Histoire du Japon
hikan ou nago, ou autre terme traduisant leur position de dépendance. C’était des domestiques, non soumis aux impôts et n’ayant rien à dire dans le gouvernement du village. Les seuls qui pouvaient prendre part aux assemblées villageoises et être membre d’un groupe des Cinq, ou qui pouvaient prétendre avoir des droits privilégiés sur les communaux ou l’approvisionnement en eau, étaient les hon-byakushô.
Ainsi, le village japonais du XVIIe siècle n’était en aucune façon une simple colonie arcadienne, mais une petite communauté où il y avait des différences sociales marquées et un conflit d’intérêts croissant entre riches et pauvres. Ces distinctions de classes variaient d’un endroit à l’autre. Dans les provinces du Centre et le Japon central en général, les exploitations étaient de petite dimension, et beaucoup n’étaient pas cultivées par leurs propriétaires. Dans l’Est et le Nord, elles étaient souvent vastes, et appartenaient à des hommes de la classe des propriétaires-prêteurs ; elles étaient cultivées par des hikan, des nago et autres subalternes qui, à côté du travail qu’ils effectuaient sur leur propre lopin, devaient fournir en guise de location non seulement un paiement en nature, mais un certain nombre de journées de travail annuelles.
La division stricte des classes dans la société rurale constitue l’un des traits marquants de la vie villageoise. Elle dépendait non seulement de la quantité de terres détenue par la famille, mais aussi de la généalogie de celle-ci. Pour la plupart, les membres des familles anciennes et respectées descendaient des propriétaires qui, à la fin du Moyen Age, avaient joué un rôle de chef dans l’établissement de la colonie d’où était sorti le village. Ils occupaient une position si solide qu’elle n’était pas touchée par les changements qui pouvaient affecter leurs revenus. Ainsi, les chefs de la plupart des vieilles familles occupaient des fonctions importantes dans le gouvernement du village. Ils exerçaient la plus forte influence sur ses décisions, et ils avaient des privilèges dans l’utilisation des communaux et les travaux d’irrigation. Leur supériorité sociale ressort clairement de leur autorité dans les « miyaza », collèges de paroissiens des sanctuaires shintoïstes de la localité. Lors de leurs assemblées, les anciennes familles avaient droit de préséance sur tous les autres membres. Elles occupaient tant de fonctions rituelles qu’il ne restait plus guère de place pour les villageois du commun.
Du fait que la population paysanne nourrissait l’ensemble du pays, il était essentiel pour le gouvernement de garder le contrôle de l’agriculture. C’est en dirigeant l’activité du village plutôt que d’une unité plus petite ou plus grande que ce contrôle s’exerçait le mieux, et la façon de faire la plus efficace était de suivre la procédure appliquée lors des relevés cadastraux, où l’on mesurait le produit d’une exploitation et fixait l’impôt qu’elle devait payer. Cette procédure impliquait une étude approfondie de la terre et de son rendement par des inspecteurs toujours à l’affût des cultivateurs paresseux. Ils traitaient les paysans de façon tyrannique, mais il faut se rappeler que le gouvernement était à juste titre inquiet de maintenir et d’accroître la production de nourriture, dangereusement faible dans un pays où, à la fin du XVII e siècle encore, les techniques agricoles étaient arriérées. Une population en expansion exigeait une production croissante.
L’impôt de base était un impôt annuel sur la récolte des champs irrigués (suiden) et non irrigués (hatake), tel que le fixait le registre (kenchichô) du relevé. Le taux d’impôt variait entre 40% et 60% de la récolte, payable d’ordinaire en nature sur le riz, et partiellement en espèces sur le produit des champs non irrigués ; mais des allégements étaient faits lors de déficits dus au mauvais temps ou à d’autres causes naturelles. Les champs étaient testés quant à la qualité de la récolte par « tsubo gari », c’est-à-dire en moissonnant et en examinant le grain de carrés choisis d’un tsubo (1,8 mètre carré).
Voici un exemple du calcul de l’impôt :
Dans cet exemple, sur le total de 15 koku, le paysan devait payer mettons 50%, soit 7,5 koku de riz ou l’équivalent en grain et en espèces. Cela lui laissait peu de riz pour
Weitere Kostenlose Bücher