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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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prudence
prématurée, et une libéralité qui n’était bornée que par la modicité de sa
fortune. Il suivit les drapeaux d’Ætius, contribua à ses succès, partagea et
éclipsa quelquefois sa gloire, et, excita enfin la jalousie du patrice, ou du
moins de sa femme, qui le contraignit à se retirer du service [4024] . Après la mort
d’Ætius, Majorien fut rappelé et élevé en grade, et son intimité avec le comte
Ricimer lui fraya le chemin qui le conduisit jusque sur le trône de l’Occident.
Durant l’interrègne qui suivit l’abdication d’Avitus, le Barbare ambitieux, que
sa naissance excluait de la dignité impériale, gouverna l’Italie sous le titre
de patrice, céda à son ami le poste brillant de maître général de la cavalerie
et de l’infanterie, et, consentit au bout de quelques mois, satisfaire les vœux
unanimes des Romains, dont Majorien venait de solliciter les suffrages en
remportant une victoire complète sur les Allemands [4025] . Il reçut la
pourpre à Ravenne, et sa lettre adressée au sénat peut nous donner une idée de
ses sentiments et de sa situation. Votre choix pères conscrits, et la
volonté de la plus vaillante armée, m’ont fait vôtre empereur [4026]   :
puisse la toute-puissance de la Divinité diriger les entreprises et les
événements de mon administration à votre avantage et à celui du public ! Quant
à moi, je n’ai point sollicité le trône, mais je me suis soumis à y monter ; et
j’aurais manque aux devoirs de citoyen, si, par une lâche et honteuse
ingratitude, je m’étais refusé à cette tâche que m’impose la république. Ainsi
donc, aidez le prince que vous avez élevé, partagez les devoirs que vous
l’obligez à remplir, et puissent nos efforts réunis faire le bonheur d’un
empire que je reçois de vos mains ! Soyez sûrs qu’à l’avenir la justice
reprendra son ancienne vigueur, et que la vertu redeviendra, non seulement innocente,
mais méritoire. Que personne ne craigne les délations [4027] , si ce n’est
leurs auteurs : comme citoyen je les ai toujours condamnées nomme
souverain je les punirai avec sévérité. Notre vigilance, et celle de notre père
le patrice Ricimer, règleront les opérations militaires et pourvoiront à la
sûreté du monde romain, que nous avons défendu contre ses ennemis étrangers et
domestiques [4028] .
Telles sont les maximes de mon gouvernement ; et vous pouvez compter sur
l’attachement solive et sincère d’un prince naguère le compagnon de vos
dangers, qui se glorifiera toujours du nom de sénateur, et désire vivement que
vous ne vous repentiez, jamais du décret que vous ayez prononcé en sa faveur [4029] . L’empereur
qui, sur les débris du monde romain, rappelait l’ancien langage des lois et de
la liberté que Trajan n’aurait pas désavoué, doit avoir trouvé ces sentiments
généreux dans son cœur, puisqu’ils ne lui étaient suggérés ni par l’usage de
son temps ni par l’exemple de ses prédécesseurs.
    On n’a qu’une connaissance imparfait des actions publiques
et privées de Majorien ; mais ses lois, toutes remarquables par une empreinte
originale dans les pensées et dans l’expression, peignent fidèlement le
caractère à un souverain qui aimait ses peuples et qui partageait leurs peines ;
qui avait étudié, les causes de la décadence de l’empire, et qui était capable
de trouver les moyens les plus judicieux et les plus efficaces pour remédier
aux désordres publics, autant au moins qu’on pouvait raisonnablement l’espérer [4030] . Tous ses
règlements relatifs aux finances tendaient évidemment à faire cesser, ou du
moins à diminuer les vexations les plus intolérables. 1° Dès le premier instant
de son règne il s’occupa (ce sont ses propres expressions) à soulager les
habitants des provinces dont les fortunes étaient épuisées par le poids
accumulé des indictions et des superindictions [4031] ; dans cette
vue, il accorda une amnistie générale, une quittance finale et absolue de tous
les arrérages, de tributs, et de toutes les dettes quelconques que les
officiers du fisc pouvaient exiger des peuples. Ce sage abandon d’anciens
droits dont la réclamation était aussi cruelle qu’inutile, rouvrit bientôt, en
les purifiant, les sources du revenu public ; les sujets, débarrassés d’un
fardeau qui les jetait dans le désespoir, travaillèrent avec courage et
reconnaissance pour eux et pour leur pays. 2° Dans l’imposition et la

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