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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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brigands. La nuit du 12 au 13 se passa dans le tumulte et dans les alarmes.
    Le départ de Necker, qui venait de soulever la capitale, ne produisit pas un moindre effet à Versailles et dans l’assemblée. La surprise et le mécontentement y furent les mêmes. Les députés se rendirent de grand matin dans la salle des états   ; ils étaient mornes, et leur tristesse venait bien plus d’indignation que d’abattement. « À l’ouverture de la séance, dit un député, plusieurs adresses d’adhésion aux décrets furent écoutées dans le morne silence de l’assemblée, moins attentive à la lecture qu’à ses propres pensées. » Mounier prit la parole   ; il dénonça le renvoi de ministres chers à la nation, le choix de leurs successeurs   ; il proposa une adresse au roi pour lui demander leur rappel, lui faire entrevoir le danger des mesures violentes, les malheurs qui pouvaient suivre l’approche des troupes, et lui dire que l’assemblée s’opposait solennellement à une infâme banqueroute. À ces mots l’émotion, jusque-là contenue, de l’assemblée éclata par des battements de mains et par des cris d’approbation. Lally-Tollendal, ami de Necker, s’avança ensuite d’un air triste, demanda la parole, et prononça un long et éloquent éloge du ministre exilé   : il fut écouté avec le plus grand intérêt   ; sa douleur répondait au deuil public, la cause de Necker était alors celle de la patrie. La noblesse elle-même fit cause commune avec les membres du tiers-état, soit qu’elle considérât le péril comme étant commun, soit qu’elle craignît d’encourir le même blâme que la cour si elle ne désapprouvait pas sa conduite, soit qu’elle obéît à l’entraînement général.
    Un député noble, le comte de Virieu, donna l’exemple et dit   : « Réunis pour la constitution, faisons la constitution   : resserrons nos liens mutuels   ; renouvellons, confirmons, consacrons les glorieux arrêtés du 17 juin, unissons-nous à cette résolution célèbre du 20 du même mois. Jurons tous, oui tous, tous les ordres réunis, d’être fidèles à ces illustres arrêtés qui seuls aujourd’hui peuvent sauver le royaume. » La constitution sera faite, ajouta le duc de La Rochefoucauld, ou nous ne serons plus. Mais l’accord fut bien plus unanime encore quand on vint annoncer à l’assemblée le soulèvement de Paris, les excès qui en avaient été la suite, les barrières incendiées, les électeurs assemblés à l’Hôtel-de-Ville, la confusion dans la capitale, et les citoyens prêts à être attaqués par les troupes ou à s’égorger eux-mêmes. Il n’y eut qu’un seul cri dans la salle   : « Que le souvenir de nos divisions momentanées soit effacé   ! Réunissons nos efforts pour le salut de la patrie   ! » On envoya sur-le-champ une députation au roi, composée de quatre-vingts membres parmi lesquels se trouvaient tous les députés de Paris   ; l’archevêque de Vienne, président de l’assemblée, était à sa tête. Elle devait représenter au roi les dangers qui menaçaient la capitale et le royaume, la nécessité de renvoyer les troupes et de confier la garde de la ville à la milice bourgeoise   ; et si l’on obtenait du roi ces demandes, on devait faire partir une députation pour Paris, afin d’y annoncer ces consolantes nouvelles. Mais cette députation revint bientôt avec une réponse peu satisfaisante.
    L’assemblée vit alors qu’elle n’avait plus à compter que sur elle-même, et que les projets de la cour étaient irrévocablement arrêtés. Loin de se décourager, elle n’en devint que plus ferme, et sur-le-champ, à l’unanimité des suffrages, elle décréta la responsabilité des ministres actuels et de tous les conseillers du roi, de quelque rang et état qu’ils pussent être   ; elle vota des regrets à Necker et aux ministres disgraciés   ; elle déclara qu’elle ne cesserait d’insister sur l’éloignement des troupes et sur l’établissement des milices bourgeoises   ; elle plaça la dette publique sous la sauvegarde de la loyauté française, et persista dans tous ses arrêtés précédents. Après ces mesures, elle en prit une dernière qui n’était pas la moins nécessaire   : craignant que pendant la nuit on ne fermât militairement la salle des états pour disperser l’assemblée, elle s’établit en permanence jusqu’à nouvel ordre   ; elle décida qu’une partie des députés siégerait

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