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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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corvées de défrichement, de canalisation ou de déneigement. Ils pouvaient enfin punir les retards de paiement par la torture ou autres cruautés, contre lesquelles les paysans n’avaient aucun recours.
    Chez les daimyô, la tendance – quoique rarement pour des raisons humanitaires – était à réduire la surface des terres octroyées et à augmenter le nombre des pensionnés. C’était une tendance naturelle, car chaque arpent de terre octroyée diminuait pro tanto le pouvoir du daimyô. Le processus était lent, mais des changements eurent lieu dans la plupart des fiefs entre 1640 et 1660. La réforme du système de sous-inféodation introduite en 1646 dans les domaines du Kishû est un bon exemple. Elle aboutit à un arrangement par lequel, quoique le concessionnaire gardât le contrôle direct des paysans de sa terre, le taux d’impôt était fixé par le daimyô, et la punition des délits n’était pas laissée au concessionnaire, mais confiée à un magistrat nommé par le daimyô. En outre, le concessionnaire avait l’interdiction de résider sur l’exploitation, sauf dans des cas particuliers.
    La réforme (si l’on peut employer ce mot) du système de sous-inféodation fut appliquée dans d’autres fiefs vers la même époque. Mentionnons à part ceux de Mito et d’Owari, qui non seulement avaient des surfaces de terres octroyées particulièrement vastes (voir le tableau ci-dessus), mais étaient en la possession de membres de la famille Tokugawa et tombèrent ainsi sous le contrôle direct du bakufu.
    Le but de cette pseudo-réforme du système de sous-inféodation (connue sous le nom de « chigyôsei no kaikaku », ou « réforme du système de revenu foncier ») était de réduire la surface cultivée par les concessionnaires, de façon qu’ils ne forment pas, en restant sur la terre, une classe de petits propriétaires en relations étroites avec les paysans. C’était une renaissance de la crainte des jizamurai, ou dogô, qui avait poussé Hideyoshi à lancer sa chasse à l’épée. Mais dans bien des cas, les concessionnaires restaient en effet sur la terre et cultivaient les champs eux-mêmes, selon un type d’arrangement dit « tezukuri ». En 1653, le bakufu publia néanmoins un ordre invitant tous les daimyô à opérer une réorganisation générale semblable à celle introduite en 1646 dans les domaines du Kishù : les concessionnaires devraient vivre dans la ville-château et devenir pensionnés, recevant la quantité de riz correspondant à la production estimée de leurs terres – tant de koku moins tel pourcentage, retenu en guise d’impôt. En 1660, la plupart des daimyô avaient mis cet ordre à exécution.
    Toutes ces « réformes  » aboutirent à un renforcement de l’autorité du daimyô et à une diminution du danger des soulèvements locaux. On notera dans ce contexte que la grande révolte projetée par les rônin en 1651, sous la conduite de Yui Shôsetsu, était d’origine citadine et non pas rurale, même s’il est vrai que le soulèvement était une protestation contre les conditions créées par la multiplication des soldats sans emploi. Les hommes qui devaient quitter la terre pour vivre dans une ville-château étaient susceptibles de fomenter des troubles.
    La description que l’on vient de donner des fiefs doit être complétée par certains détails concernant l’administration des domaines des Tokugawa, les tenryô, nom ronflant que l’on pourrait traduire par « domaines célestes ».
    Le gouvernement des villes et des domaines des Tokugawa (y compris la capitale) était confiée aux machi-bugyô, commissaires municipaux nommés par le bakufu. Les terres des Tokugawa étaient administrées par des fonctionnaires appelés gundai ou daikan (représentants). Les gundai, qui étaient quatre en tout, avaient la charge des terres dont le revenu était estimé à 10000 koku et plus. Les daikan, qui étaient quarante ou cinquante, avaient le contrôle des terres d’un revenu estimé entre 5000 et 10000 koku. On les considérait un peu comme des sous-daimyô, et en fait, là où le domaine dont ils avaient à s’occuper représentait un revenu de 10000 koku, ils étaient les égaux des daimyô, vivant dans des châteaux et exerçant les droits de seigneurs féodaux, bien qu’ils fussent fonctionnaires et eussent des salaires fixes. A l’origine, ils étaient nommés en vertu de leur connaissance des conditions locales et

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