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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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ces prémisses  ? Le dialecticien ou le rhéteur les demandent, selon les cas, à l ’ opinion commune ou éclairée  ; mais ils n ’ obtiennent pas de certitude. A qui les demandera le savant  ? Cette question donne le cadre de toute la philosophie d ’ Aristote, et d ’ abord de sa métaphysique.
     
    III. — LA MÉTAPHYSlQUE
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    p.186 La métaphysique d ’ Aristote tient en effet la place laissée vacante par suite du rejet de la dialectique platonicienne. Elle est « la science de l ’ être en tant qu ’ être, ou des principes et causes de l’ être et de ses attributs essentiels  [256] » . Elle pose ce problème très concret  : qu ’ est-ce qui fait qu ’ un être est ce qu ’ il est  ? Qu ’ est-ce qui fait qu ’ un cheval est un cheval, qu ’ une statue   est une statue, qu ’ un lit est un lit  [257] ? Il s ’ agit de savoir le sens qu ’ a le mot est dans la définition qui énonce l ’ essence d ’ un être. La Métaphysique se trouve être par conséquent, pour sa plus grande partie, un traité de la définition  : le problème de la définition, que Platon avait cru résoudre par la dialectique, n ’ est en réalité ni du ressort de la dialectique, qui juge simplement de la valeur des définitions faites, ni de celui de la science démonstrative qui en use comme de principes, mais d ’ une science nouvelle et encore inconnue, la philosophie première, ou science désirée, qui s ’ occupe de l ’ être en tant qu ’ être.
    Assurément le mot est a d ’ autres sens que celui qu ’ il prend dans la définition  ; il peut servir à désigner l ’ attribut essentiel ou le propre (l ’ homme est riant), ou encore l ’ accident (l ’ homme est blanc), l ’ accident pouvant d ’ ailleurs être pris dans une des neuf catégories  ; mais l ’ être du propre comme celui de l ’ accident suppose l ’ être d ’ une substance  ; et si l ’ on peut parler aussi de l ’ être d ’ une qualité et demander ce qu ’ elle est, c ’ est parce qu ’ il y a d ’ abord une substance  ; tous ces sens d ’ être sont dérivés du premier. L ’ objet primitif et essentiel de la métaphysique est donc de déterminer la nature de l ’ être en son sens primitif ; mais elle s ’ étend à tous les sens dérivés, puisque tous ces sens se rapportent au sens primitif.
    C ’ est pourquoi la métaphysique a d ’ abord à établir les axiomes p.187 puisque sans eux l ’ on ne saurait parler de l ’ être en aucun sens  ; on ne peut affirmer et nier à la fois  ; on ne peut dire qu ’ une même chose est et n ’ est pas  ; on ne peut dire qu ’ un même attribut appartient et n ’ appartient pas à un même sujet en même temps et sous le même rapport. La négation de ces principes est équivalente à la thèse du Protagoras du Théétète qui déclarait vrai tout ce qui paraît tel. L ’ établissement de ces principes indémontrables ne saurait d ’ ailleurs être une démonstration positive, mais seulement une réfutation de ceux qui les nient  : réfutation toute dialectique consistant à faire voir à l ’ adversaire que, en paraissant les nier, effectivement, il les accepte. Qu ’ il n ’ y ait pas de milieu entre l ’ affirmation et la négation  ; c ’ est une condition de la pensée  ; dire le contraire, c ’ est dire que ce qui est n ’ est pas, que ne qui n ’ est pas est, c ’ est nier qu ’ il y ait du vrai et du faux. La réfutation consiste aussi à montrer l ’ insuffisance des exemples que l ’ adversaire donne en faveur de sa thèse  ; notamment la variation des impressions sensibles selon les circonstances ne lui apporte aucune preuve  ; car, si le vin, doux pour un homme sain, est amer pour le malade, au moment même où le vin lui paraît amer, il ne lui paraît pas doux  ; l ’ impression sensible elle-même vérifie l ’ axiome (Γ , 5 à 7).
    Au reste, la tâche de la métaphysique est nouvelle  ; il ne s ’ agit plus, ni comme chez les physiciens, d ’ arriver par décomposition aux éléments composants des êtres, ni comme chez Platon, de s ’ élever par une dialectique régressive jusqu ’ à une réalité suprême, objet d ’ une intuition intellectuelle, mais bien de déterminer par généralisation, les caractères communs de toute réalité. Aussi la métaphysique n ’ est-elle ni la science du Bien ou cause finale ni celle de la cause motrice, puisque Bien et cause motrice laissent en dehors d

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