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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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propriétaire, sa famille et ses domestiques. C’était ce qu’on appelait le « tezukuri », ou culture par la main-d’œuvre, parce que le travail réel était fait par les hommes du propriétaire et non pas par des tenanciers, comme c’était le cas pour le « kosaku ».
    Avant de parler du village, il convient d’étudier brièvement l’attitude de la classe dirigeante à l’égard du paysannat. En théorie, le paysan occupait un rang inférieur à celui du samurai et supérieur à ceux de l’artisan et du commerçant. Dans la pratique, les hommes qui travaillaient la terre étaient toutefois lourdement opprimés et menaient une vie souvent misérable. Il était dans la politique du bakufu et de la plupart des daimyô de les imposer jusqu’à l’épuisement. Le fidèle conseiller de Ieyasu de Honda, Masanobu écrivait que le paysan était le fondement de l’État et devait être soigneusement dirigé. Il fallait qu’il ait ni trop ni trop peu, mais juste assez de riz pour vivre et pour semer l’année suivante. Le reste devait lui être pris sous forme d’impôts.
    Cette malheureuse situation est amplement décrite dans maints documents officiels, notamment l’ordre appelé, en raison de sa date, « Keian no furegaki », qui fut adressé à tous les villages en 1649, après une notification plus courte publiée en 1642. Le but général de ces injonctions était de rappeler aux paysans l’importance d’un travail sans relâche et d’une vie frugale. Les extraits suivants donneront une bonne idée de la nature de la législation dans son ensemble :
    – Le travail agricole doit être fait avec la plus grande diligence. Le plantage doit être ordonné, toutes les mauvaises herbes doivent être enlevées, et en bordure des champs, irrigués et non irrigués, des fèves ou autres aliments doivent être cultivés, aussi petit que soit l’espace.
    – Les paysans doivent se lever tôt et couper de l’herbe avant de cultiver les champs. Le soir, ils doivent fabriquer de la corde ou des sacs de paille, tous les travaux de ce genre devant être faits avec beaucoup de soin.
    – Ils ne doivent acheter ni thé ni saké à boire, et leurs femmes non plus.
    – Les hommes doivent planter des bambous ou des arbres autour de la ferme, et, par économie, utiliser les feuilles tombées comme combustible.
    – Les paysans sont des gens dénués de sens et de réflexion. C’est pourquoi ils ne doivent pas donner de riz à leurs femmes et à leurs enfants au temps de la récolte, mais mettre de la nourriture de côté pour l’avenir. Plutôt que du riz, ils devraient manger du millet, des légumes et autres nourritures grossières. Même les feuilles tombées devraient être mises de côté comme nourriture contre la famine […]. Toutefois, aux époques de plantation et de récolte, lorsque le travail est ardu, la nourriture prise peut être un peu meilleure que d’ordinaire.
    – Le mari doit travailler aux champs, la femme doit travailler au métier à tisser. Tous deux doivent travailler la nuit. Aussi belle que puisse être une femme, si elle néglige ses devoirs ménagers en buvant du thé, en se promenant ou en flânant au flanc des collines, elle doit être répudiée.
    – Les paysans ne doivent porter que du coton ou du chanvre – pas de soie. Ils ne sont pas autorisés à fumer du tabac. La chose est mauvaise pour la santé,, prend du temps et coûte de l’argent. Elle constitue en outre un risque d’incendie.
    Les paysans étaient lourdement imposés, et, en plus de ce qu’il leur fallait payer en argent ou en nature, ils devaient travailler aux routes et aux digues, fournir des chevaux de poste et rendre d’autres services sans rétribution. Le long des grandes routes, on réquisitionnait à titre de corvée (« sukegô ») dans les villages des hommes et des chevaux parfois durant des jours. Ces pratiques nuisaient à tel point au travail de la ferme que des paysans tombés dans la misère abandonnaient leurs terres. Ceux qui souffraient le plus étaient les travailleurs dépendant de petits lopins.
    Le bakufu et les différents fiefs annoncèrent des mesures sévères à l’encontre de ceux qui quittaient la terre. En 1642, par exemple, Ikeda, le daimyô du fief fermement gouverné d’Okayama, publia un ordre qui imputait au groupe des Cinq (gonin-gumi) de chaque village la responsabilité des départs. Ceux qui contribuaient à l’évasion de paysans ou d’autres

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