Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
Vom Netzwerk:
présentent les empereurs comme des monarques absolus, mais il est clair qu’ils décrivent des conditions idéales et non pas réelles, et que la fédération de clans qui conduisit à l’établissement d’un pouvoir central dans le Yamato n’était en aucune façon achevée ni stable même à la fin du vue siècle, lorsque les chroniques ont été composées. Pour des raisons qui ne sont pas encore tout à fait claires, le clan impérial était en mesure d’exercer une certaine autorité sur les autres grands clans, mais sans pouvoir leur enlever leur indépendance, de sorte qu’ils conservèrent pendant des siècles leur autorité sur leurs terres et leurs gens.
    Les grands clans, descendants des tribus qui émigrèrent à l’est du Kyüshü, respectaient le chef du clan impérial essentiellement en tant qu’intermédiaire entre le peuple et ses dieux. Son pouvoir était religieux plus que politique, car là où il y a culte d’ancêtres divins, et par conséquent royauté divine, c’est la fonction du souverain reconnu que de célébrer les cérémonies dont on croit fermement que dépend le bonheur de la communauté entière, de tous ses clans et de leurs chefs. Il est grand prêtre et chef d’entre les chefs, mais les problèmes de l’administration ne le concernent pas directement. L’ancien mot japonais généralement traduit par gouvernement est « matsurigoto », qui signifie littéralement les affaires du culte ou observances rituelles. C’est à ce titre que les premiers empereurs présidaient à l’État, et leur fonction sacrée leur conférait bien sûr un certain avantage politique ; mais autrement, l’autonomie des chefs des autres grands clans n’était en rien diminuée. Aussi faut-il rappeler qu’eux-mêmes se prétendaient issus de leurs propres dieux claniques, qui étaient d’un degré seulement moins sublimes que les ancêtres impériaux. Les cultes tribaux et la vie communautaire des clans étaient extrêmement vivaces et présentaient une forte résistance au changement.
    Sans être les plus grands, les chefs de familles comme les Nakatomi et les Imibe comptaient parmi les grands officiers de l’État. Outre qu’ils étaient des propriétaires influents, ils avaient des fonctions sacerdotales, étant responsables à la cour de la célébration des cérémonies nationales. C’était les Nakatomi qui récitaient deux fois l’an la litanie de la Grande Purification (« O-harai »), où ils priaient les dieux de purifier le peuple de la souillure de ses offenses. C’était les Imibe qui célébraient ou dirigeaient les rites de l’abstinence, l’observance des tabous, au nom de la communauté, afin de garantir la pureté rituelle du culte. Ces deux familles de prêtres jouissaient d’un prestige à peine moindre que celui de la famille impériale, et possédaient une grande influence à la cour, au point même que, vers le milieu du VU siècle, bien que d’autres clans les eussent dépouillées de leur puissance matérielle, le chef des Nakatomi était l’homme le plus important du Japon. Mais jusque-là les Nakatomi étaient en butte aux ambitions d’autres familles, rivalisant de puissance et parfois même revendiquant le trône.
    Ces rivaux étaient les descendants des chefs tribaux qui avaient participé à la fondation de l’empire avec le clan impérial. Ils tiraient également de l’importance de leurs fonctions héréditaires, et ils se distinguaient entre eux, du moins nominalement, par leurs occupations. Ainsi, les Otomo étaient les gardes du corps héréditaires de l’empereur, les Mononobe étaient responsables de la fourniture en armes, et d’autres clans ou familles de moindre importance avaient le monopole d’autres professions ou commerces. Dans ces cas-là, le travail nécessaire n’était pas accompli par les hommes libres du clan mais par des organisations d’ouvriers attachés ou soumis au clan. Il s’agissait des groupes professionnels connus sous le nom de be ou « tomo », institution particulière dont on n’a pas absolument saisi toutes les subtilités, mais qu’on peut comparer à l’association héréditaire d’ouvriers, les « corporati », de l’empire romain tardif. L’appartenance aux corporations japonaises était héréditaire, le fils étant tenu de reprendre le travail de son père ; mais les membres de telle corporation n’étaient liés par aucun lien du sang, pas plus que les membres du clan ou autre

Weitere Kostenlose Bücher