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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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« sécurité », les Américains contrôlent désormais l’Amérique centrale et Panama, une politique qui perdure tout au long du XX e  siècle : intervention militaire à Haïti en 1915, au Guatemala au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, aide au débarquement de la baie des Cochons contre l’action de Castro à Cuba, multiples ingérences dans la politique des petits États de l’empire bananier durant les années soixante et soixante-dix au XX e  siècle, puis contre la révolution sandiniste au Nicaragua. Noam Chomsky a bien montré qu’il existe une corrélation entre l’importance des crédits versés par le Département d’État, ou la CIA, aux gouvernements latino-américains et les crimes commis dans ces pays contre les droits de l’homme, surtout depuis 1976, quand, à nouveau, l’Amérique latine a ouvert sa porte aux investissements étrangers, nord-américains essentiellement. Cette aide directe ou indirecte s’est toujours effectuée au nom de la lutte « pour la démocratie », contre la « subversion », et selon les principes de la rigueur morale que la politique américaine entend incarner…
    En vérité, cette pratique des États-Unis ne s’est pas limitée aux États de l’Amérique hispanique. Elle a concerné aussi, après les indépendances des années 1960, des États sous surveillance, à éloigner du communisme, telles l’Indonésie, la Corée du Sud… Au Vietnam, elle a été à l’origine d’une des guerres les plus cruelles de l’Histoire. Ne pouvant jeter une bombe A sur un allié de l’URSS, et poussé par l’opinion, Richard Nixon décida de se retirer (1973).
    Quant à « l’aide » qui a accompagné cette politique, ellea eu pour effet d’enrichir les plus riches des dirigeants des pays les plus pauvres ; et d’appauvrir les plus pauvres des habitants de ces pays-là.
    Des relations postcoloniales à l’impérialisme multinational
    Dans le monde afro-asiatique indépendant depuis les années cinquante et soixante, faut-il parler de néo-colonialisme, ou de néo-impérialisme ? Des deux à la fois, peut-être, selon le cas…
    Tout comme en Amérique latine, dès le XIX e  siècle, l’Afrique noire a connu une sorte de colonisation de classe. En 1961, un maire disait au Premier ministre du Cameroun, Assalé, que « la masse avait le sentiment que la souveraineté nationale avait créé une classe de privilégiés qui se coupait d’elle » (cité in R. Dumont, L’Afrique noire est mal partie ). C’est exactement ce que disent les Algériens en 1993, avec cette différence qu’en Algérie ces élites — qui ont pris la relève des colons — ne gouvernent pas le pays qui, pour elles comme pour les masses, est aux mains des militaires et de l’État-FLN. « Ainsi nous n’avons pas cessé d’être occupés… »
    En Afrique noire, a-t-on pu écrire, la principale industrie est l’administration : elle absorbait 64 % du budget du Dahomey en 1970. Il y avait, au Gabon, un député pour 6 000 habitants, contre un pour 100 000 en France ; une vie entière de travail n’y vaut pas deux mois de salaire d’un parlementaire. On multiplierait les figures de cette déchéance par rapport aux espoirs nés de la libération… S’y est ajoutée, dans d’autres pays, la misère née des dépenses en armement qui, en Irak par exemple, ont empêché l’État d’aider à l’amélioration du niveau de vie des populations ; mais le cas de l’Irak n’est qu’un exemple ; les dépenses militaires ont contribué à cet effondrement du niveau de vie de populations entières. Or, les métropoles d’origine ont largement concouru à cet état de fait au bénéfice de leurs propres industries — celles de la France etde la Grande-Bretagne — qui ont ainsi vécu leurs « trente glorieuses » après la décolonisation. Telle est bien la première forme qu’a prise le néo-colonialisme, perpétuant les liens privilégiés de l’Europe et de ses anciennes colonies ; la deuxième forme en étant la collusion qui a pu s’instituer entre les nouveaux dirigeants des colonies et les milieux politiques ou financiers des métropoles.
    Mongo Beti a essayé de comprendre comment cette corruption remonte ses effets jusqu’à son village, au cœur du Cameroun, « complètement sinistré »… Est-ce seulement la faute aux Africains, demande-t-il… Vieux problème ou faux problème ? A moins qu’il ne se soit agi des effets de ces

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