Histoire du Japon
Taken, le Brave de Yamato, qui est l’authentique héros populaire, l’incarnation des idéaux de la nation. Il s’agit d’un prince, fils d’empereur, qui passa sa vie à soumettre les rebelles de l’Est et de l’Ouest. Garçon fort et beau, il fut à quinze ans envoyé au Kyüshü pour attaquer les Kumaso. Il parvint à ses fins en s’habillant en fille et en s’introduisant dans le camp du chef Kumaso, que lors d’une fête, s’enivra et devint amoureux, et fut ainsi facilement poignardé par son séduisant invité. Ayant perdu leur chef, les aborigènes indisciplinés furent aisément défaits.
Le territoire occidental étant désormais pacifié, Yamatotakeru reçut mission d’aller dans l’Est soumettre les Ebisu. Il se rendit d’abord au sanctuaire d’Ise pour y honorer les dieux ancestraux. Puis, ayant dit adieu à sa sœur aînée, la grande prêtresse Yamatohime (Princesse du Yamato), qui lui remit la fameuse épée Kusanagi, précieux héritage de la maison impériale dont elle avait la garde, il partit pour la province de Suruga, où, grâce à son adresse, il échappa aux pièges tendus par les rebelles et réussit bientôt à les exterminer. Il continua ensuite en direction de l’est, avec l’intention de gagner Kazusa par bateau ; mais la mer était déchaînée, et le navire allait sombrer lorsque sa maîtresse, la princesse Fleur d’Oranger, plongea dans les vagues et les apaisa en sacrifiant sa propre vie. Il réduisit les Ebisu au Shimosa puis décida de rentrer ; mais il apprit alors qu’il y avait encore de nombreux rebelles dans les provinces du Nord et se mit à leur recherche. Là, dans une contrée de hautes montagnes, il perdit son chemin à cause de la malveillance d’une divinité montagnarde, qui lui apparut sous la forme d’un cerf blanc ; mais il fut sauvé par un chien blanc qui vint à son secours. Il entreprit enfin de regagner le Yamato et s’arrêta en route pour se marier. Cependant, il apprit l’existence d’une autre divinité malveillante, et retourna dans les montagnes l’affronter à mains nues. Vaincu par la fatigue et par le froid glacial, il s’évanouit. Quoiqu’il se remît grâce à l’eau d’une source curative, il se trouvait atteint d’une maladie mortelle. Il tenta néanmoins de rentrer chez lui, mais dut finalement se coucher pour mourir sur une lande solitaire. Il y fut enterré dans un vaste tombeau sur l’ordre de l’empereur, mais, prenant la forme d’un oiseau blanc, il s’envola et monta jusqu’aux deux.
Cette légende présente un certain intérêt historique, car elle montre à quel point les régions de l’Est et de l’Ouest du Yamato étaient encore sauvages et insoumises en l’an 400 de notre ère. Mais elle est plus précieuse encore en tant que témoignage précoce du sentiment indigène, porteuse qu’elle est de l’accent authentique du roman japonais. On y trouve tous les éléments qui susciteront plus tard les émotions des Japonais : le beau jeune combattant, ennemi juré du mal, combinant la bravoure et la ruse ; les maîtresses loyales ; l’épée magique ; les divinités malignes sous les traits d’animaux ; la souffrance, le sacrifice de soi, et la pathétique mort précoce.
COUTUMES ET CROYANCES
C’est un exercice, sinon profitable, du moins intéressant, que d’essayer de découvrir quel style de vie menaient les gens habitant le Japon avant la fondation de l’État du Yamato – ou, disons, avant l’an 400, puisque vers cette époque nous pouvons présumer qu’il existait un haut degré de fusion ethnique parmi les tribus ou clans dominants, et une culture assez uniforme à travers les régions du Japon que la dynastie prétendait gouverner.
Les sources chinoises déjà citées nous donnent à ce propos certains renseignements, que confirment en partie les recherches des archéologues. Ceux-ci ont découvert et étudié un grand nombre d’objets, tels que des outils, des armes, des ornements et des figures d’argile, qui éclairent quelque peu les pratiques et croyances des gens influencés par la culture continentale.
Dans les chroniques Wei, qui sont les plus dignes de confiance, c’est l’organisation sociale qui intéresse les observateurs chinois, et ils ne font aucune mention directe des croyances religieuses. Ce qu’ils s’attachent à commenter, ce sont les questions de différences de rang, les signes de respect témoignés par les inférieurs à leurs supérieurs,
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