Histoire du Japon
les terres abandonnées.
Tous les paysans qui désertaient la terre n’en étaient pas chassés par les mauvais traitements, mais la plupart d’entre eux voyaient des perspectives d’emploi moins pénibles en ville. Ils constituèrent ainsi une classe de domestiques ou de travailleurs manuels qui augmenta en nombre avec l’expansion de l’économie, et, s’ils avaient un métier, ils se fondirent dans la troisième classe sociale, celle des artisans.
Les artisans étaient considérés comme d’un niveau social inférieur à celui des paysans, mais ceux qui possédaient des connaissances ou des talents particuliers jouissaient d’un certain respect, surtout si leur spécialité était directement utile à la classe militaire. Le bakufu et les grands daimyô accordaient un traitement de faveur – les payant et les logeant bien – aux armuriers en général et aux fabricants de sabres en particulier. Les charpentiers avaient une position élevée, et l’on apprend notamment que, en 1698, principal charpentier de Kyoto, Nakai Mondo, obtint un traitement de) koku et fut autorisé à porter un sabre, son statut se rapprochant ainsi des samurai. Des droits similaires étaient accordés à certains spécialistes, comme les orfèvres, les artistes, les drapiers et même les confiseurs travaillant pour la cour du shôgun.
Les travailleurs ordinaires n’étaient pas aussi bien traités. Ceux qui lient installés dans une ville-château travaillaient d’ordinaire pour le dai-’ô contre un maigre salaire, en échange de quoi ils avaient l’avantage d’avoir une place de marché assurée. Au-dessous d’eux se trouvaient les journaliers, engagés et payés à la journée. Les artisans formaient des guildes pour protéger leurs intérêts. Chaque corps de métier ayant sa corporation, trouvait des guildes de charpentiers, de scieurs, de forgerons, de maçons, couvreurs, de plâtriers, etc. Leur système d’apprentissage était strict lis efficace.
Les commerçants – marchands et boutiquiers – occupaient l’échelon le is bas de l’échelle sociale, mais avec le développement et l’expansion de l’éonomie dus à la paix, les marchands en particulier verraient leur pouvoir augmenter, et au XVIIIe siècle, grâce à leur puissance financière, ils furent en ; sure d’abattre les barrières de la structure sociale érigée par les shôgun kugawa. Les riches marchands furent alors régulièrement employés Time fournisseurs du gouvernement, et leurs services en vinrent à être indispensables aux membres de la classe militaire. Les guildes elles-mêmes, » (quelles le gouvernement était en principe opposé, furent employées pour collecter certains impôts.
Il faut ajouter qu’il y avait de multiples degrés au sein de chaque classe : daimyô au plus humble samurai ; du paysan riche au journalier ; de l’artisan à l’apprenti ; du grand marchand au colporteur. Toutes les distinctions ce genre étaient scrupuleusement observées, et l’on accordait par exemple: une grande attention aux titres et aux questions de préséance dans les ; emblées villageoises des aînés. La hiérarchie complexe exigeait une étiquette stricte dans les rapports sociaux, ce qui était sans doute incommode lis avait l’avantage d’encourager la courtoisie.
Bien que les quatre classes décrites ici comprissent l’essentiel de la popu-ion, certains groupes ou personnes échappaient aux catégories officielles.
A noté la population flottante des travailleurs manuels, portefaix, terrassiers, bateliers, porteurs de palanquins et autres, dont le travail exigeait avant tout de la force. Il s’agissait en général d’hommes qui, comme les ayant fui leurs terres, s’étaient soustraits aux obligations de leur classe par choix ou par nécessité. Mais il existait un écart plus frappant : par rapport à la convention sociale chez les membres de la classe militaire qui, par malchance ou mécontentement, s’étaient rebellés contre l’autorité en place : il s’agissait des samurai sans maître appelés rônin, qui, dans l’histoire féodale, méritent d’être étudiés à part.
LES RONIN
Quoique les ordonnances des shôgun Tokugawa imposassent une discipline rigide aux membres de la classe militaire à la fois au service du bakufu et dans tous les domaines féodaux, il existait une catégorie qui ne répondait pas à ce traitement systématique.
Le processus d’organisation de la classe militaire
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