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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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soumit qu’après plusieurs siècles de
résistance [4409] ,
et une troupe de fugitifs obtint un établissement dans la Gaule, ou de leur
épée ou de la libéralité des rois mérovingiens [4410] . L’angle
occidental de l’Armorique prit la nouvelle dénomination de Cornouailles et de
Petite-Bretagne ; et les terres vacantes des Osismii, se peuplèrent
d’étrangers qui, sous l’autorité de leurs comtes ou de leurs évêques,
conservèrent les lois et le langage de leurs ancêtres. Les Bretons de
l’Armorique refusèrent aux faibles descendants de Clovis et de Charlemagne de
leur payer le tribut accoutumé : ils envahirent les diocèses voisins de Vannes,
Rennes et Nantes, et formèrent un État puissant, bien que reconnaissant la
suzeraineté de la couronne de France, à laquelle il fût réunit dans la suite [4411] .
    Dans un siècle de guerre perpétuelle ou au moins implacable,
il fallait beaucoup de valeur et d’intelligente pour défendre la Bretagne. Au
reste, on regrettera peu que les exploits de ses guerriers soient ensevelis
dans l’oubli, si l’on daigne réfléchir que les siècles les plus dépourvus de
sciences et de vertus ont produit une foule de héros renommés et sanguinaires.
La tombe de Vortimer, fils de Vortigern, fut élevée sur les bords de la mer
comme une borne formidable aux Saxons qu’il avait vaincus trois fois dans les
plaines de Kent. Ambroise Aurélien descendait d’une famille noble de Romains [4412] . Sa modestie
égalait sa valeur, que le succès couronna jusqu’à l’action funeste dans
laquelle il perdu la vie [4413] ; mais l’illustre Arthur [4414] ,
prince des Silures, au sud de la province de Galles, et roi ou général élu par
la nation, efface les noms les plus célèbres de la Bretagne. Au rapport des
écrivains les plus modérés, il vainquit les Angles du nord et les Saxons de
l’occident, dans douze batailles successives ; mais ce héros éprouva dans sa
vieillesse l’ingratitude de ses compatriotes et des malheurs domestiques. Les
événements de sa vie sont moins intéressants que les révolutions singulières de
sa renommée. Durant l’espace de cinq cents ans, la tradition de ses exploits
fut transmise d’âge en âge et grossièrement embellie par les fictions obscures
des bardes du pays de Galles et de l’Armorique ; ces espèces de poètes,
abhorrés des Saxons, étaient inconnus  au reste du genre humain. L’orgueil et
la curiosité des conquérants normands leur firent examiner l’ancienne histoire
de la Bretagne. Ils adoptèrent avidement le conte d’Arthur, et prodiguèrent des
louanges au mérite d’un prince qui avait triomphé des Saxons, leurs ennemis
communs. Son roman, écrit en mauvais latin, par Geoffroy de Manmouth, et
traduit ensuite dans la langue familière de ce temps, fût enrichi de tous les
ornements incohérents que pouvaient fournir l’imagination, les lumières et
l’érudition du douzième siècle. La fable d’une colonie phrygienne, transportée
des bords du Tibre sur ceux de la Tamise, s’ajustait facilement à celle de
l’Énéide. Les augustes ancêtres d’Arthur tiraient leur origine de Troie et se
trouvaient les alliés des Césars. Ses trophées étaient décorés de noms de
provinces conquises et de titres impériaux ; et ses victoires sur les Danois
vengeaient en quelque façon, les injures récentes de son pays. La superstition
et la galanterie du héros breton, ses fêtes, ses tournois et l’institution de
ses chevaliers de la Table ronde, sont calqués fidèlement sur le modèle de la
chevalerie qui florissait alors ; et les exploits fabuleux du fils d’Uther
paraissent ni moins incroyables que les entreprises exécutées par la valeur des
Normands. Les pèlerinages et les guerres saintes avaient introduit en Europe
les contes de magie venus des Arabes : des fées, des géants, des dragons
volants et des palais enchantés, se mêlèrent aux fictions plus, simples de
l’Occident ; et l’on fit dépendre le sort de la Bretagne de l’art et des
prédictions de Merlin. Toutes les nations reçurent et ornèrent le roman
d’Arthur et des chevaliers de la Table ronde : la Grèce et l’Italie
célébrèrent leurs noms ; et les contes volumineux de Tristan et de Lancelot devinrent
la lecture favorite des princes et des nobles, qui dédaignaient les héros réels
et les historiens de l’antiquité. Enfin le flambeau des sciences et de la
raison se ralluma, le talisman fût brisé, l’édifice

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