Histoire du Japon
pas pu trouver chez eux d’emploi convenable. Il y avait parmi eux un certain Yamada Nagamasa (mort en 1633), installé à Ayuthia, la capitale du Siam, où il était le conseiller du roi et occupait de hautes fonctions.
Politique de fermeture
Cette phase prometteuse d’expansion prit fin de façon surprenante sous l’effet de différents ordres fermant le pays au commerce extérieur et aux voyages à l’étranger, hormis quelques rares exceptions strictement limitées. Ces ordres, de 1633,1635 et 1639, sont souvent hâtivement décrits comme les « Trois décrets de fermeture ». Cette définition n’est pas tout à fait exacte, car par la forme il s’agissait non pas de notifications publiques mais de lettres d’instructions aux officiers de province les informant de la manière dont ils devaient exécuter la politique du gouvernement central.
Il est particulièrement intéressant d’étudier et de comparer le contenu de ces documents, car il montre l’évolution progressive d’une politique de presque complet isolement – phénomène historique qui, bien que simple en apparence, n’est en aucune façon facile à expliquer. Ils sont parents des ordres antichrétiens publiés par Ieyasu entre 1611 et 1614, mais ils sont plus stricts et d’une portée plus vaste.
L’ordre de 1633 est, du point de vue formel, un mémoire adressé aux deux gouverneurs de Nagasaki par le röjü Sakai Tadakatsu et trois autres grands officiers du bakufu. Ses principales clauses (il y a dix-sept articles en tout) sont les suivantes :
1. Il est strictement interdit à tout bateau sans autorisation valable de quitter le Japon à destination d’un pays étranger.
2. Aucun sujet japonais ne peut partir en bateau à destination d’un pays étranger sans autorisation valable.
3. Les sujets japonais habitant l’étranger seront mis à mort en cas de retour au Japon. Une exception est faite pour ceux qui résident à l’étranger depuis moins de cinq ans et ont été retenus contre leur volonté. Tout châtiment leur sera épargné, mais, s’ils tentent encore une fois d’aller à l’étranger, ils seront mis à mort.
Les autres articles traitent essentiellement de la recherche des missionnaires et convertis chrétiens qui se cachent au Japon ou y pénètrent en fraude. La façon dont il conviendra de traiter les bateaux étrangers demandant le droit d’entrer sera décidée par Edo.
L’ordre de 1635 est aussi adressé aux deux gouverneurs de Nagasaki. Il compte dix-sept articles, qui ressemblent à ceux de 1633, mais sont formulés dans des termes un peu plus précis. Ainsi, les navires japonais ont l’interdiction absolue de se rendre à l’étranger ; les sujets japonais, eux non plus, n’ont pas le droit d’y aller, et ceux qui seront surpris à s’embarquer secrètement seront mis à mort, tandis que le bateau concerné sera retenu avec son maître en attendant la décision d’Edo. Les autres articles traitent avant tout de la recherche des chrétiens et de ce qu’il convient de faire de la marchandise. Le dernier concerne la soie grège importée de Chine. C’est le plus important article d’importation, et l’ordre prévoit que le bakufu, ou plus spécialement le shôgun, aura le monopole de la vente de toute la soie grège. Une autre clause intéressante (l’article 14) définit le traitement réservé aux navires étrangers entrant dans les ports japonais, et accorde certains privilèges aux bateaux portugais et chinois.
Un ordre de 1636 (compris dans ce que nous avons défini comme trois ordres) est essentiellement le même que celui de 1635, mis à part trois clauses qui concernent les enfants et petits-enfants des étrangers nés de mères japonaises. Une autre instruction de la même année stipule que tous les résidents étrangers doivent se rendre à Deshima, à l’extrémité de la baie de Nagasaki, où des logements ont été préparés pour eux. L’ordre fut d’abord appliqué seulement à quelques Portugais, qui furent expulsés du Japon peu après (1638). Par la suite, Deshima devint la base de tous les Hollandais résidant au Japon, qui vinrent s’y installer de Hirado en 1641. On les confina dans une zone limitée, et leurs familles durent quitter le pays.
Suite à l’application de ces ordres, le Japon se trouva complètement isolé, en dehors d’un contact indirect avec l’extérieur par l’intermédiaire de navires chinois, portugais et hollandais autorisés dans
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