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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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imputer les fautes du bakufu de son vivant. Mais c’était un symptôme plutôt qu’une cause de ses erreurs, car la corruption était déjà à l’œuvre du temps de Yoshimune malgré ses efforts pour la supprimer ; et en fait Tanuma ne vola pas l’État, mais prit au contraire des mesures pour protéger les fonds et réduire les dépenses du gouvernement en augmentant son revenu grâce à des méthodes constructives. Alors qu’il était en fonction, il encouragea d’importants travaux d’irrigation, et, en 1785, il envoya un groupe de fonctionnaires étudier la situation d’Ezo (Hokkaidö) et de Karafuto (Sakhaline) dans l’intention d’en assurer le développement. Il travailla aussi à développer le commerce de Nagasaki, qui avait été réduit sur le conseil d’Arai Hakuseki, et il stimula à cette fin la production de cuivre pour l’exportation.
    Dans ce sens et dans d’autres, Tanuma et les siens furent extrêmement actifs, et les historiens japonais modernes ont renoncé à le considérer comme un simple coquin. Il ne resta pas longtemps en fonction, car il devint soba-yônin en 1767, rôjû en 1772, et perdit son titre et sa charge en 1786, après la mort de Ieharu. Du reste, sa chute fut aussi soudaine que son ascension. En 1784, le meurtre de son fils Okitomo par un certain Sano Zenzae-mon vint signaler l’hostilité croissante dont il faisait l’objet. Deux ans plus tard, le mois même où sa charge lui fut retirée, des octrois de terre d’une valeur de 20000 koku furent annulés, et il reçut l’ordre d’abandonner dans les trois jours sa résidence et ses entrepôts d’ösaka. Il vécut alors retiré, et laissa à son petit-fils les biens qui lui restaient.
    Ayant vu ce qu’était le climat politique à l’époque de Ieshige et de Ieharu – c’est-à-dire entre 1745 et 1786 –, nous pouvons maintenant étudier l’attitude du pays envers le bakufu comme preuve de son déclin dans l’estime publique. Dans ce but, il convient de passer en revue les principaux événements, à la fois politiques et sociaux, de la période en cause.

Sentiment antibakufu
    Il ne fait aucun doute que, à l’époque de Tanuma, le bakufu comme organe administratif avait atteint un dangereux état d’inefficacité et de confusion. Beaucoup déploraient sa faiblesse et doutaient de sa stabilité. Sans aller jusqu’à préparer son renversement, certains pensaient d’ailleurs que le moment était venu de restaurer le gouvernement impérial, et d’aucuns travaillaient à cette fin. Manifestement, l’esprit guerrier et l’éthique guerrière tels que les représentait le bakufu étaient sur leur déclin.
    Il faut toutefois reconnaître que l’autorité de la maison des Tokugawa en tant que gouvernement central, son pouvoir de contraindre même les daimyô les plus indépendants et les plus rebelles, ne souffrait pas de son incompétence administrative. Malgré sa faiblesse dans des domaines d’importance secondaire, c’était un puissant organe d’envergure nationale. Le système d’équilibre tel que l’avaient voulu les trois premiers shôgun Tokugawa en déterminant la place des vassaux, était une source de stabilité, donc de force. Aucun feudataire n’osait désobéir à un ordre d’Edo sans risquer de perdre son fief ou même sa liberté. En fait, il était plus facile au bakufu de ramener à l’ordre un baron turbulent que de réprimer un soulèvement paysan. Malgré ses défauts, le bakufu était un géant. En outre, il faut se souvenir que, sans se soucier des instructions du bakufu, maints grands fiefs étaient extrêmement bien gouvernés, et contribuaient ainsi, même sans le vouloir, à la stabilité générale du régime Tokugawa.
    Suite à ces considérations, il vaut la peine d’étudier certaines formes d’expression active du sentiment d’hostilité inspiré par le bakufu au XVIII e siècle.
    Apparemment en réaction contre son gouvernement autoritaire, plusieurs mouvements hostiles au bakufu se développèrent après la mort de Yoshimune. Le plus remarquable d’entre eux était une école de pensée encouragée par un certain Takenouchi Shikibu, fils d’un médecin de campagne et, de ce fait, n’ayant pas à strictement parler le rang de samurai. Quittant son Echigo natal, il prit du service à Kyoto dans la maison d’un important noble de cour, Tokudaiji Kinshirô. Il y étudia l’enseignement de la secte shintoïste de Suika, et assista parallèlement à des

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