Histoire du Japon
et d’un compte rendu tout à fait erroné de la vie politique à Edo, dont elle imputait les difficultés aux erreurs commises par Yoshimune. On se souvient que Konœ avait eu des relations étroites avec Hakuseki lors d’un séjour qu’il avait effectué à Edo du temps où Ienobu était shôgun, et de ce fait il devait être enclin à prendre son parti. Mais son journal, se fondant sur les lettres de sa fille et autres rapports, montre que la cour était mal informée des problèmes de l’Est et du caractère du nouveau shôgun.
les problêmes financiers
Yoshimune ne tarda pas à se préoccuper des finances du bakufu. Elles n’avaient pas encore atteint le point où elles se trouveraient en 1721, mais elles battaient de l’aile, et il voyait la nécessité de faire des économies. Dans ce but, il projetait de supprimer un certain nombre de hatamoto. Avec le passage du temps et l’agrandissement des familles, ils étaient toujours plus nombreux, et il refusa de reconnaître l’héritage du rang, notamment dans les cas d’adoption. Des restrictions semblables furent appliquées dans la création de vassaux fudai, où, par exemple, il n’autoriserait les nouveaux venus à garder leur rang que l’espace d’une génération. Enfin, le nombre croissant des go-kenin demandait aussi à être réduit.
Dans tous ces cas de restriction, le motif n’était pas uniquement financier. Il était politique dans le sens où Yoshimune voulait le soutien d’un corps choisi de partisans ayant prouvé leur loyauté. Il avait emmené avec lui certains de ses fidèles partisans du Kii, mais il ne leur accorda aucun privilège. Contrairement à ses prédécesseurs, il n’avait pas de favoris à protéger. L’un de ses hommes les plus capables, qui avait pris et annoncé une décision sans informer le conseil du bakufu, fut sommé de comparaître devant ledit conseil pour s’excuser de son erreur. Yoshimune ne s’en mêla pas. Il fut bien accueilli par les officiers fudai qui avaient dû céder le pas devant les chambellans et autres favoris nommés par ses prédécesseurs, et il sut leur faire voir qu’il avait l’intention de gouverner directement. Il ne fit rien pour combler les vacances dans la liste des röjü, et pour les nominations à d’autres fonctions, il se chargea lui-même de l’examen des candidats. Il surprit ses fonctionnaires en encourageant les réclamations directes, et il fit installer des boîtes ( meyashibako ) pour recueillir celles-ci.
Par là comme par d’autres moyens, il renforça son autorité personnelle. Il entendait gouverner seul. Son interprétation de la situation politique le convainquait qu’elle s’était en grande partie détériorée du fait que l’ordre social s’effondrait, et que la classe des riches marchands et propriétaires prenait le pas sur celle des militaires. Par ailleurs, il se rendit rapidement compte qu’il fallait remettre de l’ordre dans les finances du bakufu. Son inclination personnelle jointe à la nécessité d’opérer des changements énergiques le décidèrent à en revenir aux premiers jours du règne de Ieyasu, ce qui fut partiellement mis en pratique. Ce retour à un système de gouvernement ayant fait ses preuves prit le nom de réforme de Kyöhö, Kyöhö étant le nom de la période en cours (1716-1736). Yoshimune n’appréciait pas les éléments confucianistes de la politique de ses prédécesseurs, et il souhaitait en revenir aux principes sur lesquels s’était fondé le bakufu Tokugawa. On dit souvent qu’il déclarait vouloir « en toutes choses obéir aux lois de Gongen Sama », mais aucun document ne confirme ces propos ni aucune autre déclaration politique. On se souviendra que « Gongen » ou Avatar, était le nom posthume de Ieyasu.
Sur le plan pratique, comme maints gouvernants orientaux avant lui, il décida que le niveau de vie général devait être abaissé, en conséquence de quoi il diminua ses propres dépenses ainsi que celles du bakufu.
En 1722, il convoqua les principaux représentants du bakufu et leur exposa le triste état des finances. Les mauvaises récoltes de 1720 et 1721 avaient entraîné une chute du revenu fiscal, et les réparations de la digue d’Oigawa avaient entraîné de grosses dépenses. Pour des raisons de ce genre, il avait fallu amener les go-kenin et les hatamoto à accepter une réduction de leurs pensions. Tous les fonctionnaires devaient désormais faire les plus grands efforts
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