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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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plus précis en ce qu ’ il appelle le raisonnable (εύλογον)  ; « l ’ action droite, dit-il, sera celle qui, une fois faite, pourra se défendre par son caractère raisonnable.  » Quel est le sens exact de ce mystérieux critère de l ’ action  ? Il ne s ’ agit, bien entendu, pas de vraisemblance, puisqu ’ il a été démontré une fois pour toutes que les représentations sont toutes d ’ égale valeur. Il est à remarquer d ’ autre part que la définition de l ’ action droite (celle du sage) est mot pour mot celle que les Stoïciens donnent de l ’ action convenable, c ’ est-à-dire de celle que le méchant lui-même peut accomplir en suivant ses inclinations naturelles  ; ils y emploient le mot p.384 εύλογον que Cicéron rend par probabilis  [537] . N ’ est-il pas vraisemblable qu ’ Arcésilas, suivant en cela la tradition des maîtres de l ’ Académie, et surtout de Polémon, a voulu prendre pour critère les inclinations naturelles, auxquelles il est raisonnable de céder  ?
    Nous ne connaissons bien qu ’ un aspect de l ’ enseignement d ’ Arcésilas  ; mais il reste bien des traces de l ’ examen critique des autres dogmes des Stoïciens, comme par exemple la conséquence absurde qu ’ il tirait de leur théorie du mélange total  [538] . D ’ autre part, certains textes nous le montrent disposé à admettre la théorie des choses indifférentes  ; il soutenait avec eux l ’ indifférence à la douleur et à la mort  :«  La mort n ’ est un mal que dans l ’ opinion  ; quand elle est là, elle ne fait aucun mal  ; elle ne fait du mal qu ’ absente et attendue; C ’ est sans doute aussi pour montrer que la pauvreté n ’ était en soi ni bonne ni mauvaise qu ’ il faisait voir qu ’ elle apparaissait tantôt comme un mal tantôt comme un bien  [539] . Cet enseignement devait faire, selon la tradition sophistique, une très grande part à la virtuosité  ; il critiquait toute thèse, quelle qu ’ elle fût, et avait coutume en chaque sujet de soutenir le pour et le contre, non pas pour démontrer la fausseté d ’ une thèse, mais pour montrer la nécessité de chercher plus avant. Mais la forme littéraire qui avait son agrément était le dialogue  ; d ’ après Cicéron, il fut le premier à reprendre la tradition du dialogue philosophique qui, par Carnéade, persiste jusqu ’ à Cicéron lui-même pour être reprise ensuite par Plutarque. C ’ est la forme la plus contraire qui soit au nouvel enseignement dogmatique, et elle suffirait pour indiquer la radicale opposition d ’ esprit aux enseignements régnants  [540] .
    Dans ces conditions, il n ’ y a aucune raison de croire p.385 qu’Arcésilas réservait à ses disciples un enseignement dogmatique secret, qu ’ il ne donnait qu ’ aux mieux doués, et qu ’ il cachait au public, « par crainte, dit Dioclès de Cnide, des Théodoriens et de Bion le sophiste.  » Le renseignement tendancieux de ce Dioclès, qui est peut-être un de ses contemporains, a été reproduit à satiété par des auteurs très postérieurs, Cicéron, Sextus, saint Augustin qui, sans doute. se seraient plu à voir l ’ enseignement platonicien maintenu sans défaillance à l ’ Académie  [541] .
     
    VI. — LA NOUVELLE ACADÉMIE AU IIe SIÈCLE   :
    CARNÉADE
    @
    Tous les philosophes dont nous avons parlé jusqu ’ ici appartiennent au II I e siècle  ; le I I e siècle où eurent lieu tant d ’ événements importants pour l ’ histoire de l ’ Occident, la conquête romaine, conquête de la Macédoine (168), conquête de la Grèce (146), conquête de l ’ Asie-Mineure (132) ne voit pas naître de philosophes originaux, hors Carnéade de Cyrène , qui, après le scholarchat de Lacydes (d. 241) et après une période obscure où l ’ école ne fut dirigée que par le collège des anciens  [542] , prit avant 156 la direction de l ’ Académie qu ’ il garda jusqu ’ à sa mort en 129. Son nom est inséparable de celui de Clitomaque de Carthage qui dirigea l ’ école après lui jusqu ’ en 110. En effet Carnéade n ’ a rien écrit, et c ’ est Clitomaque qui se fit le prophète de sa philosophie  ; c ’ est à lui que Cicéron a emprunté l ’ exposé qu ’ il nous donne de sa théorie de la connaissance.
    Nous ne connaissons de la vie de Carnéade qu ’ un événement resté célèbre  : le sénat romain, devenu l ’ arbitre des cités grecques, avait condamné Athènes

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