Histoire du Japon
célébrée dans une œuvre de fiction populaire, les Jugements d’Ooka (Ooka seidan), qui raconte la brillante enquête menée par le premier magistrat de la ville à propos d’un crime.
INTÉRÊTS SCIENTIFIQUES DE YOSHIMUNE
Nous pouvons maintenant laisser les questions économiques et la façon dont Yoshimune s’efforça de les résoudre, et revenir en arrière dans le temps pour étudier d’autres aspects de son gouvernement. Sans être un érudit lui-même, il avait de nombreux intérêts. Il aimait les sports de plein air, et il emmenait ses sujets militaires faire d’épuisantes manœuvres ou de vastes battues dans les plaines du Kantô ou sur les pentes du mont Fuji ; mais il réfléchissait aussi beaucoup au monde extérieur au Japon, et dès 1720 il assouplit l’interdiction qui frappait certains livres venant de Chine et qu’avaient imposée ses prédécesseurs près d’un siècle plus tôt par peur du christianisme. La censure sur les livres importés avait été si sévère que, en 1695, les fonctionnaires de Nagasaki avaient reçu d’Edo l’ordre de détruire un livre chinois – un guide de Pékin en plusieurs volumes – parce qu’il mentionnait la tombe d’un missionnaire célèbre, le père Ricci, qui avait été au service de la cour de Chine comme conseiller en astronomie jusqu’à sa mort, en 1610. Cette interdiction ne concernait pas les livres écrits en langues européennes, car seuls pouvaient les lire une poignée de spécialistes bien connus des autorités ; mais les ouvrages chinois semblaient dangereux parce qu’ils pouvaient contenir de la propagande chrétienne. Dans ses déclarations de 1720, Yoshimune, qui s’intéressait aux idées scientifiques, décréta que les livres qui ne renfermaient pas d’enseignement chrétien pouvaient être importés et diffusés.
Il tenait notamment à doter le Japon d’un calendrier sûr, car les Chinois considéraient qu’il était du devoir d’un dirigeant que ses fonctions et celles de ses officiers soient remplies aux moments opportuns. Comme les Romains, les Chinois croyaient à l’influence des corps célestes, et l’astrologie jouait un rôle important dans la détermination de la conduite du souverain et de ses sujets. Yoshimune se mit en quête d’un assistant pour l’astrologie officielle, et on lui parla d’un certain Nakane Jôuemon Genkei, orfèvre de Kyoto, dont on lui dit qu’il pouvait donner de bons conseils dans l’établissement d’un calendrier. Il le fit venir à Edo, et fut ravi par ses discours et son comportement. Genkei reçut l’ordre de lire un ouvrage chinois récent, mais il se rendit compte alors qu’il ne s’agissait que d’un extrait de la version chinoise d’une œuvre occidentale. Il dit à Yoshimune qu’il ne pourrait pas faire de progrès aussi longtemps que les traductions chinoises de livres occidentaux étaient interdites au Japon pour des raisons aussi absurdes que le fait qu’elles pussent contenir des allusions aux chrétiens et au christianisme.
Ce fut la principale raison qui décida Yoshimune à annuler l’interdiction sur les livres importés. Son intérêt pour la science était exceptionnel pour son époque, et il le porta à s’intéresser aux pays étrangers, en sorte qu’il suivit Arai Hakuseki en sentant que le Japon devait entrer en contact avec l’extérieur. Des écrits de l’époque, il ressort clairement que, au début du XVIII e siècle, bien des érudits japonais brûlaient déjà d’en apprendre davantage sur les arts et les sciences dans les pays européens, qu’ils ne pouvaient le faire à travers des contacts occasionnels avec des étrangers comme les marchands hollandais de Deshima ou les lettrés qui, parfois, accompagnaient une mission hollandaise à Edo.
En 1719, Yoshimune lui-même avait invité à Edo un interprète de Nagasaki nommé Nishikawa Jôken, connu pour étudier l’astrologie. Il avait fabriqué un globe terrestre avec l’aide d’un mécanicien du Kii, et il s’était personnellement servi d’un télescope importé de Hollande pour observer le ciel. Sur ses ordres, des fonctionnaires furent envoyés poser aux résidents hollandais de Nagasaki des questions à propos des éclipses, des marées, des mouvements des corps célestes, etc., mais les Hollandais furent incapables de lui fournir des réponses satisfaisantes. Ce n’est que plus de vingt ans plus tard (1744) que Yoshimune fit construire un observatoire à Edo.
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