ; et le général romain plus attaché au bien public
qu’à sa propre dignité ne dédaigna point de se rendre à la cour de Toulouse en
qualité d’ambassadeur. Théodoric, roi des Goths, le reçut avec honneur ; mais tandis
qu’Avitus posait les fondements d’une alliance solide avec cette nation
puissante il apprit avec étonnement la mort de Maxime et le pillage de Rome par
les Vandales. Un trône vacant, où il pouvait monter sans danger et sans crime,
tenta son ambition [4006] ; et les Visigoths consentirent sans peine à soutenir ses prétentions de leur
irrésistible suffrage. Les Barbares aimaient Avitus, ils respectaient ses
vertus, et n’étaient point insensibles à la gloire et à l’avantage de disposer
du trône de l’Occident. On approchait alors de l’époque où les sept provinces
tenaient annuellement leur assemblée à Arles. La présence de Théodoric et de
ses frères influa peut-être sur les délibérations de l’assemblée ; mais leûr
choix devait naturellement tomber sur le plus illustre de leurs compatriotes.
Après la résistance convenable, Avitus accepta le diadème des mains des
représentants de la Gaule, et les acclamations des Barbares et des habitants de
la province ratifièrent son élection (15 août 455). Il sollicita et obtint le
contentement formel de Marcien, empereur de l’Orient ; mais le sénat, Rome et
l’Italie, quoique humiliés par des calamités récentes, ne se soumirent qu’avec
une secrète indignation à un Gaulois assez présomptueux pour usurper l’empire.
    Théodoric, à qui Avitus était redevable de la pourpre, avait
acquis le sceptre par le meurtre de son frère aîné Torismond ; et il se
justifia de son crime en accusant son prédécesseur du dessein formé de rompre
son alliance avec l’empire [4007] .
Un tel crime n’était peut-être pas incompatible avec les vertus d’un Barbare ;
mais Théodoric avait des mœurs douces et humaines, et la postérité a pu
contempler sans terreur le portrait original d’un roi des Goths, que Sidonius a
soigneusement examiné, au milieu des plaisirs paisibles de la société et déjà
conversation. Dans une épître datée de la cour de Toulouse, l’orateur donne à
l’un de

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