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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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éteint ses penchants amoureux, et l’on prétend que ceux dont les
femmes avaient cédé à ses séductions ou à sa violence, étaient encore l’objet
de ses cruelles et imprudentes railleries [4015] .
Les Romains n’étaient disposés ni à excuser osés vices ni à reconnaître ses
vertus. Les différentes nations qui composaient l’empire s’éloignaient tous les
jours davantage les unes des autres ; et le Gaulois était pour le peuple un
objet de haine et de mépris. Le sénat réclamait son droit légitime d’élire les
empereurs ; et la faiblesse d’une monarchie expirante rendait de la vigueur à
l’autorité qu’il tirait originairement de l’ancienne constitution. Cependant
cette monarchie, quelque faible qu’elle put être aurait eu peu de chose à
craindre d’un sénat désarmé, si le comte Ricimer, principal commandant des
troupes barbares, qui formaient presque toute la défense militaire de l’Italie,
n’avait appuyé et peut-être même excité le mécontentement général. La fille de
Wallia, roi des Visigoths, était la mère de Ricimer ; mais du côté paternel il
descendait de la nation des Suèves [4016] .
Les malheurs de ses compatriotes réveillaient son patriotisme, ou blessaient
peut-être son orgueil, et il obéissait avec répugnance à un empereur qu’on
avait élu sans le consulter. Ses grands et fidèles services contre l’ennemi
commun augmentaient sa redoutable puissance [4017] . Après avoir
détruit sur la côte de Corse une flotte de Vandales, composée de soixante
galères, Ricimer, revint, triomphant avec le surnom glorieux de libérateur de
l’Italie. Il fit choix de cet instant pour annoncer à Avitus que son règne
était fini ; et le faible empereur, éloigné de ses alliés les Visigoths, fut
contraint d’abdiquer la pourpre après une courte résistance. Par clémence ou
par mépris, Ricimer permit au monarque déposé d’échanger son trône contre le
titre beaucoup plus désirable d’évêque de Placentia ; mais l’implacable
ressentiment des sénateurs n’était pas satisfait, ils prononcèrent contre lui
une sentence de mort [4018] .
Avitus prit précipitamment la fuite vers les Alpes, sans espoir d’armer les
Visigoths en sa faveur, mais dans le dessein de se mettre en sûreté avec ses
trésors dans le sanctuaire de saint Julien, un des saints tutélaire de
l’Auvergne [4019] .
Il périt sur la route, ou de maladie ou de la main des bourreaux. Cependant ses
restes furent transportés avec décence à Brioude, dans sa province, et déposés
aux pieds de son saint patron [4020] .
Avitus ne laissa qu’une fille mariée à Sidonius Apollinaris, qui hérita du
patrimoine de son beau-père en regrettant de voir anéantir ses espérances
publiques et personnelles. Son ressentiment lui fit joindre, ou du moins
soutenir le parti des rebelles de la Gaule, et le poète commit quelques fautes
qu’il lui devint nécessaire d’expier par un nouveau tribut d’adulation en
l’honneur du monarque régnant [4021] .
    Le successeur d’ Avitus présente la découverte heureuse d’un
caractère héroïque tel qu’on en voit naître quelquefois dans les siècles
corrompus pour rétablir l’honneur de l’espèce humaine. L’empereur Majorien a
mérité les louanges de ses contemporains et celles de la postérité, et nous les
trouvons exprimées d’une manière énergique et concise par un historien
judicieux et impartial. Adoré de ses sujets et redouté de ses ennemis, il a
surpassé, dans toutes les vertus, tous les princes qui ont régné avant lui sur
les Romains [4022] .
Cet éloge peut du moins justifier le panégyrique de Sidonius ; et il parait
constant que si le complaisant orateur était capable de flatter avec le même
dévouement le monarque le plus méprisable, le mérite de celui ci l’a contraint
de se renfermer dans les bornes de la vérité [4023] . Majorien
tirait son nom de son grand-père maternel, qui, sous le règne de Théodose le
Grand, avait commandé les troupes de la frontière d’Illyrie. Il donna sa fille
en mariage au père de Majorien, officier respectable, qui administrait des
revenus de la Gaule avec autant d’intégrité que d’intelligence, et qui préféra’
généreusement l’amitié d’Ætius aux offres séduisantes d’une cour perfide. Son
fils, le futur empereur, après avoir été élevé dans la profession des armes,
fit admirer, dès sa plus tendre jeunesse, un courage intrépide, une

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