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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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’ eux les choses immobiles telles que les êtres mathématiques, mais la science bien plus générale de la quiddité qui ne laisse rien en dehors d ’ elle  [258] ; elle p.188 n ’ étudie pas une à une et collectivement toutes les substances mais ce qu ’ il y a de commun à toutes  [259] ; mais, encore une fois ce qu ’ il y a de commun, ce n ’ est pas des éléments concrets, tels que le feu ou l ’ eau, c ’ est que chacune a une quiddité qui permet de la classer dans un genre et de la déterminer par une différence  [260] . A cet égard, il ne faut faire aucune distinction entre les substances sensibles et les substances non sensibles, pas plus qu ’ entre les corruptibles et les incorruptibles  ; le domaine de la métaphysique n ’ est pas limité à la catégorie de choses non sensibles et incorruptibles  ; il est bien plus étendu  [261] . Non pourtant que le métaphysicien, étudiant l ’ être en tant qu ’ être, ait l ’ illusion d ’ avoir atteint le genre suprême  ; c ’ est là l ’ erreur des platoniciens et des pythagoriciens qui parlant comme d ’ un genre suprême de l ’ être (ou de l ’ un  ; ce qui revient au même, puisque on peut dire un de tout ce dont on dit est ), déterminent ensuite toutes les classes par la méthode de division, au moyen de différences de l ’ être  : erreur logique, puisque c ’ est une règle logique que la différence (par exemple bipède) ne doit point contenir dans sa notion le genre (animal) dont elle est la différence, tandis que, de chaque prétendue différence de l ’ être, on peut dire qu ’ elle est . L ’ être, attribut universel, n ’ est donc point pour cela le genre dont les autres êtres seraient les espèces  ; les premiers genres sont les catégories, et l ’ être, comme l ’ un, est au-dessus d ’ elles et commun à toutes (I, 2).
    Pour faire de l ’ un ou de l ’ être le genre et par conséquent le générateur de toute réalité, la dialectique platonicienne prenait pour point de départ moins l ’ être que des couples d ’ opposés, être et non être, un et multiple, fini et infini, par le mélange desquels elle engendrait toutes les formes de la réalité. La métaphysique ferme encore cette issue à la dialectique  : les opposés ne sont pas des principes primitifs, mais des manières d ’ être des p.189 substances  ; une chose est substance avant d ’ être finie ou infinie  ; or la substance, c ’ est-à-dire un homme ou un cheval « n ’ a pas de contraire  » ; ce premier principe ne peut donc être le point de départ d ’ une dialectique  ; la science des opposés n ’ est plus qu ’ une partie subordonnée de la métaphysique  [262] ; nous verrons quel rôle immense elle garde, comme principe de la physique.
    Si l ’ être n ’ est ni un genre suprême ni un terme dans un couple d ’ opposés, il n ’ est qu ’ un prédicat  ; et les seules réalités dont il soit prédicat, quand on le prend en son sens primitif, ce sont des réalités individuelles, Socrate ou ce cheval (τόδε τι). Ces réalités sont celles qui sont étudiées par la métaphysique, non pas comme particulières, mais en tant qu ’ elles sont quelque chose. Or, n ’ y a-t-il pas là une difficulté grave  ? Ces choses sensibles, mouvantes, évanouissantes, sont-elles réellement quelque chose  ? La science est-elle possible autrement qu ’ en atteignant leur modèle intelligible et fixe  ? De là, le fameux dilemme  ; ou un objet est objet de science, et alors il est universel et donc irréel, ou il est réel, donc sensible, sans avoir d ’ être véritable, donc sans prise pour la science. Car il n ’ y a «  de science que de l ’ universel  [263]  ». C ’ est ce qui a amené Platon à superposer aux réalités du devenir, objets d ’ opinion, les réalités stables des idées, objets de science, issue fermée à Aristote, dont une des principales préoccupations est alors démontrer les éléments stables et permanents impliqués au sein du devenir lui-même.
     
    IV. — CRITIQUE DE LA THÉORIE DES IDÉES
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    Cette conception de la métaphysique reste en un sens fidèle à l ’ esprit platonicien  ; si la science est possible, bien qu ’ il n ’ y ait que des réalités individuelles, c ’ est à cause des réalités p.190 stables et partant intelligibles que contiennent ces choses particulières. L ’ illusion de Platon est d ’ avoir considéré ces

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