Histoire du Japon
importants sont Koshitsû (1716) et Dokushi yoron, son chef-d’œuvre, base de ses cours à Ienobu en 1712.
Koshitsû (qui signifie « Étude des anciens écrits historiques > ») est une étude critique des premières sources documentaires, et notamment du Kojiki et du Nihortgi, du vine siècle. Dans sa préface, Hakuseki insiste sur les problèmes de langue et montre qu’il est conscient de l’importance de la paléographie pour l’interprétation des textes anciens. Son Koshitsû, qui se veut une révision soigneuse des traditions écrites de l’« Age des Dieux », est en fait plus précieux comme exposé de ses méthodes personnelles. De façon générale, il doit quelque chose à son précurseur, le moine lettré Jien (1155-1225), dont le Gukanshô dit assez l’importance qu’il attache au continuum historique ; mais la vision de la vie de Hakuseki est rationaliste plutôt que religieuse, comme il faut s’y attendre de la part d’un lettré confucianiste. Il ne fait aucun doute qu’il introduisit une nouvelle méthode historique.
D’un intérêt plus immédiat que le Hankampu et le Koshitsû, le Dokushi yoron (dont le titre peut être traduit par « Une explication de l’histoire ») est une étude de l’histoire du Japon du ix 258 siècle à la fin du xvie, où Hakuseki relate le cours des événements avant tout pour pouvoir donner son point de vue sur le mouvement de l’histoire. Il distingue des phases : neuf durant lesquelles le gouvernement impérial cède le pas à la classe guerrière, et cinq durant lesquelles la classe guerrière continue de s’élever jusqu’à atteindre, sous les Tokugawa, la suprématie qui est la sienne. Comme il faut s’y attendre, alors même qu’elle condamne les individus, l’interprétation de Hakuseki favorise les dirigeants de la société féodale. Il relate la perte progressive du pouvoir par le Trône à partir de l’époque des Fujiwara jusqu’à la montée des grands capitaines, sous-entendant que l’incompétence du gouvernement impérial rendait la chose inévitable. L’intérêt réside moins ici dans la justesse des opinions de Hakuseki – qui distribue les éloges et les blâmes de façon tranchée * – que dans son attitude à l’égard de l’étude historique. Il abandonne la convention annalistique des historiens chinois, car il voit l’histoire non pas comme une succession de situations différentes, mais comme un processus continu que des causes rationnelles peuvent clairement expliquer.
Il convient ici de dire quelques mots des relations de Hakuseki avec les autres historiens. Il n’était pas du genre aimable, et il montrait parfois des signes de jalousie. Ses relations avec Hayashi Nobuatsu étaient tendues, mais il n’en était pas moins redevable au travail de l’école officielle Hayashi, dont il ne se privait pas d’utiliser les résultats. A la fin de sa vie, il était en bons termes avec les historiens de Mito, et correspondait avec Asaka Tam-paku et Miyake Kanran (voir les articles de Miyazaki Michio dans Nihon rekishi, nos 148 et 158).
Les mérites de Hakuseki en tant qu’historien viennent évidemment de la curiosité intense que lui inspirait le passé, mais également de ses spéculations quant à l’avenir. De toutes les sources à sa disposition – et surtout des Hollandais de Deshima et d’un missionnaire sicilien nommé Sidotti, qui fut emprisonné pour être entré secrètement au Japon (1711) –, il apprit bien des choses quant à la géographie et à l’histoire des pays occidentaux et aux connaissances scientifiques qui étaient les leurs. Il était impressionné par leur savoir laïc, mais leurs croyances chrétiennes lui apparaissaient comme un ramassis de non-sens, et il les jugeait sans danger pour l’État. De ce fait, il était favorable à un certain adoucissement de la politique d’isolement, et on peut le considérer comme le premier représentant de la classe officielle à comprendre que le Japon devait entrer en relation avec le monde extérieur. Chez lui, la rigueur cédait le pas à la soif de connaissances.
CHAPITRE LIX
Genroku
A strictement parler, Genroku est le nom de la période allant de 1688 à 1704 ; mais on l’utilise communément pour désigner un mode de vie qui fleurit durant ces années, alors que la société citadine japonaise avait atteint un apogée de prospérité matérielle, et que les habitants jouissaient d’un épanouissement des arts.
Ainsi
Weitere Kostenlose Bücher