Histoire du Japon
l’approvisionnement, et il prêta aux habitants les fonds dont ils avaient besoin pour la reconstruction de leurs boutiques et de leurs habitations. Le bakufu avança également des fonds aux daimyô pour rebâtir leurs résidences, et aida les hatamoto qui avaient subi des pertes. Une grande partie de l’organisation des mesures de secours et de reconstruction se fit grâce à Matsudaira Nobutsuna, principal rôjû du moment, qui se révéla alors un administrateur des plus capables.
SAKAI TADAKIYO
A proprement parler, la minorité de Ietsuna prit fin en 1663, mais Hoshina Masayuki continua de le conseiller jusqu’en 1672. A ce moment-là, les hommes de la capacité de Nobutsuna, qui avaient œuvré à la qualité du gouvernement, étaient décédés, laissant le champ libre à Sakai Tadakiyo, principal rôjû, qui devint tairô en 1666, avec sous ses ordres les rôjû Itakura Shige-nori, Tsuchiya Kazunao, Inaba Masanori et Kuze Hiroyuki.
Ces hommes étaient médiocres, y compris Tadakiyo, qui manquait de rigueur et ne devait ses hautes fonctions qu’à la disparition des fidèles de Iemitsu. Parmi ces derniers, le seul survivant était Abe Tadaaki, qui tenait Tadakiyo en piètre estime et le réprimandait souvent. Mais il prenait de l’âge, et il mourut en 1671, après trente-huit ans de loyaux services. C’est lui, on s’en souvient, qui avait convaincu ses collègues de ne pas s’acharner contre les rônin mais de prendre des mesures qui diminuent leur nombre en leur procurant un emploi décent.
Tadakiyo n’était pas homme à concevoir et à mettre en pratique une politique personnelle. Il s’attaquait aux problèmes au moment où ils se posaient. Connu pour se laisser acheter, il faisait l’objet de virulentes satires de la part de la population d’Edo, qui l’accusait d’être cupide et corrompu. En plus des remarques de Tadaaki, il essuya les reproches d’un grand daimyô, Ikeda d’Okayama, concernant son ignorance des besoins du peuple et son incapacité à donner l’exemple d’une vie simple. Selon Ikeda, le mécontentement gagnait tout le pays, et des soulèvements populaires étaient à redouter. A l’époque, les relations entre le shôgun et les daimyô étaient particulièrement importantes parce que des changements s’opéraient dans l’administration des fiefs. Il était naturel qu’il y eût des désaccords parmi les conseillers des daimyô, des conflits d’opinion entre membres progressistes et conservateurs du clan, et il appartenait au bakufu de prévenir les ennuis de cet ordre par une diplomatie prudente mais ferme.
L’un des plus connus de ces cas est la querelle de succession qui éclata à propos des domaines de la famille Date, dont le siège était à Sendai. C’était une affaire délicate, dont le bakufu se mêla alors que Sakai Tadakiyo était en fonction, et elle mérite ainsi d’être relatée de façon assez détaillée.
LA POLITIQUE DANS LES FIEFS
Le daimyô d’un fief, en particulier d’un fief tozama , qui travaillait à améliorer son organisation, et, à cette fin, à renforcer sa propre autorité, s’exposait à susciter l’opposition de ceux qui croyaient que leurs intérêts étaient en danger ou qui étaient d’esprit conservateur. Ainsi, plus il y avait de terres sous le contrôle direct du daimyô, plus restreinte était la puissance relative des grands arrière-vassaux, même si leurs possessions n’étaient pas touchées, alors qu’en devenant pensionnés, les petits tenanciers perdaient leur influence locale sur les officiers du daimyô.
La classe des propriétaires connus sous le nom de kashin (« gens de la famille ») n’était pas homogène. Elle comprenait, à côté des parents de condition modeste, des parents dont le rang et l’influence étaient égaux à ceux du daimyô ou de son héritier direct. Il était normal que, devant n’importe quelle perspective de changement, les puissants arrière-vassaux fussent portés à croire qu’ils allaient perdre des privilèges auxquels ils avaient droit. Ce sentiment s’exacerbait lorsque la mort ou la retraite d’un daimyô soulevait une question de succession, et au cours du XVIIe siècle, plusieurs fiefs furent troublés par de violentes querelles entre deux parties ou plus, qui supportaient chacune un autre prétendant.
Ces disputes (appelées « on-ie sôdô » ou désaccords de famille noble) furent les principaux événements politiques de l’époque, car
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