Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
Vom Netzwerk:
en vue quelque chose de semblable, lorsque, vers la fin de la Lettre à Hérodote, il nous dit que « ce sont les choses elles-mêmes qui ont la plupart du temps instruit et contraint la nature humaine, et que la raison n ’ a fait que préciser ensuite » ce qu ’ elle en avait reçu  ; le langage par exemple est d ’ abord fait des émissions vocales qui accompagnent chez l ’ homme les passions et les représentations  ; plus tard chaque peuple convient d ’ utiliser les émissions vocales qui lui sont propres pour désigner les objets. Comme le langage, la justice est aussi d ’ institution humaine. «  Entre les animaux qui n ’ ont pu faire de conventions pour ne pas se nuire réciproquement, il n ’ y a ni justice ni injustice  ; et il en est de même des nations qui n ’ ont ni pu ni voulu faire de conventions pour le même objet  [493] .
    Le monde d ’ Épicure est un des moins systématiques qui soit  ; tandis que les vies individuelles sont chez les Stoïciens p.351 des aspects ou formes de la vie universelle et que la psychologie est étroitement dépendante de la cosmologie, au contraire le monde d ’ Épicure qui n ’ a point d ’ âme ne peut produire l ’ âme individuelle, la seule que connaisse Épicure. Si des âmes se trouvent dans le monde, c ’ est par la rencontre fortuite des atomes qui la composent. De là cette singularité qu ’ Épicure (et Lucrèce) traitent de la nature de l ’ âme ( livre III ) avant de parler de la formation du monde et de celle des êtres vivants ( livre V ), et que l ’ étude de la nature humaine se trouve scindée en deux parts distinctes sans aucune relation visible, la psychologie et l ’ histoire de l ’ humanité.
    Le grand intérêt de la psychologie pour Épicure, c ’ est que l ’ étude rationnelle de l ’âme fait évanouir tous les mythes sur la destinée, et, avec eux, une des principales causes du malheur et de l ’ agitation des hommes  ; formée avec le corps et périssant avec lui, elle n ’ a pas à songer à un avenir qui ne la regarde en rien. A la vie éternelle, Lucrèce oppose la méditation de la « mort immortelle  » , de cette infinité de temps pendant lequel nous n ’ avons pas été et ne serons plus.
    La psychologie est exposée par Épicure en des termes un peu vagues et généraux dans la Lettre à Hérodote  ; l ’ âme est un corps semblable à un souffle mélangé de chaud, pourtant beaucoup plus subtil que le souffle et le chaud que nous connaissons  ; en ce mélange se trouvent toutes les puissances de l ’ âme, ses affections, ses mouvements, ses pensées, ainsi que sa puissance vitale. Mais pour qu ’ il y ait sensation, il faut que l ’ âme soit liée au corps  ; c ’ est le corps qui fait que l ’ âme peut exercer sa faculté de sentir, et c ’ est elle en revanche qui rend le corps sensible  ; leur agrégat détruit, l ’ âme se dissipe. C ’ est une question insoluble de savoir si la théorie complexe et détaillée de l ’ âme qu ’ expose Lucrèce et que Plutarque, dans le Contre Colotès , et Aétius, dans sa Doxographie , rapportent aux Épicuriens, remonte à Épicure lui-même. Il est probable, d ’ après le texte de Plutarque, qu ’ il a été conduit à cette théorie plus p.352 ample, à cause de l ’ impossibilité d ’ attribuer à ce souffle chaud autre chose que des propriétés vitales  ; jugement, souvenir, amour et haine, tout cela ne peut s ’ attribuer au souffle chaud, et il faut l ’ intervention d ’ une espèce particulière d ’ atomes. Il s ’ ensuit que l ’ âme doit être formée d ’ un groupement de quatre espèces différentes d ’ atomes  : atomes de souffle, atomes d ’ air, atomes de chaud, et enfin atomes d ’ une quatrième espèce qui n ’ a pas de nom, corps d ’ une subtilité et d ’ une mobilité assez grandes pour expliquer la vivacité de la pensée. L ’ introduction de cette quatrième substance innommée, qui est, selon Plutarque, «  l ’ aveu d ’ une ignorance honteuse  » , est bien dans la manière d ’ Épicure  ; à chaque phénomène son explication : le corps vivant est un corps chaud qui tantôt se meut, tantôt s ’ arrête  ; chacune de ses particularités vient d ’ une des substances composantes de l ’ âme, le mouvement vient du souffle, le repos de l ’ air, la chaleur du chaud  ; et la proportion diverse de ces trois substances explique la diversité des tempéraments, l

Weitere Kostenlose Bücher