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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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enrichissant. Le premier conclut, de la différence des organes entre les animaux et l ’ homme et des animaux entre eux, que chaque espèce doit avoir ses sensations particulières  ; Sextus y a peut-être ajouté, de son cru, un développement sur la supériorité de l ’ animal sur l ’ homme (62-77), qui atteint le stoïcisme au point sensible. Le second conclut de la différence des hommes, quant au corps et à l ’ âme, à celle de leurs sensations. Le troisième montre le désaccord des sensations de diverses espèces entre elles, les divers sens jugeant différemment du même objet, et les objets pouvant avoir soit plus de qualités, soit moins que nous n ’ en percevons. Le p.433 quatrième montre le désaccord entre les sensations d ’ une même espèce, selon les circonstances (hallucination de la folie, du rêve, âge, passion, etc). Les cinquième, sixième, septième, huitième et neuvième montrent comment un sensible nous apparaîtra différent, selon sa position ou distance, selon qu ’ il est ou non mélangé à d ’ autres, selon sa quantité, selon sa relation à celui qui juge ou aux autres sensibles, selon sa rareté. Le dixième enfin fait voir combien les lois et les coutumes produisent d ’ apparences différentes  [623] .
    Les cinq tropes que Sextus attribue à des sceptiques plus récents et Diogène Laërce à Agrippa ne sont pas du tout de même nature que ceux d ’ Énésidème  ; le trope de la discordance, fondant la suspension du jugement sur les divergences des philosophes, entre eux et avec le vulgaire, celui de la régression à l ’ infini exigeant pour une affirmation une preuve, pour cette preuve une nouvelle preuve et ainsi à l ’ infini, celui du relatif qui montre notre jugement dépendant non de ce que sont les choses mais des rapports qu ’ elles ont soit avec nous, soit entre elles  ; celui de l ’ hypothèse exigeant, si l ’ on veut échapper à la régression à l ’ infini, que l ’ on commence par une hypothèse non prouvée  ; celui du diallèle montrant que si l ’ on échappe au deuxième ou au quatrième trope, c ’ est pour tomber dans la démonstration circulaire, où l ’ on prend comme principe la conséquence, tous ces tropes concernent non pas les sens en particulier, mais plutôt les problèmes et les recherches rationnelles. Il en est de même des deux tropes que cite ensuite Sextus, donnant au dogmatique le choix de poser au début des affirmations, et alors elles manquent de preuves, ou bien de les déduire d ’ autres affirmations, et alors on tombe dans la régression à l ’ infini ou le diallèle  [624] .
    Après une pareille abondance d ’ arguments on est fort p.434 surpris d ’ apprendre par Sextus que, pour Énésidème, le scepticisme est le chemin qui conduit à l ’ héraclitéisme  ; et sous son nom, Sextus nous expose une physique complète qui prend pour principe l ’ air, assimilé au temps et à la nuit  ; admettant deux sortes de changements, le qualitatif , (comme le changement de couleur) et le local, douant enfin l ’ homme d ’ une pensée qui, par l ’ intermédiaire des sens, apparaît vraie. Il y a là un problème qui n ’ est point résolu, malgré le parenté que les sceptiques ont de tout temps reconnue entre leur système et celui d ’ Héraclite.
    Les Hypotyposes ou Esquisses pyrrhoniennes de Sextus Empiricus et son vaste ouvrage en onze livres, Contre les mathématiciens, dont les six premiers sont consacrés aux arts libéraux, mathématiques, grammaire, rhétorique, géométrie, arithmétique, musique et les cinq derniers au dogmatisme philosophique, sont une somme du sc epticisme et un arsenal où il a réuni et classé tous ses arguments. Grâce au goût de l ’ école pour l ’ argument tiré de la divergence des philosophes, ces ouvrages renferment les très abondants et précieux renseignements historiques que nous avons souvent utilisés. Mais l ’ argumentation y est souvent pauvre, monotone, fatigante par son verbalisme et sa sécheresse. Sextus, qui nous apprend tant de choses, nous apprendrait donc peu sur sa contribution personnelle au scepticisme, si, à côté et comme en dehors de ce flot d ’ arguments, nous ne trouvions l ’ idée positive d ’ une méthode empirique de connaissance, qui trace les linéaments d ’ une véritable logique inductive. Sextus insiste souvent sur le fait que, dès que l ’ on ne prétend pas atteindre la réalité, nos jugements d

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