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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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nouvel édit fut publié par le Rôjû en octobre 1616. Il était adressé à tous les daimyô, auxquels il ordonnait d’empêcher tous leurs gens, les paysans compris, d’adopter la foi chrétienne. La même année, peu après la mort de Ieyasu, on limita en outre les voyages des bateaux japonais naviguant avec une autorisation revêtue du sceau vermillon. Désormais, il leur faudrait avoir une approbation spéciale du Rôjû.
    Cette mesure fut le premier pas dans la politique d’isolement que pratiquerait ensuite le bakufu Tokugawa. En 1616 encore, il fut interdit à tous les navires étrangers, les chinois exceptés, d’entrer dans d’autres ports que ceux de Hirado et de Nagasaki. Cependant, le mouvement antichrétien n’était pas encore à son comble, et vers la même époque deux pères jésuites, de Angelis en 1618 et Carvalho en 1620, se rendirent à Ezo (de Hokkaidö) et visitèrent des mines d’or récemment découvertes, qui, disent-ils, attirent une population nouvelle de 50000 personnes par an 217 . Entre 1618 et 1621, de nombreux chrétiens japonais, prêtres ou simples convertis, furent exécutés à Kyoto et Nagasaki – plus de cinquante en 1619 –, mais aucun chrétien étranger ne fut mis à mort avant 1622, que les récits des missionnaires appellent « année du Grand Martyre ». Trente chrétiens furent alors décapités et vingt-cinq brûlés. Parmi ces derniers, neuf étaient des prêtres étrangers, les premiers à être mis à mort au Japon.
    Richard Cocks, négociant anglais sans aucune sympathie pour les missionnaires « papistes », a décrit cette scène tragique :
    « J’en ai vu cinquante-cinq martyrisés ensemble, écrit-il. Il y avait parmi eux des enfants de cinq ou six ans, brûlés vifs dans les bras de leurs mères, qui criaient : " Jésus, reçois leurs âmes ! " Beaucoup sont en prison et attendent la mort d’heure en heure, car très peu d’entre eux retournent à leur idolâtrie. »
    Il n’y a pas à s’étonner que Cocks parle du gouvernement japonais comme de « la tyrannie la plus grande et la plus puissante que le monde ait jamais connue 218  ».
    En 1624, un certain nombre de missionnaires en provenance de Luzon furent autorisés à entrer, mais Hidetada refusa la requête d’une mission officielle des Philippines, demandant des privilèges pour les évangélistes et les négociants espagnols. En 1625, il interdit aux sujets espagnols de résider au Japon à des fins commerciales, sans interdire pour autant le commerce en tant que tel. Mais son ordre ne put empêcher l’entrée en fraude de nouveaux missionnaires, et c’est à une date un peu ultérieure que Matsukura Shigemasa proposa de fait une expédition pour détruire ce qu’il décrivait comme la base missionnaire de Luzon.
    Ce n’était peut-être qu’une excuse spécieuse pour s’adonner à la piraterie, mais il est évident que certains fonctionnaires du bakufu étaient mus par la crainte réelle de l’influence de la doctrine chrétienne. Il est vrai que la plupart des convertis étaient des campagnards pauvres, mais il y avait également parmi eux de nombreux samurai et citadins. Ils étaient soumis à une telle oppression que, dans les villes, la plupart semblent avoir abjuré ou disparu dans l’ombre. Mais les habitants des campagnes s’accrochaient à leur foi et défiaient les édits, entendant résister au prix de leur vie même. Le bakufu opéra de cruelles persécutions, débusquant les croyants des régions les plus reculées des provinces les plus pauvres pour les soumettre à la torture. Pourtant, si certains abjurèrent, beaucoup supportèrent le supplice infligé par leurs cruels persécuteurs. Dans certaines régions du Kyùshù, les paysans formèrent des ligues pour poursuivre leur révolte, surtout dans les endroits pauvres, où la ferveur était la plus puissante.
    En 1625, les persécutions avaient atteint leur apogée, et s’il n’avait été éradiqué, le christianisme ne survivait que dans la clandestinité dans presque tout le Japon, malgré les quelques renaissances et martyres isolés dont les vingt ou trente ans suivants furent encore le cadre. Dans certains endroits, encouragés par des missionnaires clandestins, les paysans continuèrent pourtant à pratiquer leur culte.
    En 1640, un bureau d’enquête fut créé à Edo, sorte d’Inquisition dite « Examen des sectes », ou Shûmon-aratame. En 1644, tous les daimyô d’un revenu supérieur

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