Histoire du Japon
subsidiaire. L’empereur Yômei, qui succéda à Bidatsu, mourut soudain en 587 après un très court règne, s’étant déclare en laveur de la nouvelle religion. Le chef des Mononobe, Moriya, et ses alliés essayèrent de placer sur le trône un prince de leur choix, mais Soga Umako défendit la cause d’un fils de l’empereur Kimmei et d’une mère Soga. Pour les Soga, la situation était maintenant cruciale, car l’opposition s’affirmait. Umako recruta de nombreux partisans parmi les clans hostiles à celui des Mononobe et attaqua Moriya dans une bataille décisive, au Shigisan, où la famille Mononobe fut anéantie. Le combat eut lieu en 587, et l’année suivante le prince choisi par Umako devint l’empereur Sushun. Le plus puissant adversaire du bouddhisme avait été détruit ; les Nakatomi ne présentaient aucun danger en tant que clan belligérant ; et les Otomo, famille militaire autrefois puissante, avaient perdu de leur importance, en raison (semble-t-il) de leurs échecs en Corée, mais aussi à cause de leur soumission volontaire au pouvoir politique des Soga, alors à son zénith.
Grâce à la protection du clan Soga, le bouddhisme fit ensuite de rapides progrès, et vers la fin du vie siècle, il était solidement implanté dans le Yamato, à la cour et dans de nombreuses familles nobles. On pourrait dès lors imaginer que les réformes politiques allaient suivre le mouvement, portées par le courant du savoir à la fois religieux et laïc venu du continent. Mais il est évident que les conditions du Japon étaient encore beaucoup plus turbulentes et le gouvernement beaucoup moins développé que les chroniques voudraient nous le faire croire. La conduite politique de Soga no Umako ne correspond en rien à ses pieux efforts pour promouvoir la religion, car il entreprit de consolider son pouvoir par des actes d’une franche perfidie. Il fit assassiner l’empereur Sushun et plaça sur le trône l’impératrice Suiko, sa nièce, veuve de l’empereur Bidatsu. C’était une rupture flagrante avec la coutume, aucune impératrice n’ayant régné depuis l’époque matriarcale. Le tableau généalogique ci-dessous montre clairement que ce n’était pas faute d’héritiers mâles chez Bidatsu que cette dame – alors âgée de trente-neuf ans et mère de sept fils – fut choisie pour succéder à l’empereur assassiné. Mais Umako ne faisait que suivre l’exemple de son père, Iname, en plaçant sur le trône l’enfant d’une mère Soga.
L’impératrice Suiko une fois sur le trône, Umako nomma héritier et régent non l’un de ses enfants mais le deuxième fils de Yômei, le prince Umayado, connu dans l’histoire du Japon sous le nom de Shôtoku Taishi, le prince héritier Shôtoku. On ne sait pas avec certitude pourquoi Umako choisit ce jeune homme, mais ce fut sans doute parce qu’il reconnut ses grandes qualités et que, voyant l’ardeur de son bouddhisme, il estima prudent de l’avoir du côté Soga. Quoique loin d’être un saint, Umako était très sérieux dans son désir de propager la foi bouddhique, car il était suffisamment intelligent pour comprendre l’importance qu’avaient pour le Japon les connaissances nouvelles venues de Chine, qu’elles fussent religieuses ou profanes. En cela, il défendait d’ailleurs son point de vue personnel contre ses ennemis des clans conservateurs. Pour lui, il était évident que les moines, les lettrés, les artistes et les artisans qui maintenant arrivaient au Japon en toujours plus grand nombre représentaient un type de civilisation beaucoup plus avancé que tout ce que le Japon connaissait jusque-là, et pourraient enseigner des principes de gouvernement dont tout homme d’État aspirant au pouvoir souverain tirerait grand profit. Sous la régence de Shôtoku Taishi, Umako semble s’être contenté de demeurer à l’arrière-plan pour se consacrer au nouveau savoir, apparaissant ici et là aux cérémonies de la cour comme le voulait son rôle de grand ministre, et combinant sans doute paisiblement le mariage des filles de son clan. Il se tenait toujours derrière le Trône, mais tant que les choses allaient à son gré, il n’éprouvait pas le besoin de s’en mêler. Lui et les siens voulaient voir un État bien organisé, unifié, et par là plus facile à gouverner qu’une vague association de chefs de clan indisciplinés.
Il est extrêmement révélateur de l’intérêt porté alors par les chefs
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