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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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qu’un comité des assemblées primaires   : telle était cette constitution. Comme elle faisait gouverner la multitude, comme elle désorganisait entièrement le pouvoir, elle était impraticable en tous temps   ; mais elle l’était surtout dans un moment de guerre générale. Le parti montagnard, au lieu de la plus extrême démocratie, avait besoin de la dictature la plus resserrée. La constitution fut suspendue aussitôt que faite, et l’on maintint, en le renfonçant, le gouvernement révolutionnaire jusqu’à la paix.
    Ce fut et pendant la discussion de la constitution et après son envoi aux assemblées primaires, que les Montagnards apprirent tous les dangers dont ils étaient menacés. Ayant à comprimer dans l’intérieur trois ou quatre partis, à terminer des guerres civiles de plusieurs genres, à réparer les désastres des armées et à repousser l’Europe entière, ces hommes hardis ne s’épouvantèrent pas de leur position. Les représentants des quarante-quatre mille municipalités vinrent accepter la constitution. Admis à la barre de l’assemblée, après avoir fait connaître le consentement du peuple, ils demandèrent l’arrestation de tous les gens suspects, et la levée en masse du peuple. – « Eh bien   ! s’écria Danton, répondons à leur vœu   ! Les députés des assemblées primaires viennent d’exercer parmi nous l’initiative de la terreur   ! Je demande que la convention qui doit être maintenant pénétrée de toute sa dignité, car elle vient d’être revêtue de toute la force nationale   ; je demande que, par un décret, elle investisse les commissaires des assemblées primaires du droit de dresser l’état des armes, des subsistances, des munitions, de faire un appel au peuple, d’exciter l’énergie des citoyens, et de mettre en réquisition quatre cent mille hommes. C’est à coups de canon qu’il faut signifier la constitution à nos ennemis   ! C’est l’instant de faire ce grand et dernier serment, que nous nous vouons tous à la mort, ou que nous anéantirons les tyrans   ! » Le serment fut aussitôt prêté par tout ce qu’il y avait de députés et de citoyens dans la salle. Peu de jours après, Barrère, au nom du comité de salut public, qui fut révolutionnairement composé, qui devint le centre des opérations et le gouvernement de l’assemblée, proposa des mesures plus générales encore   : « La liberté, dit-il, est devenue créancière de tous les citoyens   ; les uns lui doivent leur industrie, les autres leur fortune   ; ceux-ci leurs conseils, ceux-là leurs bras   ; tous lui doivent leur sang. Ainsi donc tous les Français, tous les sexes, tous les âges, sont appelés par la patrie à défendre la liberté. Toutes les facultés physiques ou morales, tous les moyens politiques ou industriels lui sont acquis   ; tous les métaux, tous les éléments sont ses tributaires. Que chacun occupe son poste dans le mouvement national et militaire qui se prépare. Les jeunes gens combattront, les hommes mariés forgeront les armes, transporteront les bagages et l’artillerie, prépareront les subsistances   ; les femmes travailleront aux habits des soldats, feront des tentes, et porteront leurs soins hospitaliers dans les asiles des blessés   ; les enfants mettront le vieux linge en charpie   ; et les vieillards reprenant la mission qu’ils avaient chez les peuples anciens, se feront porter sur les places publiques   ; ils y enflammeront le courage des jeunes guerriers, ils propageront la haine des rois et l’unité de la république. Les maisons nationales seront converties en casernes, les places publiques en ateliers, le sol des caves servira à préparer le salpêtre, tous les chevaux de selle seront requis pour la cavalerie, tous les chevaux de voiture pour l’artillerie   ; les fusils de chasse, de luxe, les armes blanches et les piques suffiront pour le service de l’intérieur. La république n’est plus qu’une grande ville assiégée, il faut que la France ne soit plus qu’un vaste camp. » Les mesures proposées par Barrère furent décrétées sur-le-champ. Tous les Français de dix-huit à vingt-cinq ans prirent les armes, on refit les armées avec des réquisitions d’hommes, on les nourrit avec des réquisitions de vivres. La république eut bientôt quatorze armées et douze cent mille soldats. La France, qui devint un camp et un atelier pour les républicains, se changea en prison pour les

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