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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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gens qui ne lui étaient pas apparentés mais qui, généralement, étaient traités comme appartenant au cercle familial. Quand elle avait besoin de main-d’œuvre supplémentaire, la famille faisait appel à des travailleurs dont certains étaient des domestiques héréditaires (les fudai) et dont d’autres étaient engagés par contrat. Ces domestiques (communément appelés genin ou « subalternes ») faisaient partie de la maison de l’exploitant, habitant sous son toit ou dans les logements adjacents qu’il leur fournissait. On estime qu’au XVIIe siècle, les genin constituaient environ dix pour cent de la population paysanne du pays. Quand il fallait encore davantage de main-d’œuvre, on avait recours aux « nago » ou « hikan » (ou autres équivalents locaux), auxquels le propriétaire de l’exploitation accordait un lopin de terre et de quoi se loger en échange du travail effectué pour lui.
    Du résumé ci-dessus, il ressort clairement qu’au XVIIe siècle les grandes exploitations étaient cultivées par des familles composées de plusieurs éléments unis non seulement par des liens familiaux mais également par la nécessité économique ; mais il ne fait aucun doute que le sentiment familial était puissant et général, et que les « subalternes » étaient traités comme des parents, aussi humbles fussent-ils.

LE VILLAGE
    Pour comprendre la société rurale du Japon des Tokugawa, il faut en revenir à la politique foncière du XVIe siècle, avant la grande étude cadastrale de Hideyoshi 237 .
    Au Moyen Age, la population paysanne du Japon était hétérogène, comprenant des hommes de différentes classes qui jouissaient de la liberté de mouvement dans l’échelle sociale. En d’autres termes, la division des classes n’était pas la répartition fixe qu’elle devint quand la politique de Hideyoshi opéra la séparation entre le soldat et le paysan. Le paysan-soldat du Moyen Age avait une liberté considérable pour la raison que, dans l’ensemble, la population paysanne représentait une puissance militaire redoutable. En fait, c’est à supprimer ce danger potentiel que visait la politique de Hideyoshi. Au cours du recensement foncier qu’il organisa, chaque lopin de terre fut inspecté et enregistré, et l’on en releva la surface, la qualité de la terre, la quantité de riz ou autre qu’elle était supposée produire, et le nom de la personne responsable de son exploitation.
    La politique de Hideyoshi eut pour résultat de priver la population paysanne de sa mobilité sociale, de fixer le statut de tout homme, et de l’attacher ainsi à la terre. Durant ce processus, le travailleur agricole du grade le plus bas gagna son indépendance en ce qu’on ne put plus lui enlever le lopin inscrit à son nom. Mais cette liberté était théorique, car les terres de ces hommes étaient ordinairement trop petites pour assurer leur subsistance. La plupart d’entre eux avaient des lopins d’un ou deux tan seulement (le tan valant 0,1 hectare), qui produisaient moins de cinq koku, montant inférieur (l’impôt une fois déduit) à la consommation d’une petite famille selon le taux normal d’un koku par tête et par an. Ces exploitants étaient ainsi contraints de travailler pour des familles possédant des terres beaucoup plus vastes, généralement en envoyant à leur service un fils, une fille ou quelque autre parent.
    Les propriétaires de grandes exploitations étaient en général des familles descendant de membres de la petite noblesse rurale, qui, après le recensement foncier de Hideyoshi et l’annonce de son intention de désarmer tout le monde sauf les représentants de la classe militaire, décidèrent de renoncer à leur statut de soldat pour se consacrer à l’agriculture. Par comparaison avec les petits exploitants, ces riches paysans (qu’on appelait gönö ) étaient peu nombreux. Comme on l’a vu, les propriétaires moyens et petits occupaient une proportion très importante de l’ensemble de la terre cultivable du pays.
    La situation et l’organisation des travailleurs de la terre est une question d’une grande complexité qu’on ne peut traiter ici, car elle exige des connaissances hautement spécialisées. Une vue d’ensemble est ce qui nous convient, et il suffit d’étudier le village plutôt que la ferme, compte tenu du fait que le principal mode de culture au XVIIe siècle était le travail d’une grande exploitation par le

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