Histoire du Japon
fils de personnages du cinquième rang et au-dessus, avec des exceptions particulières, notamment au profit des fils de lettrés professionnels.
La principale fonction du Daigaku était de préparer les jeunes aux carrières officielles. La discipline était sévère, et les étudiants subissaient de fréquents examens avec, en cas d’échec, le risque d’être exclus. Ceux qui réussissaient à l’examen final pouvaient se présenter au concours de l’administration, où, selon leurs capacités, ils obtenaient les grades suivants :
Premier : shüsai, pour « talent exceptionnel », combinant les connaissances avec la faculté de raisonner, de comprendre la nature des choses.
Deuxième : myôkyô, pour « savoir classique », soit une bonne connaissance de deux œuvres classiques, la faculté de les lire et de les exposer, et la connaissance de leurs principaux commentaires.
Troisième : shinshi (ch. jinshi), pour bonne connaissance des principes de gouvernement (administration) et faculté de réciter des passages des grandes anthologies de littérature chinoise, comme le Monzen (Wenxnan) et le Jiga (Er’ya).
Quatrième : myôbô, « érudit en droit », pour une bonne connaissance des codes administratifs et pénaux et de leurs commentaires.
Cinquième : san, pour la faculté de calculer.
La plupart des étudiants essayaient la première classe, mais ils réussissaient rarement. Les registres montrent que soixante-cinq candidats seulement obtinrent ce grade entre 704 et 937, où le Daigaku était entré dans son déclin.
Au début, l’instruction donnée au Daigaku était centrée sur les classiques confucéens plus que sur le droit et la littérature. Dans la première moitié du vine siècle, il n’y avait pas grand-chose qui encourageât les jeunes Japonais à entrer à l’université, car pour les postes importants la préférence était donnée aux fils des grands nobles et non aux étudiants les plus brillants. Des restrictions furent supprimées en 739 pour remédier à cet état de choses, et, quoique certains historiens le contestent, on dit qu’en 750 il y avait plus d’étudiants inscrits que l’université n’en pouvait accueillir.
Par la suite (toujours au vine siècle), il se produisit un changement. L’enthousiasme pour les classiques confucéens se dissipa, et l’intérêt se déplaça vers la littérature chinoise, ancienne et moderne, et notamment la poésie, au point que fut créée une section spéciale de lettres et que le professeur de littérature devint le maître le plus important, avec le rang le plus élevé. Les études de droit attirèrent également plus d’élèves que par le passé, du fait surtout que le droit et la littérature débouchaient désormais sur des perspectives plus intéressantes. A la même époque, on prit en outre certaines dispositions pour que puissent étudier quelques élèves issus de familles modestes. Mais leurs parents étant pour la plupart de pauvres gens, la question de leur entretien se posa. On décida alors d’utiliser le revenu de certaines terres à créer des bourses, mais au ixe siècle, tandis que l’université perdait de son influence, on ne trouva plus les fonds nécessaires à ces bourses. Le xe siècle vit une diminution de la taille et de l’importance du Daigaku qu’on a du mal à expliquer. On ne peut pas dire qu’elle fut motivée par une perte de respect à l’égard du savoir. On peut en revanche y voir une raison dans la préférence systématiquement accordée aux membres des grandes familles, en particulier les Fujiwara, dans l’attribution des postes officiels. Par ailleurs, les écoles privées fondées par les grandes familles, les « shikagu », faisaient désormais concurrence au Daigaku.
D’aucuns prétendent que ces écoles privées n’étaient pas des établissements destinés à l’enseignement, mais servaient uniquement de logement aux étudiants. Mais la concurrence que, d’une façon ou d’une autre, ils firent à l’université paraît indiscutable. Après le xe siècle, les écoles de familles (comme le Kangaku-in des Fujiwara, le Shôgaku-in des Ariwara et le Gakkan-in des Tachibana) perdirent aussi de l’importance tandis que leurs revenus s’évaporaient, probablement parce que des magnats locaux prirent les domaines dont ils provenaient.
Mais peut-être le trait le plus intéressant du système d’examens est-il l’importance attachée au style littéraire.
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