Histoire du Japon
jusqu’à ce que, après la mort de Yoshimune, en 1751, il devînt chambellan (soba-yônin ) avec une pension de 20000 koku. C’était un poste important, car du fait des handicaps de Ieshige le chambellan à son service exerçait un pouvoir politique étendu en tant que truchement et représentant.
Malgré ses défauts physiques, Ieshige n’était pas mentalement déficient, puisqu’il écrivit un essai sur le jeu d’échecs ; mais il était inapte à gouverner, car il était à la fois capricieux et débauché. Le conseil des Aînés (röjü) devait passer par Tadamitsu pour connaître ses désirs. Cette situation ambiguë n’empêchait toutefois pas les aînés d’exercer leurs fonctions. Après la retraite de Yoshimune (1745), les plus importants daimyô fudai (comme Hotta Masa-suke et Matsudaira Takemoto) gouvernèrent ostensiblement au nom du shôgun comme le voulait l’usage, bien qu’en fait, se servant habilement de son influence sur Ieshige, Tadamitsu parvînt à exercer l’autorité d’un dirigeant. Ainsi, l’inaptitude de Ieshige tendit à mettre le pouvoir entre les mains du premier chambellan, où il resta pendant de nombreuses années.
En 1760, Ieshige et son chambellan moururent tous les deux, et Ieharu, le fils de Ieshige, remplaça ce dernier, étant alors âgé de quarante ans.
Enfant, Ieharu était le favori de Yoshimune, et il serait devenu shôgun à la retraite de celui-ci sans la règle de succession de la famille Tokugawa, que Yoshimune préféra ne pas enfreindre. Physiquement, il était robuste, mais il manquait de force de caractère. Il était intelligent, mais si dissipé qu’il ne pouvait pas écouter ses conseillers plus de quelques instants. En outre, il était négligé de sa personne, paresseux et désordonné. Dans de pareilles circonstances, l’incompétence d’un dirigeant a des effets plus graves que des erreurs administratives occasionnelles. Elle permet l’ascension d’ambitieuxsans scrupules, qui dirigeront les affaires en fonction de leurs intérêts. Les gouvernements de Ieshige et de Ieharu illustrent amplement ce danger.
Comme on l’a vu, après la mort de Yoshimune, le pouvoir se trouva auxmains des chambellans, qui transmettaient les ordres au corps exécutif. Ces chambellans étaient Ooka Tadamitsu et un homme remarquable appelé à. j Tanuma Okitsugu. La charge de chambellan avait pris une nouvelle importance politique à l’époque de Tsunayoshi, où Yanagisawa avait une grande autorité ; et sous Ienobu et Ietsugu, des hommes comme Manabe avaient une influence marquée en tant que conseillers. L’autorité de Tadamitsu n’était donc pas exceptionnelle, et elle était même essentielle étant donné l’incapacité du shôgun ; il n’abusa d’ailleurs pas de son pouvoir, qu’il commença à exercer en tant que wakadoshiyori (aîné en second), fonction qu’il Ii conserva jusqu’à sa mort, en 1760.
Tanuma Okitsugu était d’origine semblable, mais beaucoup plus capable s et d’un esprit beaucoup plus fort. Du vivant de Tadamitsu, il joua un rôle secondaire, mais par la suite, il parvint à dominer la scène politique par saseule force de caractère et grâce à des méthodes extrêmement malhonnêtes, ou du moins peu conventionnelles. Son succès vaut qu’on s’arrête à sa ca rière, qui témoigne d’un déclin de l’intégrité de même que de la compétence du bakufu après la mort de Yoshimune.
GOUVERNEMENT DE TANUMA (1767-1786)
Le père de Tanuma Okitsugu était un fantassin ( ashigaru ) au service de la branche Kishû de la famille Tokugawa, qui, lorsque Yoshimune partit comme shôgun à Edo, fut versé dans la compagnie des hatamoto et promu àune charge modeste avec un salaire de 600 koku. Okitsugu suivit son père sur la route de la promotion. A seize ans, il commença par devenir page dans les appartements de Ieshige. Son père mourut l’année suivante, et il devint alors le chef de la famille Tanuma. En 1751, à la mort de Yoshimune, il s’éleva au rang de chambellan au service de Ieshige, alors shôgun – réussite remarquable pour un homme d’aussi humble origine. En 1760, il comptait parmi les favoris de Ieharu, le nouveau shôgun. Après quoi il fit de rapides progrès. Ses talents furent reconnus, et quelques années après sa nomination il obtint une pension de 10000 koku et le rang de daimyô. En 1767, il était devenu premier chambellan et reçut la seigneurie de Sagara, avec un château et un
Weitere Kostenlose Bücher