Histoire du Japon
seuls être considérés comme nécessaires. Si l’on avait fait un effort plus grand, la valeur des exportations aurait certainement pu être augmentée, mais l’attitude du bakufu continuait d’être régie par un préjugé contre la liberté de commerce. Les règlements de 1715 n’étaient pas inspirés seulement par la volonté de faire des économies, mais aussi par les idées isolationnistes qui, traditionnelles en Chine, affectaient la pensée japonaise.
Ienobu adopta les recommandations de Hakuseki, qui ne fit aucun effort pour rétablir la balance du commerce en augmentant les exportations, car il croyait qu’un pays pouvait s’appauvrir en envoyant ses produits à l’étranger ; et quant à l’achat d’articles étrangers, il n’approuvait que celui des livres et des médicaments susmentionnés.
ARAI HAKUSEKI
Oritaku shiba no ki, l’autobiographie de Hakuseki, présente un intérêt particulier, non seulement en tant qu’elle relate les réalisations de l’auteur comme érudit, mais parce qu’elle illustre de façon très claire le code de conduite du meilleur type des samurai de l’époque. Au milieu du XVII* siècle, la vie citadine et le manque d’emplois idoines avaient entraîné une triste détérioration dans le comportement de bien des membres des rangs inférieurs de la classe militaire ; mais à la campagne, loin des influences de la ville, on cultivait encore des normes rigides. On trouve celles-ci illustrées dans les pages que Hakuseki consacre à la vie de ses parents et à ses premières expériences de jeune samurai.
Né en 1602, son père, qui passa sa jeunesse à vagabonder dans la société perturbée du Japon d’après-guerre, resta rônin jusqu’à trente ans, où il entra au service de Tsuchiya, daimyô de 21000 koku, dans la province de Kazusa. Sa bonne conduite et son courage lui ayant valu une promotion, il occupait dans la maison de Tsuchiya une position enviable. Concernant cette époque, Hakuseki raconte :
« La vie de Père suivait une routine stricte et ininterrompue. Il se levait à quatre heures du matin, prenait un bain froid et se coiffait. Lorsqu’il faisait très froid, Mère voulait qu’il prenne de l’eau chaude, mais il ne voulait pas donner cette peine aux domestiques. Quand il eut dépassé soixante-dix ans, du feu était maintenu dans le chauffe-pieds durant la nuit, et il prit alors par égard pour Mère l’habitude de se servir d’eau chaude, celle-ci pouvant alors se chauffer sans difficulté.
« Père et Mère étaient tous deux bouddhistes, et après leur bain, ils mettaient des vêtements spéciaux pour le culte. […] Lorsqu’ils s’éveillaient avant l’aube, ils s’asseyaient dans leur lit et attendaient silencieusement le lever du jour. »
Hakuseki narre l’histoire, racontée par son père, d’un sabre remarquable appelé Tranche-Plat :
« Katö, fils d’un important officier, âgé de seize ans, se querellait, d’une chambre située à l’étage au-dessus, avec un jeune samurai occupé à nettoyer du poisson dans la cour. J’avais une chambre au même étage, et quand je vis Katô descendre en courant, je pris mon sabre pour aller voir. Katô avait frappé le jeune homme, mais celui-ci n’était pas grièvement blessé et le menaçait avec son couteau à poisson. Je le tranchai donc de l’épaule en bas, mon sabre traversant son corps et coupant le plat. Lorsqu’il tomba, je dis à Katö : " Maintenant, achève-le " ; j’essuyai la lame de mon sabre, le remis dans son fourreau et rentrai. Ainsi, quand d’autres arrivèrent, ils appelèrent le sabre de Katô Tranche-Plat ! Mon sabre avait appartenu à un certain Goto, qui le tenait de son frère, qui, avec lui, avait coupé la tête d’un homme en deux. Il gardait le crâne comme souvenir. »
Hakuseki décrit son père avec des mots simples :
« Tel que je m’en souviens […] Père était petit, bien charpenté et puissamment bâti. Son visage ne trahissait aucune émotion. Il ne riait pas haut ni ne réprimandait d’une voix furieuse. Ses paroles étaient rares, et ses gestes pleins de dignité. Je ne l’ai jamais vu surpris ni manquant de maîtrise de soi. […] Lorsqu’il avait congé, il balayait sa chambre, accrochait un vieux tableau, arrangeait quelques fleurs, et passait la journée assis en silence, ou peignait, mais en noir et blanc, pas en couleur. […] A la maison, il ne portait que des habits soigneusement lavés, et
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