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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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soutenu et le plus serein. Vergniaud fit entendre un instant, mais bien en vain, son éloquente voix. En entendant la sentence, Valazé se frappa d’un coup de poignard, et Lasource dit aux juges   : Je meurs dans un moment où le peuple a perdu sa raison   ; vous, vous mourrez le jour où il la recouvrera. Les condamnés marchèrent au supplice avec tout le stoïcisme de ce temps. Ils chantaient la Marseillaise, en l’appliquant à leur situation   :
    Allons, enfants de la patrie,
    Le jour de gloire est arrivé   :
    Contre nous de la tyrannie
    Le couteau sanglant est levé, etc.
    Les autres chefs de ce parti eurent presque tous un funeste sort. Salles, Gaudet, Barbaroux, furent découverts dans les grottes de Saint-Émilion, près de Bordeaux, et ils périrent sur l’échafaud populaire. Pétion et Buzot, après avoir erré quelque temps, se frappèrent eux-mêmes   ; on les trouva morts dans un champ et à moitié dévorés par les loups. Rabaud Saint-Étienne fut livré par un ancien ami   ; madame Roland fut aussi condamnée, et montra le courage d’une femme romaine. Son mari, en apprenant sa mort, quitta son asile de proscrit, et vint se tuer sur un grand chemin. Condorcet, mis hors la loi quelque temps après le 2 juin, fut découvert lorsqu’il se dérobait aux bourreaux, et il échappa au supplice par le poison. Louvet, Kervelegan, Lanjuinais, Henri-la-Rivière, le Sage, La Réveillère-Lepeaux, furent les seuls qui attendirent, dans des asiles sûrs, la fin de cette furieuse tempête.
    Le gouvernement révolutionnaire s’était formé. Avant le 31 mai, le pouvoir n’était nulle part, ni dans le ministère, ni dans la commune, ni dans la convention. Il était naturel que le pouvoir se concentrât au moment où l’on ressentait le besoin de l’unité et de la promptitude d’action. L’assemblée étant l’autorité la plus centrale et la plus étendue, la dictature devait se placer dans son sein, y être exercée par la faction dominatrice, et dans cette faction par quelques hommes. Le comité de salut public, créé depuis quelque temps, afin de pourvoir, ainsi que l’indiquait son nom, à la défense de la révolution par des mesures extraordinaires et urgentes, était un cadre de gouvernement tout fait. Intervenu pendant les divisions de la Montagne et de la Gironde, il avait été composé de conventionnels neutres jusqu’au 31 mai   ; il le devint de montagnards extrêmes à son premier renouvellement. Barrère y resta   ; mais Robespierre en fut élu membre, et son parti y domina par Saint-Just, Couthon, Collot-d’Herbois et Billaud-Varennes. Il annula quelques dantonistes qui s’y trouvaient encore, tels que Hérault de Séchelles, Robert-Lindet   ; gagna Barrère   ; se chargea de la domination, en se chargeant de la partie de l’esprit public et de la police. Ses associés se distribuèrent les rôles   : Saint-Just eut celui de la surveillance et de la dénonciation des partis   ; Couthon, celui des propositions violentes qui avaient besoin d’être adoucies dans la forme   ; Billaud-Varennes et Collot-d’Herbois dirigèrent les proconsulats dans les départements   ; Carnot s’occupa de la guerre   ; Cambon des finances   ; Prieur de la Côte-d’Or, Prieur de la Marne et quelques autres, des travaux intérieurs et administratifs   ; et Barrère fut l’orateur journalier et le panégyriste toujours prêt du comité dictatorial. Au-dessous fut placé, comme auxiliaire dans les détails de l’administration révolutionnaire et les mesures inférieures, le comité de sûreté générale, composé dans le même esprit que le grand comité, et ayant, ainsi que lui, douze membres rééligibles tous les trois mois, et toujours perpétués dans leurs fonctions.
    C’est entre les mains de ces hommes que fut placée toute la force révolutionnaire. En faisant décréter le pouvoir décemviral jusqu’à la paix, Saint-Just n’avait caché ni les motifs, ni le but de cette dictature. « Vous, n’avez plus rien à ménager, avait-il dit, contre les ennemis du nouvel ordre des choses, et la liberté doit vaincre à tel prix que ce soit. Dans les circonstances où se trouve la république, la constitution ne peut être établie   ; elle deviendrait la garantie des attentats contre la liberté, parce qu’elle manquerait de la violence nécessaire pour les réprimer. Le gouvernement présent est aussi trop embarrassé. Vous êtes trop loin de tous les attentats   ; il

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