Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
Vom Netzwerk:
dissidents. En marchant contre les ennemis avoués, on voulut s’assurer des ennemis secrets, et la fameuse loi des suspects fut portée. On arrêta les étrangers, à cause de leurs menées, et l’on emprisonna aussi les partisans de la monarchie constitutionnelle ou de la république modérée, pour être gardés jusqu’à la paix. Dans le moment, ce n’était encore qu’une mesure de précaution. La bourgeoisie, le commerce, la classe moyenne fournirent les prisonniers après le 31 mai, comme la noblesse et le clergé les avaient fournis après le 10 août. On créa une armée révolutionnaire de six mille soldats et de mille canonniers pour l’intérieur. Chaque citoyen indigent eut quarante sous par jour, afin d’assister aux assemblées de section. On délivra des certificats de civisme, pour être assuré des opinions de tous ceux qui coopéraient au mouvement révolutionnaire. On plaça les fonctionnaires sous la surveillance des clubs, on forma un comité révolutionnaire par section   ; et l’on fit face de toutes parts aux ennemis extérieurs et aux insurgés du dedans.
    Ceux du Calvados furent facilement soumis   ; à la première rencontre à Vernon, les troupes insurgées prirent la fuite. Wimpfen tenta inutilement de les rallier. La classe modérée, qui avait embrassé la défense des Girondins, montra peu d’ardeur et agit mollement. Lorsque la constitution fut acceptée par les autres départements, elle saisit cette occasion pour reconnaître qu’elle s’était trompée, en croyant s’insurger contre une minorité factieuse. La rétractation eut lieu à Caen, qui avait été le chef-lieu de la révolte. Les commissaires montagnards ne souillèrent pas par des exécutions cette première victoire. D’un autre côté, le général Carteaux marcha à la tête de quelques troupes, contre l’armée sectionnaire du midi   : il la battit à deux reprises, la poursuivit jusqu’à Marseille, y entra à sa suite, et la Provence eût été soumise comme le Calvados, si les royalistes, réfugiés à Toulon après leur défaite, n’avaient pas appelé les Anglais à leur secours, et mis entre leurs mains cette clef de la France. L’amiral Hood entra dans la ville au nom de Louis XVII, qu’il proclama roi, désarma la flotte, fit venir par mer huit mille Espagnols, occupa les forts environnants, et força Carteaux, qui s’avançait contre Toulon, de se replier sur Marseille.
    Malgré ce contre-temps, les conventionnels étaient parvenus à isoler l’insurrection, et c’était beaucoup. Les commissaires montagnards avaient fait leur entrée dans les capitales révoltées. Robert-Lindet, à Caen   ; Talien, à Bordeaux   ; Barras et Fréron, à Marseille. Il ne restait plus que deux villes à prendre, Toulon et Lyon. On cessait de craindre le concert et l’attaque du midi, de l’ouest et du centre, et au-dedans on n’avait plus que des ennemis sur la défensive. Lyon était assiégé par Kellermann, général de l’armée des Alpes   : trois corps d’armée pressaient cette ville de tous les côtés. Les vieux soldats des Alpes, les bataillons révolutionnaires, et des troupes de nouvelle levée, venaient chaque jour renforcer les assiégeants   : les Lyonnais se défendirent avec tout le courage du désespoir. Ils comptaient d’abord sur l’assistance des insurgés du midi   ; mais ceux-ci ayant été repoussés par Carteaux, les Lyonnais tournèrent leurs dernières espérances du côté de l’armée piémontaise, qui tenta une diversion en leur faveur, mais qui fut battue par Kellermann. Pressés plus vivement, ils virent emporter leurs premières positions. La famine se fit sentir, et le courage les abandonna. Les chefs royalistes, convaincus de l’inutilité d’une plus longue résistance, quittèrent la ville, et l’armée républicaine entra dans ses murs   : elle y attendit les ordres de la convention. Quelques mois après, Toulon même, défendu par des troupes aguerries et par des fortifications redoutables, tomba au pouvoir des républicains. Les bataillons de l’armée d’Italie, renforcés de ceux que la défaite des Lyonnais rendit disponibles, pressèrent vivement cette place. Après des attaques réitérées, et des prodiges de valeur et d’habileté, ils s’en rendirent maîtres, et la prise de Toulon acheva ce que celle de Lyon avait commencé.
    La convention était partout victorieuse. Les Vendéens avaient échoué dans leur entreprise sur Nantes,

Weitere Kostenlose Bücher