Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
réservé ; il n’en fut pas moins confirmé, par Edgar Faure, dans son mandat après la chute de Mendès France. Mais Jacques Soustelle réussit à retourner les colons, d’abord en stigmatisant avec force les attentats et les crimes commis par le FLN, ensuite en leur faisant comprendre qu’intégrer l’Algérie à la France reviendra à noyer les 9 millions d’Arabes parmi les 45 millions de Français — et non pas l’inverse, ce qu’ilscraignaient. Du coup, les colons acceptent les réformes Soustelle, favorables aux musulmans, y compris le collège unique en Algérie… Et c’est au moment où il devient populaire qu’il doit s’en aller, car les nouvelles élections ont amené un gouvernement Guy Mollet (février 1956). Cent mille Algérois accompagnent Soustelle au port : l’enthousiasme est tel qu’il faut utiliser un char pour qu’il puisse embarquer sans être étouffé.
Une apothéose suivie d’un cri de colère, le nouveau gouvernement a annoncé son intention de négocier — avec le FLN ; les colons ont le dos à la mer, à Bab el-Oued comme à Choupot ou à Kebir : ils ne céderont pas. Sans doute, à Paris, la Chambre a refusé à Robert Lacoste sa loi-cadre, mais à Alger les pieds-noirs n’en ont plus cure. S’ils voient l’armée s’engager de plus en plus, ils savent aussi que le régime se montre incapable « de mettre le feu à la casbah », ou, à Suez bientôt, de casser Nasser (été 1956). Seul succès, l’interception de l’avion de Ben Bella, mais le passif est tel que les faubourgs sont prêts à toutes les extrémités pour que l’armée dispose des moyens nécessaires afin de briser la rébellion.
Déjà Robert Lacoste avait mis sous le boisseau le triptyque de son Premier ministre, Guy Mollet — cessez-le-feu, élections, négociations — pour lui substituer son diptyque : réforme et capitulation du FLN. Mais, après la faillite de l’expédition de Suez, les activistes pieds-noirs sentent la nécessité d’agir à nouveau et, encouragés par le souvenir du succès du 6 février, renouent avec des projets de manifestation et d’action : contre le FLN et contre le régime. Face au premier s’organise le contre-terrorisme ; face au second, des organisations sorties de terre apparaissent, l’« Organisation de résistance de l’Algérie française », animée par le D r Kovacs, ancien champion de natation, l’« Union française nord-africaine », dont le président, Boyer-Banse, revendique 15 000 adhérents et à qui succède Robert Martel, un viticulteur de Chebli, qui se lie avec le D r Martin, un ancien de la Cagoule. Mais des militaires aussi conspirent, tel le général Faure, un poujadiste, qui envisage un double putsch, à Alger et à Paris ; et d’autres en sont avertis.
Ainsi, le fait nouveau est bien que les colons veulent imposer leur loi à Paris, si ce n’est que ce ne sont plus les notables qui mènent la danse, mais les activistes pieds-noirs, en essayant d’entraîner les militaires dans un complot ; le mouvement se plébéianise et se militarise.
Il existait en effet une révolte latente dans l’armée, conséquence de l’enchaînement des défaites qu’elle a dû subir, de Diên Biên Phu à Rabat, de Rabat à Suez. Et comme on soupçonne (à tort) le Mandarin Salan, « ce républicain, franc-maçon et bradeur », c’est un geste patriotique de s’en débarrasser, explique le D r Kovacs, qui tire sur lui au bazooka.
Le projet ? Mettre à la tête de l’armée le général Cogny, réputé gaulliste, et ensuite prendre le pouvoir à Paris en y installant Soustelle et Debré, qui ne cessent d’attaquer les gouvernements. Mitterrand voit dans ces gestes un complot visant le régime, certes ; tendant à la sécession entre la France et l’Algérie, certes pas ! Il s’agit de mettre la main sur le gouvernement pour perpétuer l’Algérie française, d’algérianiser la France, s’il le faut. « Faisons Brumaire », avait dit M e Biaggi, un des comploteurs parisiens. « Non, répond Soustelle, Brumaire, ce serait la sécession. C’est l’intégration qu’il faut faire. »
Fer de lance de l’agitation contre le régime en métropole, M e Biaggi jouait la carte Soustelle. Mais Soustelle voulait de Gaulle. Or, les Algérois sont méfiants. Serigny rapporte dans sa Révolution du 13 mai qu’on doute à la fois de ses projets et de sa détermination. Soustelle, quant à lui, redit que,
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