Histoire du Japon
dû être en mesure d’imposer une solution bien avant 1671.
Les affaires extérieures
Peut-être la plus importante décision prise par les conseillers de Ietsuna au cours de sa minorité concerne-t-elle les affaires étrangères plutôt qu’intérieures. La Chine méridionale était le cadre d’un puissant mouvement d’opposition à la dynastie pseudo-tartare (mandchoue) qui avait remplacé les Ming. Il était dirigé par un Chinois du Sud appelé Coxinga, qui commandait une vaste flotte et était maître de toutes les régions côtières. Mais il n’avait pas d’armée de terre, et c’est pourquoi il demanda une aide militaire au Japon en 1658, étant lui-même à demi japonais (il était né à Nagasaki en 1624). Une partie du gouvernement japonais voulait répondre à cet appel sous prétexte qu’une telle entreprise ferait le bonheur de la classe militaire, dont bien des membres, des daimyô et hatamoto aux pauvres rônin, étaient agités et insatisfaits. Ces hommes seraient ravis de troquer leur morne existence dans une société pacifique contre les possibilités de gloire, de promotion et de butin que cette aventure étrangère offrirait.
Quand la question fut débattue par les conseillers du shôgun, la décision fut prise de ne pas intervenir. Envoyer une armée à l’étranger serait contraire à la politique nationale d’isolement. L’entreprise coûterait cher et pourrait se solder par un désastre. Ceux qui votèrent contre l’invasion proposée rappelèrent sans doute l’échec de la grande campagne de Hideyoshi en Corée, et ils prirent certainement en considération le fait que le Japon n’avait pas de flotte et dépendrait entièrement de Coxinga en matière de transport.
Dernières années de ietsuna
Sur le plan politique, la période allant de 1663 à 1680, où mourut Ietsuna, n’a pas grand intérêt. Il y eut dans certains grands fiefs des troubles du genre de ceux qu’avait connus Sendai, ei : en s’occupant de l’un d’eux Tadakiyo se heurta à un rôjû qui ne voulait pas tolérer ses méthodes. Il s’agissait de Hotta Masatoshi (fils du Hotta qui avait suivi Iemitsu dans la mort), nommé rôjû en 1679. A cette époque, Ietsuna était très malade, et il mourut au début de l’été 1680. Tadakiyo proposa alors qu’on choisît pour shôgun un prince de sang royal, selon le précédent de Kamakura, en 1252, où l’on avait choisi Munetaka, fils de l’empereur Go-Saga.
Tadakiyo se voyait manifestement dans la position qu’avaient occupée les régents Hôjô, mais Hotta, furieux de sa prétention, souleva de si vives objections qu’il se retira précipitamment. Ce fut la fin de la carrière de Tadakiyo. Quelques heures plus tard, Tsunayoshi, quatrième fils de Iemitsu, fut nommé shôgun, et son installation eut lieu le lendemain.
CHAPITRE LIV
Le savoir et les arts
la philosophie confucianiste
Notre propos n’est pas ici d’entrer dans la métaphysique, mais d’examiner les tendances de la philosophie au XVIIe siècle, surtout dans leur portée sur l’histoire politique et sociale du Japon des Tokugawa.
Au milieu du siècle, il n’y avait aucune perspective d’aventure militaire, et comme le gouvernement était une bureaucratie fermée, il y avait peu de débouchés pour les hommes de talent dans la sphère de la politique nationale. Le principe héréditaire, tendant vers une rigidité croissante, était un obstacle pour les jeunes ambitieux dans presque toutes les carrières, tandis que dans le passé, tout au long du Moyen Age, les guerriers s’étaient élevés dans le monde en même temps que l’Église bouddhique offrait des possibilités aux jeunes gens pauvres et quelques places élevées aux plus talentueux.
Cependant, au XVIIe siècle, l’influence du bouddhisme déclina, sauf en ce qui concerne les sectes amidistes (jôdo, ou Terre pure). Cette tendance s’expliquait en partie par les attaques de Nobunaga et Hideyoshi contre les grandes fondations monastiques, mais aussi par un manque de qualité dans le clergé en général. L’ensemble de la population, à la fois citadine et paysanne, pratiquait le bouddhisme dans le sens où elle suivait le rituel bouddhique lors des funérailles et autres cérémonies familiales, et la récitation du Nembutsu était courante dans toutes les classes. Ieyasu lui-même, élevé dans une famille du jôdo, le récitait régulièrement. Mais si le bouddhisme continuait d’être l’Église
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