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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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remarquable, Miyazaki Antei, qui passa quarante ans à pratiquer l’agriculture et quarante ans à voyager pour étudier le travail des autres.
    Il rédigea la préface à ce classique après consultation avec Kaibara Ekken sur certains points de style aussi bien que sur le contenu. Il y dit que, jusqu’ici, il n’y avait pas de manuels parce que les paysans étaient illettrés. Autrefois, le manque de connaissances était moins important, la demande n’étant pas si grande. « Mais maintenant, poursuit-il, il n’y a pas d’excédents. La demande est décuplée, et il est essentiel de produire davantage. Le rude travail et la ténacité ne suffisent plus. La vérité est que les paysans n’ont pas conscience de l’art réel de cultiver [sono jutsu kuwashikarazu]. Il en résulte de fréquentes disettes, qui ne sont dues ni à la pauvreté du sol ni au manque d’efforts. La connaissance et l’effort doivent aller de pair. Le Japon possède un sol de qualité et un climat favorables à l’agriculture. Un poète chinois louant le sabre japonais a dit un jour que nous étions bénis par une terre généreuse ; mais si nous ne faisons pas plein usage de ces dons de la nature, il n’y aura pas assez de nourriture, d’abris ni d’argent pour le peuple. Si nous en faisons plein usage, nous n’aurons pas à dépendre de pays étrangers. »
    L’ouvrage d’Antei connut un grand succès. Il n’y a pas moyen de mesurer son influence, mais elle était jugée considérable par ses contemporains, en particulier par Kaibara Ekken, homme sage qui écrivit un long appendice pour l’édition de 1697.
    A la fin du siècle, l’aspect des communautés rurales avait subi un grand changement. Non seulement la production alimentaire avait augmenté, mais de nouveaux produits étaient apparus. D’une agriculture de subsistance, on était passé à une agriculture commerciale dans l’ensemble du pays (et en particulier dans les provinces du Centre). La vente de laque, de papier, de tabac, de coton et de toute une diversité d’articles fabriqués dans les villages changeait le caractère de l’économie rurale sous bien des aspects et améliorait le sort de la population paysanne. On peut dire que, en 1700, les paysans étaient plus sûrs d’eux et moins résignés que par le passé. Ils n’étaient plus sous la coupe des guerriers. Le gouvernement était plus régulier et prévisible, et les villages plus riches. Le marché ouvert à leurs produits gagnait l’ensemble du pays, à partir du centre jusque dans les endroits les plus reculés, cependant que les voyages par terre et par mer devenaient plus faciles, et que les régions arriérées entraient dans l’économie nationale pour la vente et l’achat.
    Dans les pages précédentes, nous avons décrit la vie des paysans comme misérable et difficile, et il est vrai qu’ils étaient opprimés par la classe dirigeante parfois jusqu’à la cruauté. Mais il y a un autre aspect à ce tableau. Les gouvernants les plus sages étaient assez sensés pour comprendre que la dureté ne produit pas de bons résultats, et certains d’entre eux s’occupèrent de soulager la misère des villages ; en outre, les villageois eux-mêmes réussirent souvent à trouver des méthodes grâce auxquelles alléger leurs difficultés, et ils furent aidés en cela par l’incompétence, la paresse ou la malhonnêteté des fonctionnaires chargés de les inspecter.
    En théorie, les inspections se renouvelaient tous les dix ans, mais en pratique ce devoir était fréquemment négligé, et de nouvelles terres mises en culture échappaient sans peine à l’attention des fonctionnaires, surtout quand ceux-ci se laissaient acheter. De plus, les registres employés étaient rapidement dépassés. Ils ne tenaient pas compte de la production accrue résultant de l’amélioration des méthodes et des terres nouvellement défrichées. Selon les règlements gouvernementaux, le rendement devait être estimé chaque année pour les contributions, mais en fait l’impôt annuel était généralement fixé pour plusieurs années à l’avance, en sorte que, durant cette période, le paysan bénéficiait de toutes les augmentations qu’il pouvait obtenir dans le domaine de la production. Dans l’ensemble, l’impôt était ainsi bien inférieur aux 40% ou 50% officiels des récoltes, dont une bonne partie n’était pas imposée.
    On ne peut guère douter qu’un paysan et sa famille cultivant

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