Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814
après y avoir perdu beaucoup de monde et leur généralissime Cathelineau. Cette attaque fut le terme du mouvement agressif et ascendant de l’insurrection vendéenne. Les royalistes repassèrent la Loire, abandonnèrent Saumur et reprirent leurs anciens cantonnements. Ils étaient néanmoins très-redoutables encore ; et les républicains qui les poursuivirent furent battus de nouveau sur le sol vendéen. Le général Biron qui avait succédé au général Berruyer, continua la guerre par petits corps, avec beaucoup de désavantage. Sa modération et son mauvais système d’attaque, le firent remplacer par Canclaux et Rossignol, qui ne furent pas plus heureux. Il y eut deux chefs, deux armées, et deux centres d’opérations ; l’un à Nantes, et l’autre à Saumur, placés sous des influences contraires. Le général Canclaux ne put pas s’entendre avec le général Rossignol, ni le commissaire de la montagne modérée Philipeaux, avec le commissaire du comité de salut public Bourbotte, et cette tentative d’invasion manqua comme les précédentes, par défaut de concert dans les mesures, et d’ensemble dans les mouvements. Le comité de salut public y remédia bientôt en nommant un seul généralissime, Léchelle, et en introduisant la grande guerre dans la Vendée. Cette nouvelle méthode, secondée par la garnison de Mayence, forte de dix-sept mille hommes aguerris, qui, ne pouvant plus servir contre les coalisés d’après leur capitulation, furent employés dans l’intérieur, fit changer la guerre de face. Les royalistes essuyèrent quatre défaites consécutives, deux à Châtillon, deux à Cholet. Lescure, Bonchamps, d’Ébée, furent blessés à mort ; et les insurgés complètement battus dans la Haute-Vendée, craignant, s’ils se réfugiaient dans la Basse, d’y être exterminés, se décidèrent à quitter leur pays au nombre de quatre-vingt mille. Cette émigration à travers la Bretagne, qu’ils espéraient insurger, leur devint fatale. Repoussés devant Grandville, mis en pleine déroute au Mans, ils furent détruits à Savenay, et il rentra à peine, dans la Vendée, quelques mille hommes des débris de cette grande émigration. Ces désastres, irréparables pour la cause royaliste, la prise de l’île de Noirmoutiers sur Charette, la dispersion des troupes de ce chef, la mort de La Rochejacquelin, rendirent les républicains maîtres du pays. Le comité du salut public croyant, non sans motif, que ses ennemis étaient abattus, mais qu’ils n’étaient pas soumis, adopta un système terrible d’extermination pour les empêcher de se relever. Le général Thurreau entoura la Vendée réduite de seize camps retranchés ; douze colonnes mobiles, sous le nom de colonnes infernales, parcoururent le pays dans tous les sens, le fer et la flamme à la main, fouillèrent les forêts, enlevèrent les rassemblements, et portèrent la terreur dans cette malheureuse contrée.
Les armées étrangères avaient été repoussées aussi des frontières qu’elles avaient envahies. Après avoir pris Valenciennes et Condé, bloqué Maubeuge et Le Quesnoy, l’ennemi s’était dirigé sur Cassel, Hondscoote et Furnes, sous le commandement du duc d’York. Le comité de salut public, mécontent de Custines, qui lui était d’ailleurs suspect comme girondin, le remplaça par le général Houchard. L’ennemi, vainqueur jusque-là, fut battu à Hondscoote, et forcé à la retraite. La réaction militaire commença par les mesures hardies du comité de salut public. Houchard lui-même fut destitué. Jourdan prit le commandement de l’armée du Nord, gagna l’importante victoire de Watignies sur le prince de Cobourg, fît lever le siège de Maubeuge, et reprit l’offensive sur cette frontière. Il en fut de même sur toutes les autres. L’immortelle campagne de 1793 et 94 s’ouvrit : ce que Jourdan fit à l’armée du Nord, Hoche et Pichegru le firent à l’armée de la Moselle, et Kellerman à celle des Alpes. L’ennemi fut partout repoussé et partout contenu. Il arriva alors, après le 31 mai, ce qui était arrivé après le 10 août. L’accord qui n’existait pas entre les généraux et les chefs de l’assemblée, se rétablit ; l’action révolutionnaire qui avait été ralentie, s’accrut, et la victoire revint pendant cette longue période. Les armées ont eu leurs crises comme les partis, et ces crises ont amené des revers ou des succès, toujours d’après la
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