Histoire du Japon
fondements de la dynastie. Connues sous le nom de Go-Sankyô (les Trois Maisons nobles), elles devaient limiter l’influence des Go-Sanke, qui se montraient enclines à résister, sinon à s’opposer, au pouvoir du shôgun. Les terres dont elles furent dotées n’avaient pas la valeur de celles des Go-Sanke, mais du fait de leurs liens étroits avec la maison au pouvoir, c’est elles plutôt que les Go-Sanke qui devaient fournir un successeur lorsque le shôgun n’avait pas d’héritier direct. C’est ainsi que Ienari, le onzième shôgun, était membre de la maison de Tayasu.
Yoshimune se retira en 1745, après avoir rempli pendant trente ans les fonctions de shôgun. Il resta dans ses appartements du château d’Edo comme protecteur de son Iiis Ieshige jusqu’en 1751, où il mourut âge de soixante-huit ans.
A n’en pas douter, Yoshimune fut, après Ieyasu, le plus grand des shôgun Tokugawa. On l’a vu conservateur, voire réactionnaire, et il est vrai que son idéal était de restaurer la discipline des premières décennies du bakufu Tokugawa ; mais il résolut certaines difficultés de manière rationnelle et sans préjugés, hors de l’influence exercée par les conventions de la stricte féodalité. La façon dont il s’attaqua aux problèmes financiers était positive et sensée, et s’il ne parvint pas à les résoudre, ce fut à cause d’une faiblesse fondamentale de l’économie nationale. Il fut prompt à comprendre qu’il était important de cultiver de nouvelle terres et d’augmenter la production en général. Comme on l’a vu, il encouragea le savoir, et sut voir que certaines connaissances ne pouvaient être acquises que par le biais des peuples occidentaux. Il fit la première brèche dans la politique d’isolement.
On ne peut pas dire qu’il fut populaire, car ses réformes ne pouvaient que déplaire à une classe ou à une autre. On lui reprocha des malheurs dont étaient responsables des forces naturelles échappant au pouvoir d’un shôgun. Ses dernières années furent assombries par les difficultés économiques que l’on a évoquées, et lui qui avait été acclamé par le peuple lors de son accession devint le sujet de grossiers pamphlets.
RÉFORMES JURIDIQUES
Aucun code ne faisait autorité quand Yoshimune accéda au pouvoir, et les procès étaient jugés selon les précédents fournis par les décisions des commissaires municipaux ( machi-bugyo) d’Edo. En 1717, un fonctionnaire nommé Ooka Tadasuke recommanda toutefois de codifier la loi telle qu’on l’interprétait alors. Sous sa pression et grâce aux conseils d’éminents personnages comme Muro Kyùsô, Yoshimune accepta l’idée que les lois fussent écrites, et en 1720 il donna l’ordre de rédiger un code.
Le document qui en résulta fut achevé en 1742. On le connaît sous le nom de « Code des cent articles », ou O sadame gaki hyakka-jô. Il fut quelque peu modifié par Ienari, et devint alors le Code de Kansei. Les châtiments prévus étaient moins sévères que par le passé, et le recours à la torture était désormais limité. Il existe plusieurs versions de ce document, dont certaines sont apocryphes ; mais le meilleur texte se trouve dans le recueil intitulé Tokugawa kinrei-kô. La base du code était un document établi à l’époque de Ieyasu, qui, dans ses versions ultérieures, contenait des adjonctions ou amendement apportés par les deuxième et troisième shôgun. On peut le considérer comme une formulation des principes, sociaux et politiques, du gouvernement du shôgun plutôt que comme un code pénal.
CHAPITRE LXI
Le déclin du bakufu
SUCCESSEURS DE YOSHIMUNE
Yoshimune eut coup sur coup pour successeurs deux shôgun faibles et incompétents. Son fils Ieshige, neuvième shôgun, lui succéda en 1745, à l’âge de trente-cinq ans ; et son petit-fils et favori Ieharu, dixième shôgun, occupa ses fonctions de 1760, où mourut son père Ieshige, à 1786, où il mourut lui-même âgé de soixante ans.
Ieshige était un enfant maladif, dont la faiblesse, devenu adulte, lui valut le surnom de Shôben kubô, autrement dit « shôgun Pipi ». Des excès juvéniles avaient porté atteinte à sa santé. Il bégayait tellement qu’il était incompréhensible. Ses propos devaient être interprétés par son compagnon, un jeune samurai nommé Ooka Tadamitsu, qui avait grandi avec lui et dont les services indispensables furent récompensés par de fréquentes promotions
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