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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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’ ont su les trouver qu ’ en justifiant l ’ attachement de l ’ homme pour les objets naturels de ses inclinations  : lui-même, corps et âme, et les milieux dont il fait partie, famille, cité ou groupement d ’ amis. C ’ est la théorie des préférables , et c ’ est sur elle qu ’ est fondée toute la parénétique  ; le conseil ne fait que formuler le parti le plus conforme aux inclinations naturelles. Or Ariston rejette l ’ idée des préférables, c ’ est-à-dire l ’ idée que, s ’ il ne s ’ agit pas de bien ou de mal, une chose puisse être préférée à une autre, la santé à la maladie, ou l ’ aisance à la pauvreté. Il est en cela d ’ accord avec les sermonnaires des diatribes, et, à lui aussi, on attribue la fameuse comparaison du sage avec le bon acteur  [527] jouant comme lui le rôle qui lui est échu par le sort. Le sage doit se plier aux circonstances, mais il n ’ a aucun motif pour choisir une action plutôt qu ’ une autre. Il semble d ’ ailleurs que l ’ argumentation d ’ Ariston contre les préférables, que nous a conservée Sextus  [528] , soit une sorte d ’ argumentation ad hominem contre les Stoïciens. On se rappelle en effet que, pour eux, les choses conformes à la nature, santé, richesses, etc.. p.378 ne sont préférables que sous condition et que, d ’ après Chrysippe, le sage peut choisir la maladie, s ’ il sait que la maladie entre dans la trame des événements de l ’ univers. Or, Ariston prétend réfuter le Stoïciens en leur montrant qu ’ il y a telle occasion où le sage doit choisir la maladie, si par exemple on imagine un cas où la maladie nous délivre de la sujétion d ’ un tyran. Et il n ’ a fait, semble-t-il, que généraliser cette remarque, en admettant que, dans tous les cas, le prétendu préférable n ’ est choisi ou évité par le sage que selon l ’ occasion. Remarquons que cette attitude est le résultat nécessaire de l ’ absence de toute physique chez Ariston  ; il n ’ y a pas trace en effet chez lui d ’ une théorie des inclinations naturelles, qui seule pourrait justifier la théorie des préférables  ; et la théorie des inclinations, il est aisé de le voir, dépend elle-même d ’ une vue d ’ ensemble de la nature. Ce n’est point par une règle transcendante, mais par une sorte de dessein immanent à la nature que les Stoïciens peuvent faire concevoir la valeur de certaines inclinations. Cette base disparue, tout le reste s ’ écroule, les préférables, les règles d ’ action, les devoirs. Le sage ne vise qu ’à atteindre l ’ indifférence.
    Or cette conséquence mène, comme chez Pyrrhon (dont nos sources rapprochent la plupart du temps Ariston), à l ’ inaction complète, à moins d ’ une hypothèse, qu ’ il semble bien qu ’ Ariston ait faite  : cette hypothèse, c ’ est celle d ’ une certaine faculté qu ’ a le sage de se donner arbitrairement des motifs d ’ action, sans autre raison que sa propre volonté. C ’ est, semble-t-il, cette théorie que Chrysippe a en vue, lorsqu ’ il parle de philosophes qui, voulant affranchir notre volonté de la contrainte des causes extérieures, prête à l ’ homme « une certaine impulsion (ε̉πελευστικήν κίνησιν), qui est manifeste dans le cas des choses indifférentes, lorsque, de deux partis égaux et semblables, il est nécessaire d ’ en choisir un, sans que nul motif mène à l ’ un plus qu ’ à l ’ autre puisqu ’ ils ne présentent pas de différences  [529] . »
    p.379 Ainsi, à moins d ’ accepter la physique au sens large du mot, c ’ est-à-dire à moins de chercher dans la nature l ’ origine, la justification et la mesure de nos tendances, comme le font Épicure et les Stoïciens, on est conduit soit à la totale inaction, par absence de motifs, soit à la liberté d ’ indifférence.
     
    V. — LA NOUVELLE ACADÉMIE AU IIIe SIÈCLE :
    ARCÉSILAS
    @
    La chaîne d ’ or des scholarques de l ’ Académie, après Xénocrate, Polémon et Cratès, se continue par Arcésilas de Pitane (en Éolide) qui dirigea l ’ école depuis 268 jusqu ’ en 241, année où il mourut âgé de soixante-quinze ans. De lui part une impulsion nouvelle  ; le courant, d ’ idées dont il est l ’ auteur restera vivant jusque vers le milieu du I er siècle avant notre ère, époque où nous le verrons se transformer et s ’ éteindre  : c ’ est l ’ époque de la nouvelle

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