Histoire du Japon
japonais – comme ils l’ont toujours fait depuis – aux problèmes du gouvernement que le bouddhisme se soit imposé à la classe dirigeante en tant que système de croyance bénéfique à l’État. Il faut bien sur se souvenir que, dans l’esprit des Japonais, l’introduction dans leur pays des sciences et arts chinois était étroitement liée, pour ne pas dire assimilée, à l’œuvre évangélisatrice accomplie par les moines bouddhistes venus du continent. En 601, alors que la dynastie des Sui avait réussi à unir la Chine et s’était déclarée en faveur du bouddhisme, ce dernier exerçait un puissant attrait non seulement en tant que grande doctrine, mais en tant que facteur essentiel de civilisation.
PRÉLUDE A LA RÉFORME
Il n’est pas douteux que le prince héritier Shôtoku fut une figure très importante dans l’histoire de son temps. On lui attribue de nombreuses et grandes réussites dans le développement du bouddhisme, l’ouverture vers la Chine, la propagation du savoir et la mise en place d’une politique de réforme. D’après ce qu’en disent les chroniques (qui furent rédigées dans le siècle qui suivit sa mort), il est clair qu’il était admiré et aimé comme un homme grand et bon.
Pourtant, si l’on considère ce qu’était le Japon lorsqu’âgé de vingt et un an seulement, il accéda au pouvoir avec le titre de régent on a du mal à croire qu’il ait pu dans sa courte vie réaliser toutes les réformes politiques et sociales et accomplir toutes les études approfondies qu’on lui prête. D’après les chroniques, il publia en 604 un document connu comme la Constitution des dix-sept articles. Cet ouvrage célèbre n’est pas une constitution au sens strict du terme, mais un ensemble de principes moraux et politiques dont on prétend qu’il les considérait comme les conditions essentielles d’une réforme. C’est un document important, et d’un grand intérêt historique, mais en quoi les savants actuels du Japon ne s’accordent plus tous à reconnaître l’œuvre même de Shôtoku Taishi. Sans doute fut-il écrit comme un hommage posthume une génération ou plus après sa mort, alors que les réformes qu’il souhaitait étaient enfin devenues une réalité ; un tel acte de piété eût été naturel, puisqu’il joua incontestablement un rôle majeur dans l’importation d’idées et de produits chinois, ouvrant ainsi la voie à un enrichissement de la vie japonaise. Mais avant qu’une réforme véritable ne puisse être accomplie, il fallait vaincre l’opposition tenace des clans, et l’on ne pouvait consacrer toutes les énergies à cette tâche, car le Japon ne s’était pas encore remis de la perte du Mimana, et continuait à lutter pour reprendre pied en Corée. Des missions s’échangèrent avec les royaumes coréens, mais sans autre résultat pratique qu’un afflux de présents, sous forme de peintures, de statues et de livres, et de spécialistes de différents arts et métiers, notamment de l’État ami du Paekche.
En 602, on réunit des troupes en vue d’envahir le Silla, mais le projet fut abandonné avec la mort du prince Kume, le commandant en chef. Une nouvelle expédition contre le Silla fut envisagée en 622, mais cette fois encore le projet fit long feu. La situation évoluait de façon très défavorable au Japon, car la Chine, désormais unie, cherchait à s’étendre dans la péninsule coréenne. En 612 déjà, l’empereur Sui avait envoyé une armée contre le Kokuryö, c’est-à-dire le royaume du Nord, mais ses troupes avaient été défaites. Durant un certain temps, les royaumes coréens ne cessèrent ensuite de se battre entre eux, et le Paekche se trouva bientôt dans une situation désespérée. Un accord avec la Chine, que gouvernaient maintenant les puissants Tang, mettait le Silla en position de force, tandis que le Japon, plongé dans des querelles de succession, ne pouvait pas tenter grand-chose à l’extérieur. Une grande armée Tang envahit le nord coréen en 646, et elle fut battue par le Kokuryo ; mais la pression chinoise sur la Corée continua. En 659, une nouvelle armée Tang attaqua par mer les côtes du Paekche, qui, envahi et occupé l’année suivante, devint une colonie chinoise en 663. Tout cela ne pouvait qu’alarmer les Japonais, qui tentèrent d’aider le Paekche à regagner sa liberté. Une expédition partit du Kyüshü en 662, mais la flotte qui transportait ses vingt-sept mille
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