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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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ses hésitations. Le temps des disgrâces était pour lui le temps de la popularité. Il devenait alors par ses refus l’allié de l’assemblée, qui se déclarait son soutien. Il faut à chaque époque un homme qui serve de chef et dont le nom soit l’étendard d’un parti   ; tant que l’assemblée eut à lutter contre la cour, cet homme fut Necker.
    À la première séance, la partie du clergé qui s’était réunie à l’assemblée dans l’église de Saint-Louis, vint de nouveau siéger avec elle   ; peu de jours après, quarante-sept membres de la noblesse, parmi lesquels se trouvait le duc d’Orléans, opérèrent aussi leur réunion, et la cour se vit enfin obligée d’inviter elle-même la noblesse, et la minorité du clergé, à cesser une dissidence désormais inutile. La délibération devint générale, les ordres cessèrent d’exister de droit, et bientôt, disparurent de fait. Ils avaient conservé, même dans la salle commune, des places distinctes qui finirent par être confondues   ; les vaines prééminences de corps devaient s’évanouir en présence de l’autorité nationale.
    La cour, après avoir inutilement tenté d’empêcher la formation de l’assemblée, n’avait plus qu’à s’associer à elle pour diriger ses travaux. Elle pouvait encore, avec de la prudence et de la bonne foi, réparer ses fautes et faire oublier ses attaques. Il est des moments où l’on a l’initiative des sacrifices, il en est d’autres où il ne reste plus qu’à se donner le mérite de leur acceptation. Le monarque aurait pu, à l’ouverture des états-généraux, faire lui-même la constitution. Il fallait aujourd’hui la recevoir de l’assemblée   : s’il se fût soumis à cette position, il l’eût infailliblement améliorée. Mais, revenus de la première surprise de la défaite, les conseillers de Louis XVI résolurent de recourir à l’emploi des baïonnettes, après avoir échoué dans celui de l’autorité. Ils lui firent entendre que le mépris de ses ordres, la sûreté de son trône, le maintien des lois du royaume, la félicité même de son peuple, exigeaient qu’il rappelât l’assemblée à la soumission   ; que cette dernière, placée à Versailles, voisine de Paris, deux villes déclarées en sa faveur, devait être domptée par la force   ; qu’il fallait la transférer ou la dissoudre   ; que cette résolution était urgente afin de l’arrêter dans sa marche, et qu’il était nécessaire, pour l’exécuter, d’appeler en toute hâte des troupes qui intimidassent l’assemblée et qui continssent Versailles et Paris.
    Pendant que ces trames s’ourdissaient, les députés de la nation ouvraient leurs travaux législatifs, et préparaient cette constitution si impatiemment attendue, et qu’ils croyaient ne devoir plus être retardée. Des adresses leur arrivaient de Paris, et des principales villes du royaume   ; on les félicitait de leur sagesse, et on les encourageait à poursuivre l’œuvre de la régénération française. Sur ces entrefaites les troupes arrivaient en grand nombre   : Versailles prenait l’aspect d’un camp   ; la salle des états était environnée de gardes, l’entrée en était interdite aux citoyens   ; Paris était cerné par divers corps d’armée, qui semblaient postés pour en faire, suivant le besoin, le blocus ou le siège. Ces immenses préparatifs militaires, des trains d’artillerie venus des frontières, la présence des régiments étrangers, dont l’obéissance était sans bornes, tout annonçait des projets sinistres. Le peuple était agité, l’assemblée voulut éclairer le trône et lui demander le renvoi des troupes. Sur la proposition de Mirabeau, elle fît une adresse au roi, respectueuse et ferme, mais qui fut inutile. Louis XVI déclara qu’il était seul juge de la nécessité de faire venir ou de renvoyer les troupes, assura que ce n’était là qu’une armée de précaution pour empêcher les troubles et garder l’assemblée   ; il lui offrit d’ailleurs de la transférer à Noyon ou à Soissons, c’est-à-dire de la placer entre deux armées, et de la priver de l’appui du peuple.
    Paris était dans la plus grande fermentation   ; cette ville immense était unanime dans son dévouement à l’assemblée. Les périls dont les représentants de la nation étaient menacés, les siens propres, et le défaut de subsistances, la disposaient à un soulèvement. Les capitalistes, par

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