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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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établie, on ne peut pas dire qu’il exerçait une quelconque direction spirituelle. La classe militaire n’était d’ailleurs pas entièrement guidée par la doctrine bouddhique, ses critères de conduite, qui comprenaient le suicide et la vendetta, étant en contradiction avec la douceur qu’enseignait le Bouddha.
    Certains des anciens monastères, notamment ceux de la secte Zen, continuaient d’être, dans la tradition médiévale, des foyers du savoir séculier aussi bien que sacré, et les études très vastes qu’on y poursuivait eurent une curieuse conséquence : en effet, lorsqu’on s’intéresse à l’histoire religieuse du Japon, on découvre que ce sont des étudiants des monastères bouddhiques qui mirent en évidence la philosophie séculière qui devait gouverner la pensée japonaise dans l’une ou l’autre de ses manifestations pendant un siècle ou plus.
    Il s’agissait d’une forme de confucianisme, appelée système de Zhu Xi, du nom de son plus célèbre représentant en Chine. Elle apparut sous la dynastie Song (1130-1200), et le Japon du xive siècle la connaissait fort bien, puisque, peu après 1333, de jeunes nobles de la cour de Go-Daigo discutaient pour ou contre l’adoption de l’enseignement de Zhu Xi comme base de la politique du nouveau gouvernement. Mais le nouveau gouvernement fut éphémère, et, hors des cercles érudits, il semble qu’on ne se soit plus intéressé à ce nouveau confucianisme jusqu’à ce que se manifeste un regain d’intérêt peu après l’établissement du bakufu Tokugawa par Ieyasu 227 . La proclamation faite par Ieyasu en 1614 contre le christianisme, proclamation rédigée par le moine Süden, affirme que le Japon est le pays des dieux. Elle assimile ensuite ces dieux, les divinités nationales du credo shintoïste, aux bouddhas, et, par un argument ingénieux, s’efforce d’introduire dans les principes gouvernementaux qu’elle énonce une forte touche de confucianisme. Cette proclamation de 1614 paraît confuse, mais en fait sa signification est claire. Son but était de faire accepter un code éthique compatible avec les desseins du bakufu, notamment le pouvoir absolue d’une société disciplinée.
    Parmi les chefs de ce nouveau mouvement se trouvaient plusieurs lettrés qui avaient d’abord étudié dans des établissements bouddhiques, où l’on avait coutume d’acquérir une certaine connaissance de l’enseignement confucianiste, non à cause d’un lien quelconque entre le bouddhisme et le confucianisme, mais simplement parce que les principaux monastères étaient des foyers de savoir et possédaient de bonnes bibliothèques. La place occupée au Japon par les études confucianistes est comparable à celle des études classiques en Europe.
    Le premier de ces lettrés, du point de vue chronologique, était Fujiwara Seika (1561-1617), un ancien moine zen de la secte Rinzai qui trouva un emploi dans sa province natale de Harima comme conseiller du daimyô en matière administrative. Il y trouva le temps d’approfondir ses études et se tourna alors du bouddhisme vers le confucianisme. Durant la guerre de Hideyoshi contre la Corée, il avait attiré l’attention de Ieyasu, et, en 1593, il fut invité à Edo. Il ne resta pas, mais fut réinvité après la bataille de Sekigahara ; cette fois, il donna des conférences devant Ieyasu, mais il refusa d’accepter un poste officiel. Il n’était pas absolument convaincu de la vérité du système de Zhu Xi, et il voulait rester indépendant.
    Avant de partir, il recommanda comme successeur à Ieyasu un lettré nommé Hayashi Razan (1583-1657), qui avait été son disciple. Dans sa jeunesse, Razan avait étudié au Kenninji, grand monastère zen de Kyoto. Il avait rencontré Ieyasu en 1605, et il devint deux ans plus tard son conseiller au bakufu dans sa première phase. Il était responsable de l’essentiel du travail de secrétaire exigé par Ieyasu, et avait pour collègue Süden, directeur du Konchi-in et surveillant de tous les établissements zen, et Tenkai, abbé de la secte Tendai.
    Selon certaines histoires conventionnelles du Japon, Ieyasu sentait qu’il avait besoin d’un principe philosophique pour expliquer et étayer le système de gouvernement autoritaire qu’il voulait imposer au pays. Lequel aurait pu mieux convenir que celui décrit par Zhu Xi, pour qui le principe fixe de l’univers était la loi d’obéissance du fils au père, du sujet au souverain ?

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