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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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« Ainsi en moins de quatre heures, dit le marquis de Ferrières, l’assemblée se vit investie de tous les pouvoirs   ; le gouvernement marcha, la tranquillité publique n’éprouva pas le moindre choc   ; et Paris et la France apprirent par cette expérience devenue si funeste à la royauté que presque toujours le monarque est étranger au gouvernement qui existe sous son nom. »
    Cependant Louis XVI et sa famille approchaient du terme de leur voyage. Le succès des premières journées, l’éloignement de Paris, rendirent le roi moins réservé et plus confiant   ; il eut l’imprudence de se montrer, il fut reconnu et arrêté à Varennes. Dans un instant toutes les gardes nationales furent sur pied, les officiers de détachements postés par Bouillé voulurent vainement délivrer le roi, les dragons et les hussards craignirent ou refusèrent de les seconder. Bouillé, averti de ce funeste accident, accourut lui-même à la tête d’un régiment de cavalerie. Mais il n’était plus temps   ; lorsqu’il arriva à Varennes, le roi en était parti depuis plusieurs heures, ses escadrons étaient fatigués et refusaient d’aller plus avant. Les gardes nationales étaient partout sous les armes, et il ne lui resta plus, après le mauvais succès de son entreprise, qu’à quitter l’armée et la France.
    L’assemblée, en apprenant l’arrestation du roi, envoya pour commissaires auprès de lui trois de ses membres, Pétion, Latour-Maubourg et Barnave   ; ils joignirent la famille royale à Épernay, et retournèrent avec elle. Ce fut pendant ce voyage que Barnave, touché du bon sens de Louis XVI, des prévenances de Marie-Antoinette et du sort de toute cette famille royale si abaissée, lui témoigna le plus vif intérêt, et lui prêta dès ce jour ses conseils et son appui. Le cortège en arrivant à Paris traversa une foule immense qui ne fit entendre ni applaudissements ni murmures, et qui garda un long silence improbateur.
    Le roi fut provisoirement suspendu   ; on lui donna une garde ainsi qu’à la reine   ; des commissaires furent nommés pour l’interroger. Tous les partis s’agitèrent   : les uns voulaient le maintenir sur le trône malgré sa fuite   ; les autres prétendaient qu’il avait abdiqué, en condamnant, dans un manifeste adressé au Français lors de son départ, et la révolution et les actes émanés de lui pendant cette époque, à laquelle il donnait le nom de captivité.
    Le parti républicain commençait alors à paraître. Jusque-là il avait été ou dépendant ou caché, parce qu’il n’avait pas eu d’existence propre ou de prétexte pour se montrer. La lutte qui s’était engagée d’abord entre l’assemblée et la cour, ensuite entre les constitutionnels et les aristocrates, en dernier lieu entre les constitutionnels eux-mêmes, allait commencer entre les constitutionnels et les républicains. Telle est, en temps de révolution, l’inévitable marche des choses. Les partisans de l’ordre nouvellement établi se réunirent alors, et renoncèrent à des dissidences qui n’étaient pas sans inconvénient pour leur cause, lors même que l’assemblée était toute-puissante, et qui devenaient périlleuses au moment où l’émigration la menaçait d’un côté et la multitude de l’autre. Mirabeau n’était plus   ; le centre sur lequel s’appuyait ce grand homme, et qui formait la portion la moins ambitieuse de l’assemblée et la plus attachée aux principes, pouvait, en étant réuni aux Lameth, rétablir Louis XVI et la monarchie constitutionnelle, et s’opposer aux débordements populaires.
    Cette alliance s’opéra   : les Lameth s’entendirent avec d’André et les principaux membres du centre, s’abouchèrent avec la cour, et ouvrirent le club des Feuillants pour l’opposer à celui des Jacobins. Mais ceux-ci ne pouvaient pas manquer de chefs   : ils avaient combattu sous Mirabeau contre Mounier, sous les Lameth contre Mirabeau   ; ils combattirent sous Pétion et Robespierre contre les Lameth. Le parti qui voulait une seconde révolution, avait constamment soutenu les acteurs les plus extrêmes de la révolution déjà faite, parce que c’était rapprocher de lui la lutte et la victoire. Enfin aujourd’hui, de subordonné il devenait indépendant   ; il ne combattait plus en faveur d’autrui et pour le compte d’une opinion étrangère, mais pour lui et sous sa propre bannière. La cour, par ses fautes multipliées, par ses

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