Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
Vom Netzwerk:
revenu de 20000 koku, bientôt porté à 50000.
    Mais il n’entendait pas s’arrêter là et convoitait les plus puissantes fonctions après celles de shôgun, soit celles de président du conseil des Aînés. Elles étaient occupées par un important parent des Tokugawa, Matsudaira  Takemoto, que son rang et son intégrité protégèrent quelque temps des rivaux ; mais en 1779, sa mort donna à Okitsugu l’occasion de prendre le pouvoir qui lui manquait encore.
    Dans l’ensemble, les röjü étaient incapables ou indésireux de s’opposer à Okitsugu, qui les dominait, et celui-ci ne tarda pas à remplacer Takemoto. Par la suite, il exerça pendant près d’une décennie une autorité sans limites. Ses appétits étaient insatiables. Durant son ascension, il avait étudié les faiblesses de ses supérieurs et de ses collègues, et appris à les manipuler, ce qui lui permit de satisfaire sa soif de puissance et de biens matériels. Il épousa une femme apparentée à une maîtresse de Ieharu, et, grâce à elle, réussit à jouer de son influence sur les dames de la cour. Il savait que, dans la coulisse, elles étaient à même de façonner la politique dans la mesure où celle-ci se décidait dans les appartements du shôgun. Il eut soin de se lier avec certaines d’entre elles, dont il devint parfois l’intime. Il réussit même à prendre pour maîtresse une amie de la favorite de Ieharu, et, par son entremise, il acheta la plupart des dames d’honneur et des concubines de moindre qualité.
    En ce qui concerne les rapports entre Tanuma et Ieharu, un passage fort intéressant du journal d’un noble (Shimmei-In den go jikki) laisse entendre que Ieharu n’était pas absolument dupe de Tanuma, et que ce dernier avait pour son jugement un certain respect. Mais le but de Tanuma n’était pas d’exercer sur lui une influence directe. Il avait appris à connaître la puissance de l’argent, et ce qu’il voulait, c’était obtenir cette puissance pour lui-même en accumulant des richesses, qui provenaient en partie de pots-de-vin, mais surtout d’investissements dans des entreprises lucratives. Il ne cherchait pas à cacher qu’il approuvait la corruption. Son attitude à ce sujet était d’ailleurs loin d’être exceptionnelle dans les sphères officielles d’avant son temps, et il ne différait de la plupart de ses prédécesseurs que par l’ampleur de ses exactions et la franchise avec laquelle il s’adonnait à la malversation. On lui prête ces propos : « L’or et l’argent sont des trésors plus précieux que la vie. Un homme dont le désir de servir est si fort qu’il offre des pots-de-vin pour une nomination prouve par là que ses intentions sont loyales. […] Je me rends moi-même tous les jours au palais, où je travaille péniblement pour le pays, l’esprit jamais en repos. Ce n’est que quand je rentre chez moi et que je trouve les présents de nombreuses familles empilés dans la longue galerie de ma maison que je me sens à l’aise. » Ses clients se bousculaient à sa porte et rampaient devant lui pour qu’il acceptât leurs cadeaux. Mais dans sa maison, quelque chose d’important manquait. En réponse à un visiteur disant que Tanuma devait posséder toute espèce de trésors, un spectateur remarqua que ce qui, à coup sûr, lui manquait, c’était une arme ou une armure tachées de sang sur le champ de bataille.
    Parmi les clients qui achetaient Tanuma se trouvaient des gens importants comme Ii, seigneur de Hikone, qui voulait être nommé tairô (ce qu’il obtint), et Date, seigneur de Sendai, qui souhaitait un titre de cour. Même le sévère Matsudaira Sadanobu ambitionnait le quatrième rang de cour et fit pour l’obtenir les présents nécessaires à Tanuma. Des postes moins importants pouvaient s’acquérir à prix fixes, comme celui de bugyô de Nagasaki, pour 2000 ryô, ou celui de censeur ( metsuke ), pour 1000 ryô. Parmi les cadeaux faits à Tanuma afin d’obtenir ses bonnes grâces, il y eut, dit-on, un coffre contenant une poupée qui se révéla être une belle jeune fille richement parée.
    Tanuma n’était pas seul à se laisser acheter, des fonctionnaires aussi importants que les commissaires des finances étant, eux aussi, ouverts à la corruption. Au vu de ces pratiques, on se demande ce que pouvait être le gouvernement dont Tanuma était Premier ministre. L’histoire et la tradition ont tendance à insister sur sa mauvaise conduite et à lui

Weitere Kostenlose Bücher