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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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Dieu ne fût pas libre de créer une partie sans les autres  ; donc les corps sont faits d ’ atomes inétendus flottant dans le vide. Pas davantage de continuité dans le temps, formé d ’ une série d ’ instants indivisibles, ni dans le mouvement, fait de bonds séparés et indivisibles. Aucune nécessité non plus dans l ’ inhérence des propriétés à l ’ atome  ; car tous les atomes sont identiques  ; et leurs propriétés, couleur, vie, sont des accidents surajoutés. Aucune nécessité enfin pour que ces accidents, existant dans la substance à un moment donné, y existent à l ’ instant suivant  ; ils sont, à chaque instant, l ’ effet d ’ une création directe de Dieu, et il n ’ y a pas de loi naturelle qui nécessite l ’ existence ou la non existence de quoi que ce soit. Dans cet atomisme, qui est à la gloire d ’ Allah, on chercherait vainement rien qui rappelle le rationalisme d ’É picure.
     
    II. — L ’ INFLUENCE D ’ ARISTOTE ET DU NÉOPLATONISME
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    L ’ influence grecque, contraire à cette théologie, se répandit d ’ abord grâce aux traductions du grec en syriaque par les chrétiens nestoriens, qui, d ’ abord à l ’ école d ’ Edesse (431-489), puis dans les cloîtres de Syrie, enfin, au VI I e siècle, à Kennesre sur l ’ Euphrate, traduisent, outre l ’ Organon d ’ Aristote, le traité p.613 pseudo-aristotélicien Du monde et les œuvres de Galien. Au I X e siècle, après la fondation de Bagdad, on traduit beaucoup en arabe soit du syriaque, soit du grec, et le calife lui-même fonde, en 832, dans sa capitale, une sorte de bureau de traducteurs. Vers la fin du I X e siècle, un Arabe possédait en sa langue l ’ œuvre presque entière d ’ Aristote (sauf la Politique ), avec les commentaires d ’ Alexandre, de Porphyre, de Thémistius, d ’ Ammomus, de Jean Philopon  ; il pouvait connaître en outre quelques dialogues de Platon comme le Timée , la République , le Sophiste  ; la doxographie grecque lui était accessible, grâce à la traduction des Opinions des Philosophes de Plutarque sans compter des faux d ’ Empédocle et de Pythagore  ; enfin la médecine, avec Galien, l ’ astronomie avec l ’ Almageste de Ptolémée, leur étaient connues.
    Comment utilisent-ils ces matériaux  ? Leur interprétation d ’ Aristote est dominée par deux traités qui lui sont faussement attribués. Vers 840, on traduit en arabe, sous le nom de Théologie d ’ Aristote un choix d ’ extraits de sept traités des trois dernières Ennéades de Plotin  ; la traduction est précédée d ’ une préface qui est un exposé résumé de la théorie néoplatonicienne des hypostases  ; à la triade Dieu, Intelligence et Ame (où chaque terme découle du précédent), il ajoute un quatrième terme, la Nature, qui dérive de l ’ âme  ; et il fait correspondre chacun de ces quatre termes aux quatre causes d ’ Aristote, finale, formelle, motrice et matérielle. Parmi les extraits se trouve en entier le deuxième traité de la cinquième Ennéade , qui contient en raccourci toute la doctrine de Plotin. Le second traité, faussement attribué à Aristote est le traité Des Causes , qui contient des extraits des Eléments de théologie de Proclus.
    Sous ces influences, la philosophie arabe, dans la mesure où elle suit les Grecs, est essentiellement constituée par une interprétation néoplatonicienne de l ’ œuvre entière d ’ Aristote où paraissent au premier plan, avec les deux traités que nous venons de rappeler, le livre V de la Métaphysique et le livre VIII de p.614 la Physique , qui contiennent les spéculations d ’ Aristote sur l ’ Intelligence motrice des cieux, ainsi que le livre III De l ’ âme , qui traite de la nature de la connaissance intellectuelle. Or on ne peut rien concevoir de plus différent, à certains égards, que l ’ esprit d ’ Aristote et celui du néoplatonisme  : d ’ une part, un empirisme rationaliste, une technique logique, une orientation positive  ; d ’ autre part une sorte de mythologie des forces spirituelles où l ’ univers apparaît baigné et que l ’ on saisit par intuition.
     
    III. — AL KINDI
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    Ce qui caractérise les philosophes arabes, c ’ est l ’ aisance avec laquelle ils savent passer d ’ un esprit à l ’ autre. Le premier des péripatéticiens arabes connus, Al Kindi (mort en 872), est un mathématicien très soucieux de connaissance positive  : « Celui qui veut

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